
Trailer : https://www.youtube.com/watch?v=hru2ojH_j3Q
Histoire du film
L’idée originale de produire une comédie romantique basée sur l’anxiété sociale, nous vient de l’histoire personnelle du réalisateur, Jean-Pierre Améris. En effet, il a assisté à des réunions réelles des Émotifs Anonymes. Ce groupe, inspiré par les Alcooliques Anonymes, réunit des personnes souffrant d’anxiété sociale, d’angoisse, de déprime, de manque de confiance en soi, et de manière plus large d’hypersensibilité émotionnelle.
L’un des autres facteurs à l’élaboration de ce projet est sa rencontre avec Isabelle Carré, qui elle aussi à une certaine timidité. Pour préparer le film, elle a d’ailleurs assisté à des réunions des émotifs anonymes. La douceur candide et la sensibilité qui émane d’elle se marie parfaitement avec la fragilité et la complexité de Poelvoorde. J’ai la sensation que l’alchimie opère parce que le trio a su mettre une grande part d’eux-même dans ce film, et le spectateur que je suis le ressent.
Entre humour tendre et univers poétique : une ressemblance avec Amélie Poulain
Le film débute sur un ton à la fois comique, touchant et candide lors d’une réunion d’émotifs anonymes où Angélique, l’héroïne, s’évanouit rien qu’à l’idée de parler en public. Ce qui m’a immédiatement sauté aux yeux c’est la ressemblance évidente avec Amélie Poulain. même humour tendre, univers poétique et décalé, mise en scène stylisée et personnages anachroniques et attachants. Tout nous rappelle l’œuvre de Jean-Pierre Jeunet.
Hypersensible et en proie à un profond manque de confiance en elle, Angélique récite des affirmations positives et répète ses textes pour un entretien d’embauche. Le patron de cette petite chocolaterie s’appelle Jean-René. Lui aussi est profondément émotif, mais il dissimule ses fragilités sous une façade rigide et distante. Un coup de téléphone retentit lors de l’entretien, et un malaise s’installe il n’ose pas décrocher. L’entretien est court est lunaire, mais il l’a recrute sans même voir les autres candidats. Seulement, elle qui postulait comme chocolatière se retrouve engagée comme représentante commerciale, un poste à contre-emploi qui ravive ses peurs.
Tous deux sont enfermés dans leurs rituels anxieux. Relaxation, rechanges en cas de transpiration excessive, fiches de conversation préparées à l’avance. Si ces détails sont volontairement accentués pour servir la comédie, ils n’en restent pas moins ancrés dans une forme de vérité. On le voit notamment lorsque Angélique, désemparée face au silence, sort ses questions toutes prête, comme « Que pensez-vous du conflit au Moyen-Orient ? » ou « Vous intéressez-vous à la Ligue des Champions ?« , simplement parce qu’elle ne sait pas quoi dire.
Jean-René suit une thérapie, où son psy lui donne des défis progressifs. Inviter une femme à dîner, toucher quelqu’un, offrir un cadeau. Lui aussi est prisonnier de ses schémas mentaux, hérités de son père, dont la phrase fétiche était : « pourvu qu’il ne nous arrive rien« . Angélique, de son côté, a travaillé anonymement comme chocolatière durant sept ans pour une maison réputée. Elle cache cette vérité à Jean-René, jusqu’à ce qu’ils se rapprochent autour d’un projet pour relancer la chocolaterie en faillite.

Pourquoi il faut regarder ce film ?
Même si les chiffres varient d’une étude à l’autre, l’anxiété sociale touche une large partie de la population mondiale. Sans doute aux alentours des 7%, ce qui est conséquent. Pourtant, les films Français évoquant ce trouble anxieux sont rarissimes. Et c’est bien dommage. Il est souvent réduit à de la timidité, tourné en dérision ou exclu du cœur du récit. Il est rarement traité comme un enjeu central ou dramatique à part entière. Les émotifs anonymes est probablement le seul long-métrage qui évoque cette thématique de manière aussi frontale. Ce qui en fait, presque malgré lui, une œuvre de référence sur l’anxiété sociale dans notre cinéma
Un autre aspect qui m’a marqué et qui est rare au cinéma : le film ne se conforme pas au schéma narratif que l’on a vu et revu des milliers de fois. Romance qui s’épanouit, connaît une rupture dramatique avant de se refermer sur un happy end convenu. Ici, que nenni, puisqu’on se retrouve face à une romance douce et subtile, et qui le reste jusqu’au bout.
Enfin, comme je l’ai mentionné au début de l’article, le duo Carré/Poelvoorde fait des merveilles. Ils sont parfaitement habités par leurs personnages. C’est cette immersion qui donne au film toute sa singularité et son charme. Le casting secondaire est tout aussi soigné, avec des acteurs triés sur le volets. Pierre Niney, Alice Pol, Swann Arlaud et Grégoire Ludig. Bien que le duo principal occupe la majeure partie de l’écran, chaque acteur apporte sa petite touche personnelle qui enrichit l’univers du film.
Ma note : 7/10
Voir l’article précédent : (8 types de Yoga et leurs bienfaits)