La peur des autres – Trac, timidité et phobie sociale

Christophe André, Patrick Légeron - La peur des autres - Trac, timidité et phobie sociale
Christophe André, Patrick Légeron – La peur des autres – Trac, timidité et phobie sociale.

Stéphane, 18 ans, élève en terminale : « Avec les filles c’est épouvantable. Après les cours les autres garçons invitent souvent les filles à aller prendre un verre en tête à tête. J’en suis incapable, je les vois sûr d’eux, leur faisant la cour … Lorsqu’une fille m’adresse la parole, s’il s’agit des cours, ça peut aller. Mais si elle commence à parler d’autre chose, je commence à paniquer. J’ai l’impression qu’on entre dans la drague et qu’il faut que je sois à la hauteur. Je n’ai qu’une obsession, éviter qu’elle ne le remarque, qu’elle pense que j’ai des problèmes, que je ne suis pas un vrai homme »

Claudine, 42 ans, mère de famille : « Mes enfants commencent à être grands, j’ai davantage de temps pour moi. Je voudrais faire du théâtre, de la politique … Mais je suis incapable de parler face à un groupe. J’ai échoué dans mes études car mes examens à l’oral étaient catastrophiques. J’ai toujours été passionnée de politique, mais aux réunions, parmi les militants, je n’ai jamais osé prendre la parole. Quand on me sollicitait, c’était pitoyable »

Dans un sondage sur « les peurs des Français », 51% ont déclaré craindre d’être dévisagés ou de parler en public. C’est sans doute l’une des trois plus grandes peurs avec les serpents et le vide.

Les quatre grandes familles de situations source d’anxiété sociale :

  • 1-) Prestation/performance sous le regard d’autrui – Peur de perdre ses moyens, de mal faire
  • 2-) Avoir une discussion informelle/superficielle ou approfondie – Peur d’être inintéressant, sans conversation
  • 3-) Se faire entendre et faire passer son point de vue – Peur d’échouer ou de déclencher de l’agressivité
  • 4-) Accepter d’être observé dans ses gestes quotidiens (marcher, conduire, travailler sous le regard de quelqu’un). Peur de révéler son émotivité, trembler, rougir, avoir l’air bizarre

Catherine :
« Mon problème c’est de revoir les gens. J’arrive à bien gérer les « premières fois ». Je donne l’impression d’être à l’aise, et d’ailleurs je crois que je le suis à peu près. Dans ces moments-là, je n’ai pas encore l’impression qu’on me juge, c’est trop tôt … Les problèmes viennent ensuite. Quand je les revois, j’ai l’impression que les gens attendent alors quelque chose de moi, et que, s’ils ne l’obtiennent pas , ils vont porter sur moi un regard critique.

Et je sais, ou j’ai l’impression en tout cas, que le risque de les décevoir est de plus en plus en grand au fur et à mesure que nous nous revoyons. Ce qui est terrible c’est que ça s’applique aussi bien à mon boulanger qu’a mes liaisons sentimentales. Je préfère faire des kilomètres pour éviter d’aller trop souvent chez le même commerçant. Je ne veux pas devenir une « bonne cliente » à qui il se sentirait obligé de faire la conversation. Avec les hommes, c’est pareil : plus notre liaison avance, plus j’ai peur d’avoir épuisé tout ce qui est intéressant en moi. C’est comme si je ne disposais que d’une quantité limitée d’intérêt aux yeux des autres, qui se dilapiderait très vite »

Ces craintes gravitent, selon les situations, autour de trois dimensions : peur de révéler des manques, peur de révéler un secret culpabilisant, peur de révéler une anomalie sociale. La crainte que l’on s’aperçoivent de leurs manques est très répandue chez les anxieux sociaux ; manque d’intelligence, de culture, de choses intéressantes à dire, de décontraction et de naturel

