
Pourquoi ce livre ? comment s’en servir ?
Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) touche environ 2% des adultes et de nombreux enfants et adolescents. Ce livre sert de guide pratique pour gérer soi-même son trouble, tout en offrant des conseils pour soutenir la famille et l’entourage des personnes souffrant de TOC.
Un guide pour aider tous ceux qui souffrent de TOC et leur famille
Bien compendre sa maladie
Bien comprendre sa maladie, c’est la première règle pour la combattre.
Prendre en charge sa maladie sans « tout » attendre du médecin
Ce livre aide à s’orienter et à se repérer dans les prises en charge qui sont offertes à ceux qui souffrent d’obsessions-compulsions.
Avoir des réponses rapides à des problèmes urgents
Consulter un livre peut parfois être plus simple et rapide que d’attendre un rendez-vous médical. Là où les paroles d’un professionnel s’oublient, un bon ouvrage sur le trouble obsessionnel-compulsif reste accessible à tout moment. Il permet de mieux comprendre son trouble, de préparer ses consultations et d’en tirer plus de bénéfices, pour progresser plus efficacement vers la guérison.
Finalement ce manuel veut faciliter les relations entre :
– L’individu et sa maladie – c’est là son but essentiel
– L’individu et ses interlocuteurs principaux (famille, entourage, médecins).
Les six itinéraires possibles
- 1-) La lecture complète : si vous avez le temps c’est ce qu’il y a de mieux
- 2-) La table des matières : très détaillée. Elle indique les grands axes du livre
- 3-) Les tableaux : la plupart des chapitres contiennent des tableaux résumant les principales infos
- 4-) Les questions-réponses : ce sont les questions les plus posées par les gens ayant des TOC
- 5-) L’index : il contient les principaux mots-clés du trouble et conduit à la page concernée
- 6-) Les histoires : ce sont les différentes histoires d’hommes et de femmes atteints de TOC
Première partie : Le trouble-obsessionnel compulsif – comprendre pour mieux agir
Chapitre 1 : Vous voulez mieux comprendre les obsessions-compulsions
Les symptômes du trouble obsessionnel-compulsif
Les médecins l’appellent aussi :
– la névrose obsessionnelle : le terme le plus ancien
– le trouble-obsessionnel compulsif. C’est l’appellation retenue actuellement par les classifications internationales des maladies mentales.
– les obsessions-compulsions
Les obsessions
Comment se définissent les obsessions ?
L’obsession est une pensée intrusive et répétitive qui évoque un danger potentiel. C’est une inquiétude intense liée à un événement perçu comme menaçant, qu’on craint de provoquer par négligence. L’obsession porte sur un risque qu’on croit pouvoir éviter uniquement en restant constamment vigilant. Elle s’impose contre la volonté.
Une obsession typique de saleté
Elizabeth se lave les mains plus de vingt fois par jour, par peur de la saleté. Elle évite de serrer la main de certains collègues et se change dès qu’elle rentre chez elle. Elle a même aménagé un endroit réservé à ses « affaires sales », qui prend de plus en plus de place. Bien qu’elle soit consciente de l’excès de son comportement, elle ne peut contrôler sa crainte obsessionnelle de l’hygiène.
Une obsession d’erreur typique
Jean-Paul est promu chef de bureau dans un service de saisie automatique de la mairie, grâce à son travail sérieux. Mais rapidement, il doute de la qualité du travail de ses collaborateurs et commence à vérifier leurs tâches. Craignant de commettre des erreurs lui-même, il prolonge ses journées jusqu’à 20h30 pour tout contrôler. Il arrive de plus en plus tôt et, une fois chez lui, il note sur un papier ce qu’il lui faut vérifier le lendemain matin. Cela l’amène à être complètement débordé, incapable de déléguer, et pris dans un cercle vicieux de surmenage.
Il existe deux autres thèmes fréquents d’obsessions : les obsessions de malheur et les obsessions d’agressivité.
Comment se caractérisent les obsessions ?
L’obsession est une pensée consciente qui s’impose à l’esprit
L’obsession n’est pas une pensée volontaire. C’est une pensée qui s’impose à la conscience. En ce sens, c’est une pensée qui vient automatiquement à l’esprit. Toutes les pensées automatiques ne sont pas des obsessions, mais toutes les obsessions sont des pensées automatiques.
L’obsession a un thème qui lui donne un sens
La pensée obsédante a un sens particulier qui n’est jamais complétement faux. Par exemple, il est assez banal d’avoir peur de se salir en manipulant une poubelle, ou peur de commettre une erreur en faisant son travail. On appelle ce sens particulier le thème de l’obsession. L’homme ou la femme atteint(e) de TOC souffre en général de plusieurs thèmes d’obsessions. La pensée obsédante est une pensée constante. Les thèmes, une fois fixés par la maladie, restent les mêmes pendant des mois ou des années. Ce n’est pas une pensée liée à un événement particulier de la vie. C’est une pensée qui « flotte » sans disparaître.
L’obsession n’est pas une idée fixe
Contrairement à une idée fixe qui a une fin (exemple : avoir peur de rater un examen, mais une fois terminé on n’y pense plus), l’obsession demeure. Elle concerne uniquement les dangers que l’on peut susciter soi-même.
Toute pensée de danger n’est pas une obsession
Si vous avez peur de mourir d’un infarctus et que vous y pensez toute la journée, ce n’est pas pour autant une obsession au sens du TOC. Pour une raison simple : il ne s’agit pas d’un danger que l’on pourrait soi-même provoquer ou dont on peut se protéger par un acte simple.
Les principaux thèmes des obsessions
On peut les regrouper en quatre grandes catégories
- 1-) Les obsessions de saleté
- 2-) Les obsessions d’erreur
- 3-) Les obsessions de malheur
- 4-) Les obsessions d’agressivité
- 5-) La dernière étant à part : les autres obsessions
L’anxiété
C’est une anxiété de fond = lancinante, pénible, mais rarement paralysante.
C’est une anxiété qui retentit sur l’humeur = elle provoque une baisse de moral, du désespoir
Cette anxiété est le plus souvent calmée par le rituel = si le sujet est empêché de ritualiser ou est incapable d’éviter, alors l’anxiété apparaît, immense, paralysante, insupportable. Mais le rituel n’est qu’un moyen médiocre de faire baisser l’anxiété, car ce n’est que transitoire. De plus, les rituels ont tendance à s’étendre à des activités de la vie quotidienne de plus en plus nombreuses.
Les rituels et les compulsions
Comment se définissent les compulsions
C’est l’autre principal aspect de la maladie. Cela vient du mot latin compulsare qui veut dire « contraindre ». On parle également de rituel. La compulsion souligne que le sujet se sent « forcé », tandis que le rituel souligne que l’acte accompli se présente toujours sous la même forme. Mais « rituel » ou « compulsion » décrivent le même phénomène. La compulsion (ou le rituel) est un acte qui est destiné à chasser l’obsession et à apaiser l’anxiété qu’elle provoque.
C’est un acte que l’on est obligé d’accomplir
Le sujet se sent « obligé » d’accomplir une action précise. C’est une véritable pulsion qui devient peu à peu un acte pratiquement automatique. S’il ne ritualise pas alors un malaise anxieux intense l’envahit, et cette sensation ne s’apaisera pas tant qu’elle n’aura pas accompli le rituel. Il existe une force intérieure qui le pousse à accomplir cette compulsion. Intérieurement, elle se dit en même temps : « c’est absurde » et « fais-le ». Ceux qui souffrent de TOC vivent avec honte et culpabilité l’absurdité de leur « gestes », et se reprochent cette « faiblesse ». Du coup, ils dissimulent au maximum leurs rituels.
C’est un acte qui apaise momentanément
Il existe aussi un lien entre l’obsession et le rituel : l’obsession précède le rituel, et le rituel apaise l’obsession. On dit parfois que le rituel « chasse » l’obsession. Même si le sujet admet qu’ils sont absurdes, il se sent obligé de faire ces rituels pour calmer l’obsession. La compulsion entraîne un fréquent sentiment de culpabilité.
C’est un acte stéréotypé
Le rituel sera toujours le même, c’est le sens du mot « stéréotypé »
Exemple : Avant d’aller au travail, Lion vérifie systématiquement si la cafetière est bien éteinte, puis touche la prise. Vient le tour du fer à repasse, en touchant la prise du fer, puis il fait le tour de salle et de la salle de bain. Tours les jours, de la même façon et dans ce même ordre.
C’est un acte répétitif
Le plus souvent le rituel n’est pas seulement stéréotypé, il est répété. Le sujet atteint de TOC répète plusieurs fois le même geste. Ainsi, il peut être conduit à se laver six ou sept fois les mains, voire bien plus. Il s’agit d’un nombre choisi sans logique. La seule logique, c’est que le sujet se sent légèrement apaisé au bout de cette répétition.
Ce n’est pas un trait de la personnalité
S’il s’agit d’un trait de la personnalité, l’individu concerné répondra « Oui c’est vrai, je suis un peu maniaque ». Tandis qu’un individu souffrant de TOC répondra « Je sais que mon rituel es absurde, je sais qu’il en appellera un autre, et que c’est sans fin ».
les différents types de rituels
On en distingue trois principaux :
Les rituels de lavage
Globalement ces rituels de propreté vont créer des « degrés de propreté » différents selon les lieux. En général, plus il s’agira de lieux intimes, plus il faudra que ce soit propre. Plus les lieux seront anonymes (la rue, la gare), plus ils seront considérés comme sales. Du coup, ces lieux seront souvent évités
Les rituels de vérification et de perfection
Ils s’observent le plus souvent dans les obsessions d’erreur
Les rituels mentaux
Ce sont des phrases ou des chiffres « magiques ». Je mets mon doigt sur l’interrupteur, je compte jusqu’à trois et après, j’appuie sur l’interrupteur pour l’allumer ou l’éteindre. Cela m’apaise. Si je ne le fais pas, j’ai l’impression d’avoir « mal » éteint ou allumé la lumière et que cela va porter malheur. Les rituels mentaux concernent surtout les obsessions de malheur, qu’elles soient de simples superstitions, des croyances religieuses ou des obsessions d’agressivité.
Les évitements
Dans certaines situations, la souffrance est parfois telle que le sujet atteint de TOC préfère « éviter » la situation qui déclenche les obsessions. Les évitements sont assez efficaces, mais perturbent considérablement la vie. Ils sont très importants dans les obsessions de saleté, d’agressivité ou de malheur. Ils sont plus rares dans les obsessions d’erreur.
Il y a les évitements massifs, les évitements subtils et discrets et les évitements inconscients.
Le TOC chez les enfants
Le trouble prend la même forme chez l’enfant que chez l’adulte
Les obsessions les plus fréquentes par ordre décroissant
– Les germes et la contamination
– Le fait de provoquer des catastrophes ou de faire du mal aux autres
– Des préoccupations sur ce qui est juste et faux
– Le fait d’avoir une « petite musique » dans la tête
Les principales compulsions par ordre décroissant
– Les rituels de lavage
– Les rituels de répétition (entrer et sortir, s’asseoir et se lever, les répétitions de phrase, etc.)
