Jeu Vidéo N°1 : Céleste (2018)

Jeu vidéo inspirant N°1 : Celeste (2018)

BANDE ANNONCE de « CELESTE » : https://youtu.be/70d9irlxiB4

Matt Thorson est un Canadien né le 18 mars 1988. Dès l’âge de 14 ans, il commence à s’intéresser à la création de jeux vidéo. Mais c’est en 2013 qu’il conçoit sa première réalisation commerciale importante avec « Towerfall »

En août 2015, il participe à un concours de développeurs indépendants dont le but est de créer un jeu vidéo de plates-formes en l’espace de quatre jours. Le prototype du jeu disponible en téléchargement connaît un réel succès, ce qui va motiver Matt à en faire une version définitive pour le commercialiser. Deux ans plus tard, « Céleste » est né. Multirécompensé, il sera très vite considéré presque unanimement comme l’un des meilleurs jeux de sa décennie.

L’intrigue qui n’était au départ qu’anecdotique finirait par devenir un élément essentiel du titre. Tout commence par une ascension, celle de Madeline, l’héroïne et seul personnage jouable du jeu. Elle rêve de gravir le mont Céleste et façonne son dessein comme un objectif personnel. Une bataille contre elle-même qu’elle veut gagner malgré les doutes et les peurs qui l’accompagnent en permanence.

La jeune femme courageuse et déterminée est en réalité sujette à la dépression et à des troubles anxieux. Durant son abrupt périple, elle rencontre divers personnages qui sont eux-mêmes confrontés à des conflits intérieurs. Ils permettront à Madeline d’exprimer ses sentiments et de mieux se questionner. Le joueur de son côté en apprendra plus sur sa personnalité complexe.

L’un des autres aspects très intéressants du jeu est la présence physique de Badeline, la version maléfique de Madeline. Elle incarne la personnification humaine de notre petite voix intérieure qui cherche sans arrêt à nous décourager. Elle répète inlassablement à Madeline qu’elle n’arrivera pas à s’élever tout en haut de la montagne. Que c’est trop difficile et qu’il est préférable de faire demi-tour. Si l’intention peut paraître louable à première vue, on se rend vite compte qu’il s’agit simplement de la mise en exergue de nos propres barrières mentales. Madeline lutte, tente de la confronter, et celle-ci nous poursuit sans relâche. Au fil de l’aventure, elle comprend qu’elle doit lâcher-prise et qu’au lieu de chercher à tout prix à s’en délester, ce qui est impossible, elle se doit de composer avec elle de la façon la plus harmonieuse possible.

Badeline, la face sombre de Madeline.

Les compositions musicales, les séquences de jeu et l’environnement visuel s’adjoignent de manière très juste avec l’état d’esprit de la protagoniste. Si son mental est au calme, les sonorités seront alors douces, les décors plus relaxants et le gameplay moins nerveux. À l’inverse, si son agitation mentale explose, tout deviendra plus frénétique. Le titre recèle de créativité

Revenons-en enfin à son créateur Matt Thorson. Durant la conception du jeu, lui aussi souffre d’anxiété et de dépression. Pas aidé, il est vrai, par un rythme de travail acharné qui met en péril sa santé. Près de deux ans après la sortie de « Céleste », il sort une extension gratuite qui suscite l’interrogation de nombreux joueurs. En effet, on y voit la chambre de Madeline avec plusieurs détails équivoques, dont un drapeau LGBT et un drapeau Transgenre.

Après quelques semaines de spéculation, son créateur prend la parole et fait son coming out. Il affirme que pendant le développement de « Celeste » il ne savait pas que son personnage et lui-même étaient trans. C’est en façonnant cette extension qu’il a pris conscience de sa transidentité ainsi que celle de Madeline. Matt change de prénom et devient alors Maddy, le rapprochement avec Madeline devient évident. On comprend mieux alors tout le cheminement et le processus qui a été fait pour arriver à l’aboutissement de ce scénario très introspectif. L’impact et son message n’en sont que plus beaux.

Le jeu est pensé pour être exigeant et très difficile, avec son lot de frustration en prime. C’est une parfaite métaphore avec l’expérience qu’est en train de vivre l’héroïne tant au niveau de son ascension que de ses contrariétés. Mais il est possible de diminuer considérablement le niveau de difficulté grâce à des aides dans le menu. Le rendant ainsi disponible à un public bien plus large.

Pour les gamers qui adorent les challenges et les platformers 2D avec un design rétro, « Celeste » est fait pour vous. Quant aux autres, joueurs occasionnels ou totalement néophytes, mais sensibles à ce genre d’histoire, je ne peux que vous le suggérer. Me concernant, c’est surtout ça que je retiens de ce jeu, bien plus que le reste. Enfin, si vous avez des pré-ados ou des ados qui rencontrent des difficultés personnelles du même genre que Madeline, c’est une manne d’or et un véritable cadeau aux vertus thérapeutiques que vous pourriez leur faire grâce à ce jeu vidéo.

Voir l’article précédent (Film N°2: Le guerrier pacifique)

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