Luc :
« Ce qui me tue, c’est que je ne peux jamais prévoir si je serais à l’aise ou non en parlant à quelqu’un. Et si je commence à me sentir un peu gêné, ou ennuyé d’être là, alors je suis sûr que la personne le repère immédiatement et alors, c’est terminé. Je n’ai plus qu’une idée en tête, fuir la situation, car je sais que je vais me sentir de plus en plus mal »

Il est toutefois intéressant de noter que plus de 90% de la population ressent de l’anxiété sociale dans des situations contextuelles à cause de situations potentiellement anxiogènes. Certains peuvent se sentir gênés et observés en train d’effectuer un créneau en voiture. D’autres peuvent être dans l’inconfort lorsque quelqu’un nous fixe du regard. Ne pas être à l’aise quand quelqu’un nous regarde travailler ou écrire Etc …

La pyramide de nos peurs sociales :

Phobie sociale : La pyramide de nos peurs sociales
La pyramide de nos peurs sociales.

La base qui est le niveau 1 de la pyramide (la peur d’échouer) est la plus fréquente chez l’individu. Le dernier étage (La peur d’être observé) est la moins courante parmi les quatre. Ainsi, si une personne à peur d’être observé on retrouve en général chez elles toutes les autres craintes. Peur de s’affirmer, de se dévoiler et d’échouer. Une personne qui a peur d’échouer n’a par contre pas forcément peur du reste.

Tremblements, Palpitations, noeud dans l’estomac, Bouche sèche, Rougissement, Suffocations, envie d’uriner etc … La première conséquence perçue par celui qui souffre d’anxiété sociale lorsqu’il est confronté à des situations anxiogènes, c’est ce tumulte du corps avec tous ces symptômes inhérents.

Il y a ceux qui sont internes et non visibles à l’oeil nu. Tels que les palpitations ou le noeud dans l’estomac. Mais les plus redoutés, surtout chez les anxieux sociaux sont les plus visibles : Rougir, Tremblements, déglutir sa salive de manière forcée en se focalisant dessus et ainsi de suite.

Jean Charles :
« C’est ma voix qui se met à devenir incontrôlable. Je commence normalement les deux premières phrases, puis ça commence à trembloter, chevroter, le volume diminue, comme un transistor dont la pile serait en train de se vider. Au bout d’un moment, le plus terrible, c’est que les gens repèrent mon problème et me font répéter et ça devient de plus en plus dur pour moi. Je me mets à trembler, j’essaie de cacher mes mains, mais si j’ai un document à remettre, ou à signer, ça se voit irrémédiablement »

Une étudiante :
« Ce que je redoute le plus, c’est d’être à un concert. Je commence à saliver de plus en plus et bientôt, je ne peux m’empêcher de déglutir, ce que mes voisins ne peuvent manquer d’entendre. Je deviens de plus en plus anxieuse et je salive encore plus. J’en suis arrivée à éviter de me retrouver dans tous les endroits ou le silence est de rigueur, comme les salles de spectacle et même les églises»

– Une fois que les manifestations physiques (déglutition, gargouillis …) sont enclenchées, il s’avère très difficile de les arrêter. Au contraire, les efforts accomplis peuvent très bien aggraver encore la situation, par différents mécanismes. Le fait de se focaliser sur ces symptômes les amplifie, la gêne ressentie augmente encore l’anxiété sociale, etc.

Définition Éreutophobie : Ils ont peur de rougir. En anticipant le rougissement, ils font monter leur anxiété, et donc en facilitent l’apparition : lorsqu’ils rougissent en situation sociale, ils se focalisent sur leur rougeur au lieu de penser à la conversation, et du coup prolongent leur malaise.

Le regard des autres amplifie l’apparition du rougissement. Et toutes tentatives de contrôle ainsi que les remarques de l’entourage intensifie le phénomène. Autre particularité : Une personne peut être amenée à rougir lorsqu’il y a une recherche de coupable, bien qu’elle n’ait rien à se reprocher. Ce qui laisse fortement à penser que toute émotion ou toute gène créer une réaction en chaîne qui entraîne ce rougissement.