– Les vérifications
– Compter, ranger, toucher et accumuler
Les signes qui alertent
Les symptômes de l’enfant sont très proches de ceux de l’adulte. Les thèmes d’obsessions vont également changer au cours des années comme chez l’adulte. Par exemple, des rituels de lavage vont laisser la place au cours de plusieurs années d’évolution, à des rituels de vérification. Comme les adultes, la majorité des enfants ont des rituels mixtes.
Les répercussions du TOC
Il faut au moins une heure par jour d’obsessions ou de rituels pour dire que quelqu’un souffre de TOC.
A qui parler de ce trouble ?
– D’abord à votre médecin traitant. Il vous soignera lui-même ou vous enverra voir un spécialiste.
– A un spécialiste. La plupart des psychiatres soignent ce trouble par des médicaments. D’autres par les TCC. On peut aussi faire appel à un psychologue
– A l’AFTOC : l’association Française des personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs
Au fil du temps : les fluctuations du TOC
Selon les heures et les jours
La maladie fluctue naturellement au fil du temps avec des périodes d’aggravation et d’amélioration
Les pics d’anxiété
Comme dans toute maladies anxieuses, le TOC peut entraîner des crises d’angoisses. Dans la majorité des cas, il faut attendre que l’anxiété passe.
Chapitre 2 : Vous voulez savoir ce qui est normal et ce qui ne l’est pas
Certaines pensées vous obsèdent
Qu’est-ce qu’une obsession normale ?
Des études faites dans trois pays sur trois continents différents ont démontré que 80 à 99% des gens avaient éprouvé des obsessions dans le mois précédent le questionnaire. Les obsessions définies comme des pensées pénibles qui s’imposent au sujet, sont donc un phénomène banal touchant la quasi-totalité de la population.
Quels sont les thèmes des obsessions normales ?
Ces études ont montré que les thèmes des obsessions « normales » ne sont pas différents de ceux des obsessions des sujets souffrant de troubles obsessionnels-compulsifs. Une étude a recensé cinquante-deux thèmes différents sur trois cents sujets. Parmi les thèmes des pensées obsédantes les plus mentionnés chez les sujets normaux : brûler ou ébouillanter quelqu’un par accident – se représenter des étrangers nus – laisser la porte de la maison ouverte
Ces études démontrent que nous souffrons tous, à certains moments, d’obsessions qui sont normales. Ainsi, nous sommes tous un peu anxieux.
Comment faire la différence ?
Les sujets souffrant de TOC ont des obsessions incomparablement plus longues, plus fréquentes et plus intenses que les sujets normaux. Elles conduisent très souvent à des rituels, alors que pour les obsessions « normales » les rituels sont rares. Les thèmes sont pourtant globalement les mêmes (préoccupation de saleté, d’erreur, d’événements malheureux, d’idées agressives)
Il vous arrive d’avoir des rituels
Les rituels amoureux
Apporter des fleurs, mettre ses plus beaux vêtements, offrir un cadeau coûteux afin de montrer sa richesse et sa détermination, etc.
Les rituels religieux et sociaux
La circoncision du sexe dans les religions juives et musulmanes diminue les risques de maladies infectieuses vénériennes. Depuis ces rituels sont devenus désuets car l’hygiène et la santé ont évolué. Pourtant, ils sont maintenus par tradition religieuse.
L’expression « je croise les doigts », ne pas passer sous une échelle, éviter les chats noirs, ne pas renverser le sel à table etc. Tous sont des rituels superstitieux « normaux », et communément répandu
Les rituels du coucher
Le verre d’eau sur la table de nuit. Une brève lecture au lit. Ranger ses vêtements d’une certaine façon en se couchant.
Les rituels des enfants
Les enfants ont fréquemment des rituels qui auront tendance à diminuer, puis à disparaître. La disposition des peluches sur le lit, ou les comptines des parents avant de se coucher en fond partie. Ils sont normaux et sans rapport avec le trouble obsessionnel compulsif.
Les rituels normaux liés aux obsessions normales
Stratégie de maîtrise des obsessions normales
– Se concentrer sur la pensée obsédante : 69%
– Essayer de remplacer cette pensée par une autre : 55%
– Tenter de se rassurer : 51%
– Rechercher de la réassurance auprès des autres : 50%
– Ne rien faire : 49%
– Dire stop : 48%
– Chercher à se distraire : 41%
etc…
Notons que seulement 49% des gens n’ont aucune stratégie et ne font rien de spécial. Les autres ont des stratégies qui consistent finalement à faire un autre acte stéréotypé pour chasser l’obsession.
Comment faire la différence ?
Chez un sujet normal, les rituels amènent à une anxiété occasionnelle, brève, avec peu de résistance et pas trop pénible. Les rituels sont banals, rares, sans retentissement émotionnel et sans véritable conséquence sur la vie quotidienne. Il en va de même pour les évitements
Pour les gens souffrant de TOC c’est tout l’inverse.
Ou est la limite ?
Dans la population normale, les obsessions et les compulsions sont donc bien présentes. Mais elles amènent à peu de conséquences en termes de handicap, peu d’émotions pénibles et peu de temps perdu.
Chapitre 3 : Vous voulez en savoir plus sur les thèmes des obsessions-compulsions
Les obsessions
Les obsessions de souillure
C’est le thème le plus fréquent des obsessions. Il touche plus souvent les femmes que les hommes. Le sujet craint de souiller ses vêtements, sa peau, ses objets personnels. Leur maison est souvent « la citadelle de la propreté ».
1-) Les obsessions liées aux déchets et aux sécrétions : c’est l’obsession de saleté la plus banale. C’est une exagération de l’hygiène normale, avec une alerte anormale face aux agents extérieurs salissants comme la poussière, la transpiration, l’urine, les selles, la salive.
2-) Les obsessions liées aux microbes ou aux germes : c’est le deuxième grand thème obsédant lié à la saleté et aux rituels de lavage. Beaucoup plus complexe que le thème de la saleté, il repose sur le doute qu’un élément invisible dangereux (virus, bactérie) puisse contaminer la personne. Le déclencheur des obsessions de contamination sont très proches de ceux observés pour la saleté : tout ce qui est extérieur de la maison, tout ce qui touche au sang, aux liquides de l’organisme (urine, sperme, sueur…) les animaux familiers (chien, chat, cobaye…).
3-) Les obsessions liés au cancer : les situations qui déclenchent des obsessions sont les mêmes que pour la saleté ou la contamination. Elles entraînent non plus l’idée de la souillure, mais celle d’être atteint d’un cancer. Les obsessions augmentent au contact des lieux ou des personnes qui évoquent le cancer : hôpitaux, personnes âgées, salles d’attentes de médecin… Les personnes atteintes de TOC savent très bien que cette maladie ne se transmet pas par un contact quelconque. Pourtant, le thème du « toucher » déclenchent des obsessions de cancer, et elles ne peuvent s’empêcher de douter.
4-) Les obsessions liés à l’environnement : elles concernent le plus souvent l’amiante, les radiations ou la pollution. Dans le cas de la pollution, les personnes peuvent se mettre des masques sur le visage.
5-) Les obsessions liés à une anomalie physique : c’est un thème plus rare et plus complexe.
« Lorsque je me regarde dans la glace et que je vois un bouton sur mon visage, je crains que ce soit le début d’un cancer, d’une infection ou d’une maladie que je ne connais pas. Je ne vais plus consulter les médecins car ils me rassurent toujours en me disant que ce n’est rien. Je ne peux cependant pas m’arrêter de me regarder dans la glace jusqu’à 50 fois par jour ». (Charlie, 24 ans, forain)
6-) Les obsessions liées à l’idée de transmettre une maladie : il arrive parfois que le sujet ne craigne pas spécialement la maladie pour lui-même, mais ait surtout peur de la transmettre aux autres, de provoquer une maladie chez les autres. C’est le thème de contamination « altruiste ». Deux thèmes sont alors réunis : la peur de contaminer et la peur de nuire involontairement à autrui.
Les obsessions d’erreur
C’est le deuxième thème le plus fréquent. C’est une alerte anxieuse anormale concernant une erreur possible que le sujet aurait pu éviter s’il avait été plus attentif.
1-) La peur obsédante de ne pas avoir fermé quelque chose : C’est l’obsession la plus fréquente dans les obsessions d’erreur
2-) La peur obsédante de mal faire son travail : C’est un thème également très fréquent.
3-) La peur obsédante de ne pas dire des choses exactes : L’obsession de « ne pas dire ce qu’il faut » s’exprime surtout chez ceux qui ont un devoir d’apprendre aux autres : les parents vis-à-vis des enfants, les professeurs vis-à-vis des élèves, les frères aînés vis-à-vis des cadets etc.
4-) La peur obsédante de perdre quelque chose
5-) La peur obsédante du désordre : L’obsession du désordre touche souvent les vêtements, les meubles, les objets familiers ou les objets de travail. La crainte du désordre est le plus souvent associée à la crainte de faire une erreur du fait du désordre
6-) La peur obsédante d’oublier :
La journée de Fabien commence par l’élaboration d’une liste de choses à faire. Tout est écrit. Il regarde la liste vingt à trente fois dans la journée. Il lui arrive de se lever la nuit pour inscrire quelque chose à faire sur la liste, par exemple « Ne pas oublier de mettre de l’essence dans la voiture ». Parfois, Fabien appelle sa mère au téléphone pour lui demander de le contacter au travail le lendemain, afin qu’elle lui rappelle de réserver l’hôtel pour les vacances. Enfin, il vérifie « dans sa tête » ce qu’il doit faire en se répétant mentalement la liste
7-) La peur de jeter par erreur
😎 La peur obsédante de ne pas avoir fait ce qu’il fallait : Cette obsession est très proche de la peur d’oublier ou de la peur de ne pas dire ce qu’il faut
Les obsessions d’agressivité :
Le thème global de ces obsessions est la crainte de faire du mal aux autres. Selon elles, on peut faire du mal à quelqu’un :
- Par une pensée superstitieuse : par exemple, le simple fait de penser du mal de quelqu’un provoquerait le malheur de celui-ci
- Par un acte direct : avoir peur de perdre le contrôle et de faire du mal (ex. : tuer son enfant avec un couteau de cuisine).
Ces obsessions donnent l’impression que la pensée et l’action se confondent, et que le fait de penser revient à agir. Elles entraînement également un fort sentiment de culpabilité.
1-) La peur obsédante de faire du mal : 1-) Par un acte volontaire et dangereux. Ces obsessions semblent toucher davantage les femmes que les hommes. La naissance d’un enfant est parfois un facteur qui aggrave brutalement le trouble obsessionnel-compulsif, jusque-là minime ou bien supporté. Toutefois, il est bon de rappeler qu’une personne souffrant d’obsessions d’agressivité ne passe pas à l’acte. Si elle passe à l’acte, cela exclut le diagnostic de TOC. Le problème est alors plus grave. 2-) Par inadvertance ou par erreur. Dans ce cas-là, le rituel est le plus souvent un rituel de vérification.