«  C’est comme une chape de plomb qui me tombe dessus. J’arrive avec de bonnes intentions : cette fois-ci je vais faire un effort, je vais parler, je vais m’intégrer … Et puis, sans que je sache bien pourquoi, à propos d’un rien, une de mes questions à laquelle personne ne répond, un regard qui se détourne, je me sens soudain de plus en plus lourd, de moins en moins motivé à parler, les conversations se font de plus en plus sans moi. A Partir de ce moment-là, tout se détraque, il m’est difficile de revenir en arrière. Même si la conversation se reporte spontanément vers moi, j’ai alors du mal à me remettre dans le bain »

Si l’anxiété devient trop forte à tel point qu’elle altère les comportements et les capacités de communication au point d’empêcher d’être soi-même, le grand timide et l’anxieux social auront alors tendance à opter pour la stratégie d’évitement. Ce qui va au fur et à mesure limiter drastiquement leur territoire social. Jusqu’à même fuir des rencontres amoureuses par peur de perdre leurs moyens et de se sentir malaisant.

Mis à part l’évitement des situations sociales il en existe une autre forme qu’on appelle l’évitement subtil. Il s’agit de faire face à une situation anxiogène (de gré ou par obligation) tout en trouvant des stratagèmes pour ne pas l’affronter pleinement. Exemples : Ne pas regarder dans les yeux, se faire discret au point de ne pas prendre la parole, faire semblant d’être sur son téléphone. Pour ma part j’étais mal à l’aise avec le silence (En classe, devant un film, dans une salle d’attente. …) ou le regard d’autrui, donc je faisais en sorte de faire un bruit ou de baisser la tête pour éviter de déglutir de manière forcée et que cela s’entende et se voit.

Comment les éléments entretiennent l’anxiété sociale :

Comment les éléments entretiennent la phobie sociale 

Une patiente de Christophe André et Patrick Légeron
« Je fais tout pour éviter d’avoir à affronter les situations sociales, je n’y arrive pas, si je me fais coincer j’essaie alors de fuir, sous un prétexte ou un autre. Parfois, fuir et encore plus embarrassant que de rester, alors je reste. Mais en me faisant la plus petite possible, en m’inhibant complètement »

Enfin, dans certains cas, c’est la fuite en avant. On adopte un comportement inverse de ce que l’on ferait spontanément, par exemple se montrer anormalement familier avec des inconnus ou des supérieurs lors d’un cocktail, quitte à s’en trouver mort de honte le lendemain … Et à éprouver alors le plus mal à rencontrer à nouveau les personnes auxquelles on s’est ainsi donné en spectacle 

Le problème reste le même : On évite ce qu’on redoute et plus on l’évite plus on le redoute. Et comme le disait Sénèque « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les faire. C’est parce que nous n’osons pas les faire qu’elles sont difficiles »

Benoît, 47 ans, enseignant
« J’ai toujours l’impression d’être jugé, d’être sur la sellette. Un regard, un sourire, un silence, et je me retrouve déstabilisé. Chaque fois, j’ai l’impression de passer un examen, d’être coupable de quelque chose … »

Laurent, 36 ans, conducteur de travaux publics
« Je me complique la vie. Je n’arrête pas de me demander si ce que j’ai fait est bien, quelle impression les autres ont de moi, si je n’aurais pas dû dire les choses différemment, comment les gens vont réagir à mes faits et gestes »

L’anxiété sociale est associée à tout un ensemble de perceptions spécifiques de soi-même et du monde environnant. La psychologie cognitive traite de cela. La psychanalyse s’attache surtout au pourquoi des problèmes. Le cognitivisme cherche plus à répondre à la question du comment.