2-) La peur obsédante de se faire du mal : C’est un thème un peu plus rare. 1-) Par un acte volontaire et dangereux. 2-) Par inadvertance ou par erreur. Cette obsession est assez proche des obsessions d’erreur
3-) La peur obsédante de laisser échapper des obscénités ou des insultes : le rituel consiste à avoir un langage exagérément châtié et finalement très maniéré. Parfois, cette obsession est prise à tort pour une timidité pathologique, que les spécialistes appellent la phobie sociale.
4-) Les obsessions de malheur : c’est une pensée superstitieuse ou « magique ». La crainte obsédante est parfois floue et correspond à un malheur diffus. L’aspect le plus marquant de cette forme d’obsession tient aux rituels complexes et spectaculaires.
5-) L’obsession du malheur liée aux nombres et aux couleurs :
Marcel, 55 ans, agriculteur : « Si je suis dans la rue et que je passe devant une boulangerie, je sais que le mot « boulangerie » comporte dix lettres. Dix lettres, cela ne va pas, il faut que ce soit un chiffre impair. Le pire c’est quand je conduis et que le chiffre de la plaque d’immatriculation de la voiture devant moi est pair. Par exemple, une voiture immatriculée : 7432 FG 33. Cette plaque ne va pas. Car 7342 est un nombre pair : je suis obligé de faire quelque chose. Si j’additionne les quatre chiffres 7+4+3+2, j’arrive encore à un chiffre pair. Je cherche alors un moyen d’arriver à un chiffre impair ».
6-) Les obsessions liés à l’espace : Elles sont liées aux formes, aux lignes et aux positions d’objets.
Nadia, 27 ans, secrétaire : « En marchant dans la rue, je cherche à être à un endroit parfaitement plat. Si ce n’est pas plat, il faut que je touche du pied quelque chose de plat un nombre impair de fois. Il m’arrive de me rapprocher du mur et de brièvement toucher le mur trois fois ou un multiple de trois. S’il y a un trou ou un arbre, je dois toujours passer à gauche. S’il y a des carreaux, je dois briser la ligne de jointure des carreaux un nombre impair de fois ou toucher un nombre impair de fois au moment de passer la ligne. Sinon, je redoute que quelque chose de négatif n’arrive. »
7-) Les superstitions : la peur obsédante que quelque chose de terrible puisse arriver est généralement assez précise et concerne un malheur décrit clairement : le feu, un cambriolage, la mort ou la maladie d’un parent ou d’un ami
😎 La peur obsédante de porter malheur à autrui
9-) La peur obsédante de poter malheur à soi-même
Les obsessions sexuelles :
Ce thème d’obsession est moins fréquent que la contamination ou l’erreur. Contrairement aux fantasmes qui sont agréables, ou au goût de l’interdit qui est excitant, le sujet souffre de ces obsessions. Vécues avec culpabilité et honte, les obsessions sexuelles n’empêchent celui qui souffre de TOC d’avoir une vie sexuelle sans particularité.
1-) Les obsessions sexuelles débridées : Exemple avec Jérémy, dépanneur électro-ménager qui a l’obsession d’avoir des relations sexuelles avec des clientes. Il ne ressent aucun désir. Au contraire, le fait que cette pensée survienne sans raison, sans envie et sans plaisir le glace profondément. Il se sent très déprimé car il a l’impression d’être un pervers sexuel.
2-) Les obsessions sexuelles agressives ou perverses. Avec le thème des enfants, du viol et de la violence, de l’homosexualité ou encore de la zoophilie ou de la nécrophilie.
Les obsessions religieuses
Elles ont pour spécificité la crainte de déplaire à Dieu, de commettre un péché important ou un sacrilège et d’être un « suppôt de Satan ». Elles rejoignent le plus souvent un thème de perfection, d’exactitude, de sexualité ou de malheur. Les rituels sont souvent des confessions et des prières.
1-) Les obsessions religieuses de perfection et d’exactitude : C’est la forme la plus commune. La personne souffre d’un souci de perfection dans sa conduite, sa mortalité et son culte. Le sujet obsessionnel considère qu’il n’en fait pas assez. Les prières sont répétées, ritualisées selon des chiffres magiques. Toute pensée négative ou blasphématoire doit être expiée par un rituel de prière.
2-) Les obsessions religieuses sexuelles
3-) Les obsessions religieuses de malheur
Les compulsions
Les rituels ou compulsions sont presque toujours assez spécifiques des thèmes des obsessions. Mais il arrive que les rituels soient beaucoup plus perfectionnés que le thème obsédant, en particulier dans les obsessions de malheur. Le rituel est fréquemment la partie émergée de l’iceberg des obsessions-compulsions : c’est-à-dire qu’un individu touché par le TOC peut aisément cacher ses obsessions (ce n’est qu’une pensée), mais plus rarement son rituel, qui est la plupart du temps un geste.
Les compulsions de lavage
Elles sont bien sûr fréquemment associées à des obsessions de souillure, mais pas toujours.
Dans les obsessions de souillure : le lavage peut être excessif : lavage des mains, soin du corps. Il y a aussi le nettoyage d’objets personnels, l’hygiène des proches.
Dans les obsessions de malheur : parfois les rituels de lavage ont un rôle magique. Les ablutions ont alors la valeur d’un « lavage moral » ou d’une purification de l’âme. Par exemple, la personne peut sentir le besoin de se « laver d’une obsession sexuelle ».
Les compulsions de vérification
Dans les obessions d’erreur : le plus souvent le sujet contrôle les portes, les fenêtres, les serrures, la cuisinière, les appareils ménagers, le gaz, le frein à main dans la voiture, l’électricité, les robinets. Le tout, la plupart du temps, selon un ordre bien précis.
Bien que moins fréquentes et plus discrètes dans les autres obsessions, elles peuvent toutefois avoir lieu.
Les compulsions d’ordre, de symétrie et de rangement
Elles s’observent à la fois dans les obsessions d’erreur et dans les obsessions de malheur. Elles répondent à une règle intérieure selon laquelle chaque chose doit être à « sa place ». Il existe une infinité de rituels de ce type. Exemple : la place exacte des stylos sur un bureau, l’alignement des verres dans le buffet, ou encore la jambe droite du pantalon qui devra être enfilée avant la jambe gauche.
Les rituels de répétition et du toucher
Ils correspondent le plus souvent à des obsessions de malheur floues. Ce sont souvent des rituels du toucher, par la main ou par le pied. Par exemple, la personne touchera le sol avec le pied de part et d’autre d’une ligne, ou elle touchera avec la main un objet particulier. Mais la répétition peut aussi consister à :
- Se lever et s’asseoir plusieurs fois de suite, en quelques secondes
- Ouvrir et fermer une porte sans passer la porte
- Allumer et éteindre une lumière très rapidement
- Baisser et relever une poignée de porte plusieurs fois de suite
La répétition est généralement rapide. Le sujet n’effectue pas une vérification : il cherche à ce que le nombre de répétitions corresponde à un chiffre magique de gstes.
Les rituels mentaux
Ils sont souvent cachés et méconnus par l’entourage qui est seulement frappé de la lenteur du proche pour les tâches quotidiennes. Il en existe plusieurs types :
1-) L’arithmomanie : c’est le plus fréquent des rituels mentaux. Elle consiste à compter mentalement ou à faire des opérations mentales à partir des chiffres.
2-) Les phrases conjuratoires : elles s’observent en particulier dans les obsessions agressives, religieuses ou sexuelles.
3-) Les besoin de dire ou de faire dire : c’est un rituel de confession qui fait vérifier à celui qui écoute le patient (un parent ou le conjoint) que tout est en ordre.
4-) La répétition mentale de certaines phrases : cette répétition mentale est proche des rituels de répétition. Le sujet se répétera mentalement la dernière phrase de son interlocuteur, par exemple deux ou trois fois. Ces rituels s’observent dans les obsessions d’erreur ou de malheur.
5-) La récapitulation des actes : Ce rituel s’observe dans les obsessions d’erreur et, en particulier, dans la peur obsédante d’oublier. Il consiste à ce que le sujet récapitule les différentes actions qu’il vient de réaliser en visualisant mentalement les images successives ou en se concentrant sur une liste de choses à faire et qu’il a en mémoire.
Le perfectionnisme et la lenteur
Le perfectionnisme correspond à l’exécution très lente d’un geste de la vie courante, par exemple le fait de se raser ou d’écrire. Il est le plus souvent lié à des obsessions d’erreur qui conduisent à exécuter de manière rituelle un geste simple, de façon à s’assurer qu’il est correctement fait. Ce perfectionnisme est totalement inadapté et conduit à faire souffrir cruellement le sujet.
Les évitements
Presque tous ceux qui souffrent de TOC tentent d’éviter les situations qui déclenchent des obsessions ou des rituels. Pour eux, mieux vaut éviter la confrontation que prendre le risque de s’engager dans des obsessions et des rituels interminables. Cependant les évitements sont plus ou moins aisés à réaliser selon les thèmes des obsessions.
Les dénominateur commun
Les obsessions consistent en la peur de provoquer un dommage, un préjudice ou un malheur. Le noyau de la maladie réside dans cette crainte de crainte de « provoquer par soi-même » un événement indésirable. Le sujet va alors chercher à prévenir ce dommage, par un rituel ou un évitement. Mais fondamentalement, il ne choisit pas de faire ce rituel, ce rituel lui est imposé par la maladie. Il ne peut s’en empêcher qu’avec grande difficulté, c’est une compulsion.
Chapitre 4 : Vous voulez approfondir vos connaissances sur le TOC
Ce chapitre est destiné à apporter des informations scientifiques sur cette maladie. Les rituels et les obsessions ont été décrits par les écrivains, bien avant que les psychiatres ne s’y intéressent. Il n’y a, pour s’en convaincre, qu’à voir les rituels de lavage de Lady Macbeth dans la célèbre pièce de théâtre de Shakespeare.
Au milieu du XIXème siècle, les psychiatres français décrivent des tableaux d’obsessions-compulsions. La plupart de ces auteurs soulignent que les personnes atteintes de ce trouble sont conscientes de l’absurdité de leurs craintes. Puis, en 1903, le médecin et psychologue français Pierre Janet (1859-1947) propose une analyse détaillée de ce trouble dans son ouvrage Les obsessions et la psychasthénie. A ce titre, Janet est souvent reconnu comme le premier à avoir clairement décrit cette maladie. Par la suite, le célèbre médecin autrichien Sigmund Freud (1856-1939) lui donnera son individualité par rapport aux névroses phobiques et hystériques avec le qualificatif de « névroses obsessionnelles ».
La psychanalyse en restera à cette dénomination de névrose obsessionnelle tandis que la psychiatrie inscrira cette maladie sous le terme de « trouble obsessionnel-compulsif » dans la classification américaine des troubles mentaux en 1980.