Définition Cognition :
Pensées automatiques, récurrentes et involontaires qui reviennent inlassablement dans certains contextes. Exemple : « Je ne l’ai pas regardé dans les yeux il a du remarquer mon mal à l’aise » « Je n’y arriverai jamais » etc .. Elles prennent l’allure de quasi-certitudes conscientisées. Ces pensées ont 3 axes :
– Le pensées sur soi-même. « Ma voix n’est pas assurée » ; « Je tremble trop » ; « Je ne suis pas intéressant »
– Pensées sur ce que disent les autres. « Ils me trouvent ennuyeux » ; « Ils ont repéré mes tremblements » ; « Elle va me trouver impoli »
– Pensées sur ce que vont faire les autres. « Ils ne me réinviteront plus » ; « Ils vont me faire une remarque à ce sujet » …

Cela confirme que l’anxiété sociale est souvent associée au regard négatif qu’on porte sur soi et ses performances. Tout en y accordant une importance démesurée et une autodévalorisation très excessive. Elle est de ce fait corrélée à une estime de soi basse. L’anxiété sociale est d’ailleurs très souvent anticipatoire. « Si je prends un verre, je vais trembler ; Si je tremble, les gens vont me regarder ; S’ils me regardent, ils vont s’apercevoir que je suis ému ; S’ils voient que je suis émotif, ils penseront que je suis quelqu’un de faible et de peu fiable … »

L’anxiété est omniprésente – Avant – Pendant – Après comme en témoigne ce schéma :

Avant la situation Anticipation négativeOn imagine le pire des scénarios possibles
Pendant la situation Focalisation sur soi On se concentre sur son malaise intérieur plus que sur la situation en cours
Après la situationHonteOn repense inlassablement à ses erreurs présumées, et on amplifie les conséquences

Avec deux caractéristiques qui prédominent :
1-) Une désorganisation des capacités de réflexion et d’analyse
2-) Une hypervigilance inquiète vis-à-vis de l’environnement

La peur influence la réalité

J’ai par le passé connu une femme qui était Éreutophobe à un niveau important. Elle me racontait que plus elle y pensait plus son rougissement se manifestait et s’accentuait. C’est justement ce qui est évoqué dans ce livre. Les psychologues décrivent ce phénomène sous le terme de « Prophéties autoréalisées ».

Les quatre principales formes d’anxiété sociale


Anxiété sociale normaleAnxiété sociale pathologique
Manifestations anxieuses ponctuelles et égo-dystoniqueTrac, appréhensions ponctuellesPhobie sociale
Manière d’être permanente et ego-syntoniqueTimiditéPersonnalité évitante

Elle est soit :
Ego-syntonique = en relative concordance avec la vision que le sujet à de lui-même (« c’est dans mon caractère »)
Ego-dystonique = en opposition avec les aspirations du sujet (« Je me supporte pas quand je suis comme ça « )

Définition Trac : Anxiété intense mais passagère, limitée à une situation et à un contexte donné.

Un critique de Rock le définit d’une manière très juste mais non sans humour. « Dans le langage des artistes on appelle ça les chocottes, les jetons, la pétoche si vous préférez. Qui vous transforme le coeur comme un solo de Ringo Starr »

Presque l’intégralité de la population a déjà ressenti du trac, c’est normal. Cela peut-être même être bénéfique car le stress, jusqu’à un certain seuil, améliore les performances. D’ailleurs faits surprenants, une étude a démontré que les traqueurs avaient un rythme cardiaque plus élevé que les personnes atteintes de phobie sociale, juste avant de prendre la parole en public. Au moment de la prise de parole en public leur stress devenait par contre égal à celle des sujets normaux contrairement aux anxieux sociaux qui gardaient un rythme cardiaque élevé.

Trac ou phobie sociale ?