Connaît-on la fréquence du TOC ?
Le TOC est une maladie fréquente qui touche entre 1,6 et 2% de la population adulte d’après les études épidémiologiques américaines. Le TOC est ainsi reconnu comme étant la quatrième pathologie psychiatrique la plus fréquente après les troubles phobiques, les troubles liés à des toxiques (alcool et drogues) et les troubles dépressifs. Plusieurs personnalités célèbres ont souffert de TOC. Émile Zola (1840-1902) souffrait d’obsessions de doutes et de malheur. Il présentait des rituels d’arithmomanie et des rituels du toucher.
Chez l’enfant, il n’y a que très peu d’études systématiques en population générale, et celles-ci ont été réalisées sur de faibles échantillons. Les données disponibles estiment le trouble à 0,8% d’une population d’adolescents. Seulement 10% des enfants souffrant de TOC viennent consulter avant l’âge de 7 ans. L’une des formes de tics dont souffre l’enfant atteint d’obsessions-compulsions est le syndrome de Gilles de la Tourette.
Sait-on comment le trouble s’installe ?
Le début peut être progressif, et le sujet voit le trouble s’installer lentement en plusieurs mois ou plusieurs années. Parfois le TOC s’installe plus brutalement en quelques semaines. 65% des patients décrivent un début avant l’âge de 25 ans et environ un tiers dès l’enfance. L’âge de début est typiquement entre 3 et 18 ans. En moyenne, à l’âge de 12 ans. La maladie débute après 35 ans chez seulement 15% des sujets.
Il y a globalement autant d’hommes que de femmes qui souffrent de TOC. Cependant, les thèmes des obsessions-compulsions sont influencés par le sexe : il y a plus de rituels de lavage et plus d’obsessions agressives chez les femmes, alors qu’il y aurait plus de rituels de vérification chez les hommes.
Quelle est l’évolution sans traitement ?
Généralement, la prise de conscience du trouble par le sujet se fait par étapes. Bien toléré au début, le phénomène des compulsions-obsessions connaît des phases d’aggravation, suivies par des améliorations partielles qui laissent espérer une évolution favorable. Mais le trouble fluctue et est susceptible de s’aggraver à l’occasion d’un événement particulier, et des rituels bien tolérés jusqu’alors deviennent inacceptables. Non traitée, l’évolution va avoir tendance à être chronique et fluctuante, si la personne n’est pas soignée.
Quelles sont les complications possibles ?
La complication essentielle est la dépression majeure. Environ 50% des personnes souffrant de TOC font un épisode dépressif majeur dans leur vie. Chez l’enfant, la dépression est aussi la principale complication du TOC. La dépression majeure est retrouvée chez plus d’un quart des enfants souffrant de TOC.
Quelles sont les maladies parfois associées ?
Plusieurs maladies sont parfois associées au TOC.
Le syndrome de Gilles de la Tourette
C’est une maladie rare (quatre sujets pour dix milles) qui débute durant l’enfance et l’adolescence et qui consiste en des tics d’un genre particulier. Un tic se différencie d’une compulsion par les caractéristiques suivantes :
- Il n’y a aucune intention du sujet : c’est une activité atomatique et incontrôlée
- Il n’y a aucune pensée qui précède le tic. Ni aucune pulsion qui dirait au sujet lui-même « fais-le », au contraire d’un rituel.
- Il n’y a pas d’anxiété qui précède le tic, mais plutôt une tension extérieure.
- Un tic survient à n’importe quel moment, mais particulièrement lors de fortes émotions, alors qu’une compulsion est déclenchée par une situation particulière et est associée à une obsession. Enfin, il est beaucoup plus difficile de s’empêcher d’avoir un tic que de faire un rituel.
Mais les tics d’un syndrome de Gilles de La Tourette ont certaines particularités : les tics moteurs doivent être associés à un ou plusieurs tics vocaux : claquement de langue, grognements, aboiements, reniflements, toussotement, ou plus simplement un mot. Ce mot peut dans de rares cas, être un mot grossier ou obscène qui met le sujet et l’entourage dans l’embarras. Les tics vocaux peuvent être associés à un mouvement de jambe ou de bras.
Seulement 7% des personnes souffrant de TOC souffrent aussi de syndrome de Gilles de la Tourette. Tandis que le tiers des sujets souffrant de maladie de Gilles de la Tourette souffrent aussi de TOC. Dans le cas ou le sujet souffre à la fois de TOC et du syndrome de Gilles de la Tourette, il est indispensable de consulter un spécialiste car le traitement diffère assez nettement du traitement d’un TOC isolé.
Les autres troubles
1-) les troubles des conduites alimentaires
2-) le trouble bipolaire de l’humeur, fait de successions d’épisodes dépressifs et de phases d’excitation maniaque.
3-) La trichotillomanie, qui consiste à s’arracher les cheveux, les cils ou les poils de façon compulsive.
4-) Le jeu pathologique, qui consiste à jouer à des jeux d’argent et à perdre de façon répétée des sommes considérables sans pouvoir le contrôler
5-) Les sujets ayant un TOC souffrent assez fréquemment d’un autre trouble anxieux, en particulier de phobies ou de troubles paniques.
Comment expliquer l’origine et les mécanismes du trouble ?
On n’a jamais pu montrer la causalité nette entre l’éducation et le TOC, ni même prouvé qu’un facteur de stress soit la cause de la maladie. Ce ne sont que des théories. La cause du TOC est inconnue à ce jour.
La théorie neurochimique
La théorie neurochimique des TOC suggère que ces troubles seraient liés à des déséquilibres dans certains neurotransmetteurs du cerveau, principalement la sérotonine. Un manque ou un excès de certains neurotransmetteurs perturberait la régulation des pensées et des actions, entraînant les symptômes des TOC.
La théorie neuro-anatomique
Cette théorie souligne que des zones particulières du cerveau sont concernée dans le TOC. Ces zones sont habituellement riches en connexions synaptiques impliquant la sérotonine, ce qui vient confirmer la justesse de la théorie neuro-anatomique. Cette théorie a profité des progrès considérables réalisés en imagerie fonctionnelle cérébrale par deux techniques particulières : la caméra à émission de positions et l’imagerie par résonnance magnétique. Ces techniques permettent d’examiner le cerveau « en train de fonctionner », en produisant des images des « zones cérébrales » qui travaillent.
Des études ont pu constater des images différentes entre les sujets normaux et les sujets souffrant de TOC. Ces différences s’observent dans des zones particulières du cerveau, qui sont le noyau caudé, le cortex orbito-frontal et le cortex cingulaire. Cette théorie est cependant sans application directe sur le plan thérapeutique.
La théorie génétique
Des études ont révélé que 60 % des jumeaux monozygotes (vrais jumeaux) présentent des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). La théorie génétique a donc de solides arguments, mais elle n’explique pas la maladie à elle seule.
Enfin, d’autres études ont démontré que seulement 10% des sujets ayant des TOC le transmettent à leurs enfants.
La théorie comportementale
La théorie cognitive
La théorie cognitive des TOC repose sur l’idée que les personnes atteintes de TOC ont une manière particulière de traiter leurs pensées. Elles ont tendance à attribuer une signification excessive à des pensées intrusives, souvent perçues comme menaçantes ou inacceptables. Cette tendance à surestimer les risques ou à exagérer les conséquences des pensées – pourtant banales – mène à un état de malaise intense. Pour soulager ce malaise, elles accomplissent des rituels ou des compulsions.
La théorie psychanalytique
Elle stipule que les obsessions-compulsions se développent à partir de fixations et de régressions au stade anal du développement psychologique de l’enfant. Selon la psychanalyse, les symptomes obsessionnels et les rituels sont des défenses psychiques contre l’expression d’une agressivité inconsciente. Par exemple, concernant les obsessions agressives, la psychanalyse part de l’idée que l’on peut nourir des sentiments hostiles envers les gens que l’on aime. Cette ambivalence fonde le conflit.
Cette théorie a conduit à la psychothérapie psychanalytique, mais n’a pas eu les résultats escomptés.
Avec quoi ne pas confondre le TOC ?
Les troubles anxieux
Le TOC fait partie des troubles anxieux, mais il est très différent des autres
Le trouble panique : Le trouble panique se caractérise par des crises soudaines et récurrentes de peur intense. Le tout accompagné de symptômes physiques tels que des palpitations, de la difficulté à respirer, des sueurs et un sentiment imminent de catastrophe (infarctus, attaque cérébrale, etc.), souvent sans raison apparente.
Les phobies spécifiques : l’angoisse est liée ici à une situation précise, comme l’avion, la hauteur, les araignées. Dans le cas des TOC, la présence d’un rituel exclut le diagnostic de phobie. De la même manière que l’évitement de l’obsession ne rassure pas totalement le sujet, contrairement à une phobie.
Agoraphobie : C’est une peur phobique liée à l’espace. Les personnes craignent l’éloignement de chez elles ou d’être coincés dans un endroit clos et confiné. Cette angoisse ressentie est proche de ce que l’on observe dans l’attaque de panique.
L’état de stress post-traumatique : Ce trouble consiste à avoir des souvenirs pénibles d’un traumatisme important, comme un accident, une agression, un viol ou un attentat
Le trouble anxieux généralisé : A la différence des obsessions, les soucis du trouble anxieux généralisé sont variés, très fluctuants et ne sont pas rassurés par des rituels
L’hypocondrie : peur chronique des maladies graves
Phobie sociale : Timidité excessive entraînant des évitements sociaux importants
La dépression
Les ruminations dépressives sont tristes, à la différence des obsessions, qui sont toujours anxieuses.
La schizophrénie
C’est une maladie sévère associant des idées délirantes bizarres (comme l’impression que l’on est commandé à distance par quelqu’un ou que l’on est écouté par une télévision) et un retrait social confinant à une vie handicapée
La paranoïa
Maladie qui consiste en l’impression insidieuse d’être persécuté et d’être l’objet d’un complot ou d’une machination.
Deuxième partie : Les clés du changement
Chapitre 5 : Comment faire pour changer ?
Le changement est possible
Deux types de traitement sont efficaces
1-) Les médicaments inhibiteurs de la recapture de la sérotonine
2-) La psychothérapie comportementale et cognitive
Comment savoir si une méthode est efficace?
Pour prouver qu’un traitement (médicament ou psychothérapie) est efficace, il faut que :
1-) Un groupe de sujets traités par le traitement soit amélioré par rapport à un groupe de sujets sans aucun traitement ou sous placebo.
2-) Ce traitement soit testé sur un nombre suffisant de sujets
3-) Ces études aient été faites dans plusieurs centres géographiques différents
4-) Le traitement soit sans effet indésirable grave
Quelles sont les chances d’amélioration ?
L’efficacité globale des traitements
- 10 à 30% des sujets traités vont être en rémission (c’est-à-dire qu’ils ne présentent plus les critères de diagnostic de la maladie obsessionnelle-compulsive.
- 30 à 60% des sujets vont s’améliorer nettement, tout en gardant les caractéristiques de la maladie
- 25 à 50% vont résister aux traitements et être peu ou non améliorés.
L’auteur nous explique ensuite que son expérience l’a conduit à observer des chiffres similaires en étudiant l’évolution de 28 hommes et femmes souffrant de TOC et consultant pour un traitement.
L’efficacité des médicaments prescrits isolément
On considère habituellement que plus de la moitié des patients traités par un inhibiteur de la recapture de la sérotonine vont être améliorés ou très améliorés.
L’efficacité de la psychothérapie comportementale et cognitive
Elle a été prouvée par de nombreuses études. Les résultats de la psychothérapie comportementale se maintiennent après la fin de la psychothérapie, tandis que les personnes traitées par médicaments doivent les poursuivre sur le long terme. Selon une étude, 20% des sujets sont en rémission totale à la fin de la psychothérapie cognitive. Elle est également efficace chez l’enfant, si tant est qu’il établisse un bon contact et un lien de confiance avec le thérapeute.
Vaut-il mieux être soigné par médicament ou par psychothérapie ?
Les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients. Souvent, ceux qui souffrent de TOC bénéficient des deux traitements. Médicament et thérapie comportementale et cognitive. Mais, dans ce cas, il est utile de suivre d’abord l’un des deux traitements puis l’autre.
Pourquoi tant de personnes ne se soignent-elles pas ?
Le TOC est le plus souvent dissimulé à l’entourage, sous-évalué par le sujet lui-même qui banalise le phénomène ou le cache subtilement. Les personnes souffrant de TOC ont du mal à en parler, à s’en plaindre et à demander de l’aide. La majorité des patients viennent consulter après plusieurs années d’évolution du trouble, au moment ou celui-ci devient insupportable. Les raisons les plus fréquentes sont les suivantes :
1-) La honte : à cause des pensées que l’on considère comme absurdes
2-) La culpabilité : certaines pensées sont culpabilisantes
3-) La peur d’être considéré comme « fou » : du fait que ce soit une maladie psychiatrique
4-) L’espoir que le problème va passer tout seul
5-) Le manque d’informations
6-) La confusion entre un phénomène normal et son exagération pathologique
7-) La difficulté à concevoir que des pensées anxieuses et des actes répétitifs puissent être une maladie
Chapitre 6 : Comment mesurer soi-même le trouble ?
Pour réaliser cette évaluation du TOC, on utilise des questionnaires posant des questions précises et spécifiques aux obsessions-compulsions. Le score vous permettra de mieux comprendre l’état de vos obsessions-compulsions.
Identifiez les obsessions-compulsions : le catalogue des thèmes
Il permet de connaître également le nombre de thèmes dont vous souffrez. Et enfin, il facilite le travail de hiérarchisation.

Évaluez la gêne occasionnée : l’autoquestionnaire Yale-Brown


Le score total consiste à additionner les numéros des réponses à chaque question. On obtient un score sur 40, que l’on peut interpréter ainsi :
- Score compris entre 0-10 : le sujet n’est pas ou très peu gêné par le TOC. Présente-t-il réellement un TOC ?
- Score compris entre 11-20 : le sujet est légèrement ou moyennement gêné par le TOC
- Score compris entre 21-30 : le sujet est nettement gêné par le TOC
- Score compris entre 31-40 : le sujet est sévèrement gêné par le TOC
Quantifiez les situations-problèmes : la liste des activités compulsives

Le score final consiste à additionner les score obtenus pour chaque activité. Le score final est cependant peu indicatif de la gravité du trouble. En revanche, cette échelle est très utile pour suivre l’évolution du trouble au fil des mois.
En conclusion, voici un tableau qui vous aidera à vous repérer :

Chapitre 7 : Comment utiliser les médicaments ?
Ce sont les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Ils servent à baisser la force compulsive et les obsessions. Voici les principaux connus à ce jour :

Tous ces médicaments font partie de la famille des antidépresseurs car c’est leur action antidépressive qui a été découverte en premier. Cela ne signifie pas pour autant que vous êtes déprimé. Ils agissent à la fois contre les obsessions-compulsions et contre la dépression.
Ils font tous partie de la famille des antidépresseurs sérotoninergiques non tricycliques, excepté la clomipramine. Elle fait partie des antidépresseurs tricycliques.
Quelle est la conduite habituelle du traitement ?
Voici le mode de traitement le plus habituel :
Le choix du produit
Il n’y a pas de critères précis. En général, le médecin sélectionne parmi les produits que nous avons énumérés en fonction de son expérience personnelle.
La dose
Le produit est prescrit à doses croissantes jusqu’à atteindre sa dose habituelle d’efficacité
Les effets indésirables
Ils surviennent souvent dès la première semaine. Vous trouverez plus loin le descriptif détaillé des effets indésirables
L’efficacité du produit
Les premiers effets apparaissent dès la quatrième semaine, et son action maximale se situe aux alentours des dix à douze semaines. Il est fréquent que le médecin décide d’augmenter la dose à partir de la sixième semaine.
La posologie finale
1-) En pratique, si chaque augmentation de dose apporte une nouvelle amélioration, le médecin juge souvent utile de continuer à augmenter la posologie.
2-) Cependant, les effets indésirables augmentent aussi parallèlement à l’augmentation des doses prescrites. Ce sont souvent eux qui mettent une limite à la dose et qui peuvent faire préférer le changement de produit.
3-) Si les doses habituelles peuvent être prescrites par votre médecin généraliste, il est justifié qu’il demande l’avis d’un spécialiste pour prescrire des posologies plus élevées.
4-) Quelle que soit la dose, le traitement doit être bien supporté, c’est-à-dire que le rapport entre les effets positifs et négatifs du traitement doit être très largement en faveur des effets bénéfiques.
En cas d’échec ou d’action insuffisante
Généralement, le médecin va arrêter le premier produit et en prescrire un autre.
La durée du traitement
Si le traitement est très efficace, il est conseillé de poursuivre le traitement tant que vous n’avez pas fait de psychothérapie comportementale et cognitive. La durée recommandée du traitement médicamenteux est d’au moins un à deux ans. Il y a des taux de rechutes importants si les sujets n’avaient pas fait au préalable de psychothérapie comportementale. En cas de rechute à l’arrêt du traitement, il est nécessaire de reprendre le traitement. Il sera alors important de pratiquer une psychothérapie comportementale et cognitive avant d’envisager un nouvel arrêt de médicament.
L’association avec une psychothérapie comportementale et cognitive
Il est toujours utile de faire une TCC. Si celle-ci vous améliore encore, alors on peut raisonnablement diminuer très progressivement les doses.
Quelles sont les effets indésirables et les contre-indications ?


Le syndrome de sevrage
En cas d’arrêt brutal du traitement, un syndrome de sevrage peut se produire. Celui-ci est sans gravité, mais ses symptômes peuvent surprendre.
Les médicaments chez l’enfant
Voici les points principaux :
1-) Les médicaments actifs chez l’adulte sont aussi efficaces chez l’enfant.
2-) Les doses doivent être adaptées à l’âge de l’enfant. Les effets indésirables et les délais d’action sont les mêmes que chez les adultes
3-) La présence de tics associés peut conduire la psychiatre à prescrire, après un inhibiteur de la recapture de la sérotonine, de très faibles doses de neuroleptique
Chapitre 8 : Comment changer par des exercices réguliers ?
Point de magie ici. Nous allons parler de techniques qui ont fait la preuve scientifique de leur efficacité. Ces techniques demandent des exercices précis, réguliers et progressifs. Il s’agit d’un véritable travail. L’aide d’un professionnel de santé mentale, qu’il soit médecin ou psychologue, doit cependant être envisagée. En effet, il vaut mieux, dans un premier temps, travailler en thérapie, en collaboration avec un professionnel. Ce livre facilitera le traitement et en accélérera les effets.
La TCC utilise deux techniques différentes. Ces deux techniques sont le plus souvent associées, mais elles peuvent être utilisées séparément :
1-) La psychothérapie comportementale, qui consiste en une exposition progressive aux situations obsédantes avec prévention de la réponse rituelle.
2-) La psychothérapie cognitive des obsessions, qui est une remise en question et une lutte contre les croyances obsessionnelles.
Lutter contre les rituels et les évitements : la psychothérapie comportementale
L’exposition graduée aux situations obsédantes
1-) Affronter progressivement les situations qui déclenchent les obsessions et les rituels
2-) Diminuer progressivement les rituels
a-) baisser la fréquence du rituel
b-) diminuer la complexité du rituel
c-) ne pas faire de rituel
3-) Lutter contre les évitements
Les trois principes de base
Premier principe : en cas d’exposition prolongée, l’anxiété finit toujours par baisser
Si l’on s’expose à une situation qui déclenche l’envie de ritualiser et que l’on ritualise moins, on ressent une anxiété désagréable dont l’intensité monte jusqu’à un certain niveau. Cette intensité se maintient à un degré qui fluctue « en plateau » pendant un certain temps. Puis cette anxiété finit toujours par baisser et disparaître.
Prenons l’exemple de Jean-Philippe qui a un rituel de vérification qui consiste à fermer et ouvrir trois fois la serrure chaque fois qu’il quitte sa voiture, afin de s’assurer qu’elle est bien fermée. Il décide de modifier légèrement ce rituel selon les principes de la psychothérapie comportementale

Deuxième principe : si l’on répète assez souvent le même exercice d’exposition, l’anxiété ressentie est de moins en moins intense
Si l’on répète tous les jours le même exercice consistant à moins ritualiser, l’anxiété monte à un niveau progressivement moins élevé.
Reprenons l’exemple de Jean-Philippe. Fort de ce premier exercice consistant à ne vérifier la serrure de sa voiture que deux fois au lieu de trois , il répète exactement le même exercice chaque fois qu’il prend sa voiture, c’est-à-dire quatre fois par jour. Lors du premier exercice qu’il avait pratiqué, vous avez noté que l’anxiété maximale s’était élevée à 30%. Observons sur le schéma suivant l’évolution de cette anxiété maximale, à mesure qu’il répète l’exercice de la serrure.

L’anxiété ne cesse de baisser alors que Jean-Philippe répète l’exercice. Parfois, l’anxiété remonte lors d’un exercice, ici le vingt-deuxième. Les fluctuations d’anxiété au fil des jours sont en effet tout à fait habituelles. Mais, on voit bien que globalement, au fil du temps, l’anxiété moyenne ne cesse de baisser.
Troisième principe : en cas d’exposition répétée, l’anxiété maximale dure de moins en moins longtemps
Si le sujet qui souffre de TOC répète assez souvent le même exercice consistant à moins ritualiser, l’anxiété maximale qu’il ressent dure progressivement moins longtemps
Reprenons une dernière fois l’exemple de Jean-Philippe. Vous avez noté que, lors du premier exercice, l’anxiété s’était maintenue à un plateau fluctuant autour de 30% pendant environ vingt minutes. Ensuite, cette anxiété avait chuté régulièrement au fil des minutes. Observons l’évolution de ce plateau à mesure que Jean-Philippe répète l’exercice consistant à ne vérifier la serrure que deux fois au lieu de trois.

On voit bien que lors des premiers exercices, l’anxiété dure vingt minutes (avec un pic à vingt-cinq minutes), puis vers le cinquième essai, elle passe à 15 minutes (avec des creux à 10%). Après une période de recrudescence entre le dix-septième exercice et le vingt-huitième exercice, l’anxiété passe régulièrement en dessous de cinq minutes (avec un dernier pic au trente-troisième exercice qui reste d’une courte durée). On voit encore ici la nécessité de réaliser de nombreux exercices sans se décourager.
La psychothérapie comportementale prend pour cible les rituels, mais elle permet aussi de diminuer les obsessions. A mesure que les rituels diminuent, les obsessions sont moins présentes puisque vous ne ferez presque plus rien en fonction d’elles. Une obsession est une croyance, et cette croyance peut changer.
En pratique pour vous
Première étape : apprenez les trois principes de base
Deuxième étape : faites le point sur vos obsessions-compulsions
L’agenda des obsessions-compulsions est utile pour :
1-) Identifier les obsessions
2-) Prendre conscience des rituels
3-) Identifier les évitements
C’est un exercice un peu ennuyeux mais très utile. Il consiste à noter pendant quelques jours :
1-) Les situations qui déclenchent le TOC
2-) Les obsessions qui naissent de ces situations
3-) Les compulsions qui en découlent
4-) Les évitements que vous pratiquez pour ne pas vous confronter à la situation obsédante
Agenda des obsessions, des compulsions et des évitements | Agenda des obsessions, des compulsions et des évitements | Agenda des obsessions, des compulsions et des évitements | Agenda des obsessions, des compulsions et des évitements | Agenda des obsessions, des compulsions et des évitements |
---|---|---|---|---|
JOUR ET HEURE | SITUATION : « ce qui déclenche » | OBSESSION : « l’idée qui vous fait peur » | COMPULSION : « ce que vous faites pour vous rassurer » | EVITEMENT : « ce que vous faites pour ne pas être confrontés aux obsessions et aux rituels » |
Mercredi 27 mars à 10H | je serre la main à mon chef de service | mes mains sont peut-être sales | je lave 5 fois mes mains pendant 12 minutes en tout | aucun |
et ainsi de suite etc.
Quelques conseils :
1-) Faites ce travail en vous fondant sur votre vie quotidienne.
2-) Ne faites pas le bilan quand la journée est finie
3-) Si vous avez du mal à déterminer précisément vos obsessions osez vous poser la question suivante : « Qu’est-ce que je crains qu’il arrive si je ne ritualise pas ou si je n’évite pas ? »
4-) Il est très important de noter le nombre de répétitions de gestes, ou le temps passé, lorsque vous décrivez le rituel
5-) Les évitements peuvent être peu évidents : parfois ils sont automatiques et vous pouvez même avoir oublié que vous évitez certaines situations du fait du TOC
6-) Lorsque vous vous apercevez que ce sont à peu près toujours les mêmes situations que vous notez, vous pouvez arrêter l’exercice d’agenda des obsessions-compulsions
Troisième étape : réalisez un exercice test
Les principes de l’exercice test :
1. Il doit être réalisable facilement
2. Il ne doit provoquer qu’une anxiété légère ou moyenne
3. N’a pas besoin d’être utile ou important : il sert seulement à vérifier que les principes de la psychothérapie comportementale d’exposition marchent chez vous
4. Il doit être réalisé au moins une fois par jour
Accomplissez votre exercice test et testez sur vous-même les trois principes de base
Exemple : Daniel, 49 ans, souffre de TOC de saleté avec rituels de lavage
Description du rituel initial : chaque fois que je me lave les mains au savon, dans les situations courantes ou je suis chez moi, je dois le faire six fois de suite en moyenne (au minimum quatre fois et parfois jusqu’à dix).
Exercice test à réaliser : me laver les mains cinq fois de suite au maximum
Fréquence de l’exercice : deux fois par jour
Résultats de l’exercice : pour chaque exercice, noter :
– 1) le degré d’anxiété maximale de 0 à 100%
– 2) la durée nécessaire pour que l’anxiété chute (en minutes)
Jour 1 | Jour 2 | Jour 3 | Jour 4 | Jour 8 | Jour 10 | Jour 12 | Jour 14 | |
1ère fois : date et heure | 5 mai à 12h | 6 mai à 10h | 7 mai à 11h | 8 mai à 16h | 12 mai à 12h | 14 mai à 12h | 16 mai à 12h | 18 mai à 12h |
Anxiété max | 30% | 30% | 30% | 20% | 20% | 10% | 10% | 5% |
Durée (min) | 20 | 20 | 20 | 20 | 10 | 5 | 5 | 5 |
2ème fois : date et heure | 5 mai à 18h | 6 mai à 17h | 7 mai à 19h | 8 mai à 20h | 12 mai à 17h | 14 mai à 20h | 16 mai à 19h | 18 mai à 20h |
Anxiété max | 30% | 30% | 30% | 30% | 20% | 10% | 5% | 5% |
Durée (min) | 20 | 20 | 30 | 20 | 10 | 10 | 5 | 5 |
Le tableau de Daniel faisant office d’exemple, c’est désormais à votre tour de jouer
Quatrième étape : déterminez vos propres cibles
Hiérarchisez les situations : c’est-à-dire rangez les obsessions par ordre d’importance. Peut-être êtes-vous effrayé à l’idée d’aborder les pires situations. C’est pourtant indispensable.
Comment déterminer ces obsessions et ces rituels cibles ?
1. Les situations obsessionnelles doivent être fréquentes et très gênantes. Cela vous permet déjà de faire un premier choix.
2. Posez-vous la question suivante : « Quelles sont les trois principales situations qui, si elles s’amélioraient, changeraient considérablement ma vie ? »
Exemple :
Première situation
Obsession : j’ai peur d’être contaminé par la poignée de main avec mes collègues
Rituel : je me lave douze fois les mains quand je rentre chez moi
Evitement : je mets des gants dès que je peux
Deuxième situation
Obsession : je crains d’avoir laissé la voiture ouverte et les phares allumés lorsque je la quitte
Rituel : je vérifie que les phares de ma voiture sont bien éteints et que les portes sont bien fermées quand je descends de voiture, en faisant trois fois le tour de ma voiture et en touchant toutes les poignées et le haut des vitres.
Evitement : aucun
Troisième situation
Obsession : tout ce qui peut entrer dans mon appartement risque de le contaminer
Rituel : je lave les courses, j’enlève mes chaussures, je me change complètement et je prends une douche durant une heure
Evitement : je ne peux inviter personne à la maison alors que j’aimerais inviter ma soeur
Cinquième étape : construisez votre progression d’exercices
Ces exercices seront mis au point selon les principes de l’exposition graduée. Rappelons-les encore une fois :
- Affrontez progressivement les situations qui déclenchent les obsessions et les rituels
- Diminuez progressivement les rituels (a) baissez la fréquence du rituel ; b) diminuez la complexité du rituel ; c) ne faites pas de rituel)
- Luttez contre les évitements
Chaque exercice doit amener à se poser les questions suivantes :
Comment s’est passé chaque exercice ? Il est important que vous notiez la façon dont s’est déroulé chaque exercice. Pour cela, il faudra que vous ayez à portée de main « un carnet de thérapie ».
Quand peut-on passer à un exercice plus difficile ? Dès lors que l’exercice en cours est un succès dans la grande majorité des cas et que l’anxiété ressentie est devenue négligeable, on peut mettre au point un nouvel exercice en maintenant les acquis du précédent. En moyenne, les exercices sont à réaliser pendant environ quinze jours, certains pouvant se prolonger pendant un mois.
En quoi consiste la psychothérapie comportementale avec un psychiatre ou un psychologue ?
Déroulement d’une psychothérapie comportementale |
---|
1. Relevé des obsessions, des compulsions et des évitements qui décrivent le trouble 2. Compréhension et apprentissage des principes fondamentaux de l’exposition progressive 3. Réalisation d’un exercice test 4. Choix des situations cibles 5. Mise au point d’étapes successives en autant d’exercices nécessaires 6. Réalisation des exercices successifs 7. Maintien des acquis obtenus |
Discuter le sens des obsessions : la psychothérapie cognitive
Votre cible : reconnaître la logique de l’obsession
La psychothérapie comportementale lutte contre le rituel. De ce fait, elle contredit les obsessions puisque l’on ne fait progressivement plus rien qui réponde aux craintes obsessionnelles. La réalité prouve au sujet qu’il a eu raison de contrarier ses obsessions car, sans faire de rituel, il ne se passe rien de spécial : pas de maladies, pas de malheur, pas de catastrophe, etc. Dès lors, ces obsessions diminuent car elles sont « désavouées » par l’épreuve des faits.
Parfois, la personne souffrant de TOC est d’emblée parfaitement convaincue que son obsession est absurde. Dans d’autres cas, les obsessions sont organisées en croyances qui ont une certaine logique, et ce caractère logique empêche d’accepter l’idée d’exposition.
Le principe de base : remettre en question la croyance obsédante
La psychothérapie cognitive consiste à aborder l’obsession à travers sa logique de catastrophe. Celle-ci se construit en deux temps :
1-) Une alarme anormale : Le sujet présentant un TOC perçoit un signal de danger qui est erroné. Il pense qu’une catastrophe est imminente s’il ne prend pas de précautions.
2-) Une crainte qui s’auto-entretient : L’obsession est anormalement longue et fréquente dans le TOC. Elle permet d’accumuler des arguments qui la cautionnent, la renforcent, et finalement l’aggravent.
Appliquez les techniques de psychothérapie cognitive
Première étape : découvrir la conséquence redoutée et identifier le scénario catastrophe
Exemple : Agnès a peur de salir son enfant. Mais le vrai scénario catastrophe qui se cache derrière c’est qu’elle est effrayée à l’idée qu’elle puisse être contaminée. Elle a peur qu’elle attrape une hépatite, elle va peut-être même en mourir. Cette technique s’appelle « la technique de la flèche descendante ». Elle consiste à se demander, à chaque nouvelle conséquence de l’obsession, ce qui se passera après que cet événement néfaste aura eu lieu.
Certaines personnes sont tellement engagées dans des conduites de ritualisation qu’elles n’ont plus conscience de la catastrophe qu’elles redoutent. La technique de la flèche descendante aide le sujet à clairement identifier son thème global d’obsession au lieu de le fuir sans cesse.
Deuxième étape : remettre en question ses croyances et établir un scénario rationnel
L’examen de l’évidence consiste à aborder le thème obsédant en répondant à certaines questions simples, selon les questions suivantes. Si vous redoutez un réel danger lié à vos obsessions, prenez un papier et un crayon et faites l’exercice.
L’examen de l’évidence
Le sens de l’obsession est-il bien si certain ? Est-il vraisemblable que la conséquence redoutée, c’est-à-dire le thème de l’obsession, se réalise ?
- Pour des obsessions d’erreur : Combien de fois a-t-elle été utilie, car il y avait effectivement eu une erreur ou un oubli ? S’il se produit de temps en temps une erreur, quelle est la cause réelle de l’erreur ? Est-ce toujours votre insouciance ? Est-il toujours possible de prévoir cette erreur ? La répétition successive des vérifications est-elle réellement utile ?
Et vous faites pareil avec le thème des obsessions qui vous concernent.
Existe-t-il d’autres interprétations à la situation obsédante ? La plupart des situations de la vie sont complexes et ont plusieurs explications possibles. Le problème dont souffrent les sujets atteints d’obsessions, c’est qu’ils sont persuadés que leur catastrophe obsédante est la seule interprétation de leur malaise. Voici un exemple de questions que vous pouvez vous poser
- Pour les obsessions d’erreur : Quelles sont les différentes causes possibles d’erreur ? Toutes les erreurs entraînent-elles des catastrophes ?
Recueillez des avis extérieurs : Que pensent vos proches du risque de souillure, du risque d’erreur, du risque de provoquer des catastrophes par des pensées négatives ou des actes incontrôlés ?
Rangez ces interprétations en arguments « pour » et « contre » et déterminez la probabilité de chacune : Un événement a finalement plusieurs interprétations possibles. Quelle est l’interprétation la plus probable, même si celle-ci ne vous rassure pas pour l’instant ?
Par exemple : « J’ai une chance sur cinq cents d’attraper une infection en m’allongeant sur la plage »… Vous pouvez faire ensuite des probabilités cumulées.
Etablissez un scénario rationnel : Le scénario rationnel est la conclusion de ce travail de remise en question. C’est le résumé logique et probable de la crainte contenue dans l’obsession.
Voici deux exemples de scénarios rationnels énoncés par des patients qui étaient soignés par psychothérapie cognitive
1-) « Le risque d’être contaminé est dérisoire et beaucoup plus faible que d’autres risques que je prends couramment dans la vie »
2-) « Le risque que je commette une erreur est bien réel, mais les conséquences de cette erreur sont faibles »
Le sens de l’obsession n’est peut-être pas certain : Qu’est-ce qui fait penser à Georges qu’une poignée de porte est sale ? Des millions de gens touchent chaque jour des dizaines de portes. Tombent-ils malades pour cela ? De quelle maladie a-t-il peur exactement ? etc.
Les arguments pour et contre
Arguments pour : la poignée de porte peut être contaminante | Arguments contre : la poignée n’est pas contaminante |
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On ne sait jamais, les scientifiques n’ont pas tout découvert | J’ai touché des dizaines de poignées de porte, et je n’ai jamais été malade, sauf de la grippe qui se transmet par l’air |
etc.
La situation inversée : Que dirait Georges à son voisin s’il le voyait désinfecter la poignée de porte chaque fois qu’il rentre chez lui ? Lui dirait-il qu’il a raison ? Lui dirait-il qu’il souffre d’une maladie qui s’appelle « le trouble obsessionnel-compulsif » ?
Troisième étape : s’exposer à l’obsession sans crainte
Intérioriser le scénario rationnel lors d’expositions graduées : La psychothérapie cognitive à elle seule ne suffira pas si elle se limite à ce travail de réflexion et d’analyse de vos craintes obsessionnelles. Elle va vous apaiser, mais elle ne va pas vous empêcher de ressentir l’alerte obsessionnelle qui va vous donner envie de faire un rituel dans les situations habituelles.
Il est donc indispensable de vous exposer à présent aux situations qui déclenchent des obsessions et des rituels. En diminuant progressivement les rituels, selon les techniques expliquées dans le chapitre sur la psychothérapie comportementale. Grâce à ce travail cognitif, lorsque vous vous exposerez aux situations obsédantes, vous vous laisserez moins envahir par votre scénario obsédant d’alerte, car ce scénario catastrophe n’est plus très convaincant.
S’exposer aux thèmes obsédants : L’exercice d’exposition consiste à ce que le sujet prononce, écrive ou écoute régulièrement le thème de ses obsessions pour constater que :
- 1) Il ne se passe rien : ni catastrophe ni malheur
- 2) L’anxiété ressentie finit par chuter en quelques dizaines de minutes
- 3) A mesure que l’on répète l’exercice, l’anxiété est de moins en moins intense et dure de moins en moins longtemps

Chapitre 9 : La famille et l’entourage : comment aider un proche qui souffre de TOC ?
La famille est très concernée par les obsessions-compulsions de l’un des siens. Pourtant, elles sont souvent démunies face aux problèmes que pose une personne souffrant de TOC dans la vie quotidienne. Globalement, deux types de questions se posent :
- Que faut-il faire ? Comment puis-je l’aider ?
- Que faut-il ne pas faire ? Comment ne pas aggraver le problème ?
Reconnaître le trouble obsessionnel-compulsif
Informez-vous et informez les autres
C’est ce que vous êtes en train de faire en lisant ce livre. Mais votre conjoint l’a-t-il fait ? Les grands-parents ?
Evitez de personnaliser
Evitez de personnaliser le problème. Inutile de dire « Il faut te secouer ! » ; « prends-toi en charge ! » ou encore « tu t’écoutes trop ! ». Ces phrases ne feront qu’aggraver la culpabilité et le désespoir du sujet et l’inciteront à maintenir le secret.
Luttez contre la culpabilité
La famille doit avoir un rôle déculpabilisant en réussissant à parler avec la personne concernée de ce problème. Elle doit aider à lui faire accepter le trouble pour mieux le combattre. Ce n’est pas de sa faute et en aucun cas il n’est fou. C’est la crainte la plus fréquente de ceux qui sont atteints de ce trouble.
Luttez contre le découragement
Il est important de lui faire comprendre que sa vie n’est pas brisée. Les hommes célèbres souffrant de TOC sont de bons exemples à rappeler.
Favorisez la prise de conscience
Il faut évidemment du temps, du tact et de la bienveillance pour parvenir à faire accepter à quelqu’un qu’on aime qu’il souffre d’une maladie psychologique.
Mesurez votre implication personnelle
Devenir un partenaire thérapeutique
Evaluez les comportements-problèmes
La famille peut aider à bien évaluer l’intensité du trouble et ainsi participer au traitement en donnant au thérapeute un tableau détaillé du problème.
Résistez à la tentation d’aller trop vite
Le danger est de vouloir aller trop vite, en « aidant l’un des siens ». En vérifiant à sa place ; en acceptant de participer à des rituels magiques ; en respectant des espaces de propreté etc. Un changement de cap brutal entraîne généralement des situations de panique chez la personne qui se sent menacée.
N’augmentez pas votre implication personnelle
S’il ne faut pas supprimer brutalement tous les rituels auxquels participe la famille, il est important de ne pas les augmenter non plus. C’est-à-dire qu’il faut tenter de ne pas en faire plus.
Convenez ensemble d’un contrat
Une fois que le programme de changement thérapeutique est commencé par le sujet (seul ou avec l’aide d’un spécialiste), il faut diminuer tous ces comportements progressivement, en convenant d’un contrat avec lui, sans jamais le prendre par surprise.
Dans certains cas, le sujet réagit mal à cette volonté d’aide de l’entourage. Le mieux est alors de faire un programme thérapeutique avec un psychothérapeute qui vous aidera à déterminer ce qu’il est possible de faire, et ce qui ne l’est pas.
Soyez un soutien dans les moments difficiles
Aidez à la prise de conscience
Encouragez tous les progrès accomplis
Savoir s’adapter dans certaines limites
Prévoyez les stresseurs
Soyez un peu plus patient et indulgent lors d’événements pouvant changer ses habitudes et stimuler le stress. Déménagement, départ en vacances, mariage, deuil, changements professionnels etc.
Ne cherchez pas à tout prix à être rassurant
Ne vous laissez pas gagner par l’anxiété
Rappelez vous qu’une personne souffrant, par exemple, de l’obsession d’agressivité, ne passera jamais à l’acte envers vous ou sur quelqu’un d’autre. Il est quand même utile d’avoir eu la confirmation du diagnostic d’obsessions par un spécialiste dans ce cas-là.
Soyez indulgent
Ne perdez pas de vue qu’il souffre d’une maladie et que ce n’est pas de sa faute. Et donc qu’il a besoin d’aide.
Ne soyez pas trop indulgent
La dictature de l’hygiène ou des précautions inutiles peut avoir des répercussions qu’il ne faut pas toujours accepter. Cela ne signifie pas qu’il faille rentrer en conflit avec celui qui souffre d’obsessions-compulsions.
Acceptez certaines modifications de votre façon de vivre
Malgré les efforts de celui qui souffre de TOC, certains événements banals peuvent rester plus compliqués pour lui. Les départs en week-end, les invitations, les sorties sont fréquemment gênées par des obsessions-compulsions. Il est alors utile d’accepter certains rituels et de prévoir un peu plus de temps.

Chapitre 10 : Jean-Charles, Claire et les autres : leur histoire, leur traitement
Voici deux des histoires mentionnées dans le livre
Bernard : « Je ne supporte pas le désordre. Il faut que je range… »
Bernard est âgé de 43 ans lorsqu’il vient consulter à cause d’un TOC. Il connaît ce terme car la maladie a été diagnostiquée par un confrère, qui m’a adressé Bernard pour son traitement. Marié depuis dix-huit ans, il a trois enfants et travaille comme garagiste.
L’impossible repos
Bernard souffre d’être « trop précis », trop consciencieux, de s’en faire pour pas grand-chose. En pratique il vérifie. Il vérifie beaucoup. Il vérifie beaucoup trop. Cela l’agace. Cela lui fait perdre du temps, mais aussi, cela le fait souffrir. Car son esprit n’est presque jamais en repos. Du matin au soir, il se demande s’il a bien fait les choses. Son esprit est en alerte permanente, il n’est plus à ce qu’il fait, on lui en a fait la remarque. L’inquiétude est là, presque en permanence.
A la fin, je note dans le dossier de Bernard : « Obsessions d’erreur et de désordre ; rituels de vérification et de rangement : trouble obsessionnel-compulsif. » Il a probablement souffert de la forme de lavage jusqu’à l’âge de 18 ans, mais celle-ci a disparu.

Le traitement de Bernard :
On a expliqué à Bernard les deux traitements possibles : la TCC et les médicaments. Il choisi les médicaments car l’idée de devoir faire des exercices ne l’enchantait pas. L’auteur lui a donc prescrit une gélule par jour de Prozac. Sur l’échelle de mesure obsessions-compulsions auto-Yale-Brown, il avait un score de 23/40. Ce score correspondait à environ trois heures de préoccupation obsédante par jour et une heure de rituel.
- Un mois après, son score n’était plus que de 18
- Deux mois après, il n’était plus que de 14
Son traitement a alors été augmenté à deux gélules par jour de Prozac pour obtenir encore plus d’efficacité.
- Six semaines après ce changement de traitement, son score d’obsessions-compulsions était de 9. Il se sentait tellement mieux qu’ils ne se sont plus vus que tous les mois. Le traitement était cependant augmenté à trois gélules, car il le supportait bien et le maximum d’effet n’était peut-être pas encore atteint.
- Deux mois après ce changement de traitement, son score d’obsessions-compulsions n’était que de 5. Il était heureux et se sentait même « guéri ». L’auteur a confirmé la rémission complète sous traitement, car il perdait moins d’une heure par jour en obsession et en rituel.
Des années plus tard, Bernard prend toujours son traitement à la même dose. C’était sans doute mieux ainsi. Il ne souffre d’aucun effet indésirable, et ça ne lui pose aucun problème de prendre des médicaments.
Ludovic : « Je n’ai pas de problèmes. C’est de la faute de mes parents… »
Ce sont les parents de Ludovic, 15 ans, qui ont pris rendez-vous. Il ne voulait pas venir. Ludovic ne comprend pas ce qu’il fait ici et voit dans cette consultation une preuve de plus de l’incompréhension de ses parents à son égard. Il est fils unique, c’est un élève brillant en classe de première.
L’idée de Ludovic est que les parents souillent la maison entière car ils ne se lavent pas les mains en rentrant chez eux ou après avoir utilisé les toilettes. Son père explique : « Ludovic n’embrasse plus ses parents qui doivent se tenir à un mètre de distance pour parler avec lui. Ils ne peuvent pas le toucher. Comme s’ils risquaient de le contaminer. »
Le refus d’être aidé
Ludovic nie ses comportements anormaux. Il dit que c’est un jeu, qu’il fait ça pour embêter ses parents. Ludovic dit aussi que c’est un pari qu’il a fait avec un copain ou bien encore qu’il s’agit d’une superstition, en précisant que tous les hommes célèbres ont des superstitions.
Il ajoute que, si ses parents se lavaient les mains, comme il le leur demande, en rentrant à la maison et après être allés aux toilettes, tout se passerait bien. Ludovic refuse d’y voir une pathologie, ce qui rend impossible tout traitement. Les parents eux, se sentent très coupables des troubles de leur fils. De plus, ils sont blessés de la faute que Ludovic tente de reporter sur eux.
Devant cette impasse, le docteur Alain Sauteraud décide de parler à Ludovic avec tact. Il lui explique qu’il est important qu’il prenne conscience de ses rituels, mais qu’il ne le forcera pas à se faire soigner. Il lui parle simplement des traitements existants. Et si un jour il se sent prêt, ils pourront alors envisager ensemble une prise en charge pour l’aider à se libérer de ces rituels.
La lente prise de conscience
Deux mois plus tard, Ludovic annonce à sa mère qu’il est prêt à faire un effort à trois conditions :
1. « Je te demande de te laver les mains avant de repasser mon linge »
2. « Je ne veux plus voir le docteur«
3. « Vous devez mettre vos chaussures toujours à la même place dans l’entrée »
La maman qui a tout compris de la maladie, lui répond alors « Il est hors de question que je me lave, je ne suis pas sale. Nous avons parfaitement le droit de mettre nos souliers à gauche ou à droite du portemanteau, c’est-à-dire ou nous voulons. Pour ce qui est du médecin, tu as le droit de ne pas venir le consulter, mais nous continuerons à le voir pour faire le point. »
A l’issue des consultations avec le Docteur Sauteraud, la maman a en effet compris que, toutes les fois qu’elle modifie sa propre vie pour « aider » son fils, paradoxalement, cela aggrave le problème. Certes, il ne faut pas perturber brutalement les rituels et les évitements de Ludovic, mais il est possible de ne pas les aggraver en n’en faisant pas soi-même.
L’acceptation du traitement
Au bout de quelques mois, Ludovic constate qu’il est impuissant contre ces rituels qui le gênent. Il se résout donc à se soigner. Comme il veut passer le moins de temps possible à s’occuper de ce problème, il préfère prendre un traitement médicamenteux.
Comme Ludovic refuse toujours d’évaluer précisément le trouble, ce sont encore une fois les parents qui viennent décrire les améliorations :
- Ludovic n’utilise plus les mouchoirs en papier pour ouvrir la porte d’entrée de la maison
- Il va plus fréquemment aux toilettes de la maison
- Il passe plus de temps dans la salle de bain
- Il met lui-même les vêtements sales dans la corbeille à linge
- Il a réduit « la distance de dialogue » et il n’interdit plus à ses parents de se situer à moins d’un mètre de lui
Ludovic, conscient des effets bénéfiques du traitement, vient désormais seul en consultation tous les mois. Ses rapports avec ses parents sont devenus bien meilleurs. Ludovic refuse toujours de faire une TCC, il prétend qu’il n’a pas de temps. A l’heure ou le docteur écrivait ses lignes, un an s’était écoulé depuis sa première consultation.
Troisième partie : Mieux vivre avec un TOC
Chapitre 11 : Au jour le jour
Vivre en famille avec un trouble obsessionnel-compulsif
Il faut que vous sachiez que vos obsessions et vos compulsions peuvent être exaspérantes pour votre entourage. Voici les principes essentiels pour faire coexister votre trouble obsessionnel-compulsif et votre famille :
1-) Mettre vos proches dans la confidence. Vous pouvez par exemple leur demander de lire ce livre
2-) Vous pouvez les encourager à lire « La famille et l’entourage : comment aider un proche qui souffre de trouble obsessionnel-compulsif ? » et à participer au programme thérapeutique. Ainsi, vous en ferez vos cothérapeutes, et ils vous soutiendront.
3-) Il n’y a aucune raison de se sentir coupable d’avoir un TOC. Ne les laissez pas porter de jugements de valeur sur votre trouble ni créer des conflits personnels autour du trouble. Vous avez besoin d’être soutenu, non d’être accablé
Passer des examens avec un trouble obsessionnel-compulsif
Il est possible pour les étudiants souffrant de TOC de bénéficier d’un temps supplémentaire pour les examens. En pratique, pour obtenir ce tiers temps supplémentaire, l’étudiant doit prendre rendez-vous avec le médecin du service de la Médecine préventive, muni du certificat de son médecin traitant.
Travailler avec un trouble obsessionnel-compulsif
Si votre situation professionnelle se voit très affectée par votre TOC, il est sans doute préférable d’expliquer le problème. De plus, il existe le statut de travailleur handicapé. Toutes les entreprises de plus de vingt salariés sont obligées d’employer au moins un travailleur handicapé.
Sachez aussi qu’un employeur bénéficie d’exonérations partielles de charges sociales s’il emploie un travailleur handicapé. En pratique, c’est la COTOREP qui est compétente pour octroyer le statut de travailleur handicapé.
Dans les cas très sévères de TOC, l’activité professionnelle peut se révéler impossible. Si les ressources du sujet deviennent insuffisantes, celui-ci peut demander à bénéficier d’une allocation d’adultes handicapés (AAH). Cette allocation est versée par la CAF après expertise de la COTOREP.
Choisir son psychiatre
- Ce spécialiste doit être accessible, à proximité
- Il doit vous mettre à l’aise
- Soyez authentique
- Sachez vous en séparer si vous allez mieux ou dites-lui si une pause est nécessaire
- N’ayez pas peur de son jugement de valeur
Parler à son médecin généraliste
Il faut qu’il soit au courant de votre cas, même si vous êtes suivi par un spécialiste.
Qu’attendre de la sécurité sociale ?
Les soins du TOC sont pris en charge par l’assurance maladie, au même titre que n’importe quelle maladie.
Chapitre 12 : Après le traitement
Les faux pas et le problème de la rechute
La rechute possible est :
1. L’arrêt des médicaments peut provoquer une rechute, même si on pensait « en être sorti ». Il faut simplement reprendre le traitement
2. L’arrêt de l’exposition avec prévention du rituel. Trop baisser la garde et cesser de faire les efforts minimaux peuvent intensifier les obsessions-compulsions.
La guérison : comment vivre avec une vulnérabilité ?
Est-ce si grave ? Pourquoi ne pas accepter d’être moins serein que les autres vis-à-vis de la saleté ou du risque d’erreur ?
Si les moyens dans ce livre ne sont pas suffisants
Consulter un spécialiste
Il ne suffit pas de lire un livre pour se débarrasser des obsessions-compulsions ! Il faut que quelqu’un s’occupe de vous. Ce spécialiste tâchera de savoir si votre problème est bien un TOC ou si c’est une autre pathologie.
Faire le point sur le traitement
Vous avez pris des médicaments
- Avez vous pris le bon médicament ?
- En avez-vous pris une dose suffisante ?
- L’avez-vous pris tous les jours pendant une durée de plus de six semaines ? N’avez-vous pas oublié de le prendre ?
- Y a-t-il eu augmentation des doses ?
- A-t-on essayé tous les autres médicaments efficaces possibles ?
- Y a-t-il eu une combinaison de psychothérapie comportementale et cognitive et de médicament ?
Vous avez fait une psychothérapie comportementale et cognitive ?
- Les exercices étaient-ils faisables ?
- Chaque exercice était-il pratiqué tous les jours ?
- Y avez-vous consacré suffisamment de temps tous les jours ?
- Y a-t-il eu progression dans les exercices ?
- La croyance exagérée dans l’obsession a-t-elle été discutée ?
- Y a-t-il eu une combinaison de psychothérapie comportementale et cognitive et de médicament ?

L’avenir du trouble obsessionnel-compulsif
Le trouble obsessionnel-compulsif est une maladie qui, comme toutes les maladies, bénéficie des progrès scientifiques permanents. Dans les prochaines années, de nouveaux médicaments arriveront et l’on peut espérer raisonnablement que l’un d’entre eux constituera une innovation majeure, comme cela a été le cas par le passé.
De plus, indépendamment des progrès pharmacologiques, de nouveaux protocoles psychothérapeutiques sont actuellement à l’étude.
Chapitre 13 : Conseils pratiques et renseignements utiles
Les adresses
- L’Association Française de Thérapie Comportementale et Cognitive (AFTCC)
- L’Association Française de Formation et de Recherche en Thérapie Comportementale et Cognitive (AFFORTHECC)
- L’Association Française des personnes souffrant de Troubles Obsessionnels-Compulsifs (AFTOC)
Ma note : 6/10
Les + | Les – |
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– Le livre est écrit dans un langage simple, compréhensible par tous – Explication détaillée des TOC – Un livre utile, aussi bien pour le sujet concerné que pour la famille de celui-ci – Le chapitre 10 avec de nombreux cas réels | – C’est un livre qui a 25 ans. De nouveaux médicaments et de nouvelles approches sont apparues depuis (ACT, pleine conscience etc) – Peu d’exercices à mettre en place finalement |
Voir l’article précédent : (Discours impactants : Saïd Taghmaoui)