TracPhobie Sociale
Votre anxieté est forte peu avant la situationVotre anxiété est très forte longtemps avant la situation
Elle diminue assez vite dès que vous commencez à parlerElle ne diminue pas lorsque vous parler. Elle peut augmenter
Même si votre anxiété est forte et vous gêne, vous continuez de parlerVotre anxiété peut atteindre le niveau d’une attaque de panique incontrôlable, et vous obliger à quitter la situation
Vous vous sentez soulagé après avoir terminé votre interventionVous vous sentez honteux après avoir terminé
Vous récupérez assez vite ensuiteVous vous sentez épuisé en suite
Si vous avez régulièrement l’occasion de prendre la parole dans les mêmes circonstances, cela diminue peu à peu (habituation)Même si vous êtes régulièrement contraint de prendre la parole dans les mêmes circonstances, votre anxiété ne diminue pas, et vous avez plutôt l’impression qu’elle augmente (sensibilisation)

«La timidité a été le fléau de ma vie» Montesquieu
«La confiance fournit plus la conversation que l’esprit» Rochefoucaud

Définition timidité : Inhibition, manque d’assurance et de hardiesse dans ses rapports avec autrui

La timidité est chronique et durable et le concerné redoute particulièrement les premières fois. Mais au fil du temps son angoisse se calme et il parvient à s’adapter contrairement à l’anxieux social qui voit son anxiété s’accroître. Voilà pourquoi la timidité ne peut pas être considéré comme une maladie.

« Moi ce qui m’intimide, c’est tout ce qui est nouveau, imprévisible ou soudain » disait un patient

Une étude portée sur des étudiants qui étaient filmés a démontré que les timides parlaient moins, riaient moins, regardaient moins dans les yeux, mettaient plus longtemps à relancer la conversation et les temps de silence étaient plus fréquents dans leur discours. On retrouve aussi un registre de mimiques et d’expressions moins riche. En revanche, dans un cadre familier les timides se comportement tout à fait normalement.

les qualités du timide : A l’écoute – L’empathie – Observateur – Sait lire les états d’âme d’autrui – Désir de bien faire et discrétion appréciés dans les milieux professionnels – Attentif aux besoin des autres

Il faut noter à ce propos que ce désir d’être apprécié est moins angoissant que la peur permanente d’être rejeté que ressent le phobique social.

La timidité gêne d’ailleurs plus les hommes que les femmes. Et les personnes qui consultent pour ce problème sont assez souvent des hommes. Notre société trouve d’ailleurs volontiers du charme aux femmes timides ( surtout si elles sont jeunes et jolies ) mais ne valorise guère la timidité masculine

Les souffrances du timide : Elle peut-être corrélée à la dépression ou l’utilisation d’alcool – Ils se dévalorisent – Leur timidité peut ralentir leur vie sentimentale et professionnelle – Elle conduit souvent à la solitude

TimiditéPhobie sociale
Désir d’être acceptéDésir d’être oublié
Inhibition, les premières fois, puis relative aisance au fur et à mesure des nouveaux contactsLa répétition des contacts ne met pas toujours plus à l’aise. Au contraire ( à cause de la peur d’être démasqué au fur et à mesure que l’intimité s’accroît)
Gêne en situation socialeVéritable panique en situation sociale
Sentiment de déception après les prestations sociales jugées insatisfaisantesSentiment de honte après les prestations sociales jugées insatisfaisantes
Le désir de contact est supérieur à la crainte de l’échecLa crainte de l’humiliation est supérieur au désir de contact
En cas de gêne sociale, conduites d’inhibition, et observation des autresEn cas de gène sociale, conduites de dissimulation de son malaise et auto-observation
Les attitudes sociales amicales et accueillantes rassurent (Je n’ai pas à faire le premier pas)Les attitudes sociales amicales et accueillantes peuvent embarrasser ou angoisser (Est-ce sincère ? Que faire ? )


« L’enfer c’est les autres » Jean Paul Sartre

Les personnalités évitantes préfèrent se dire « Je n’ai pas envie » ou « Je ne peux pas » ou « Ce n’est pas la peine » plutôt que « Ca me fait peur ». C’est nettement plus confortable.

D’où parfois une vision du monde pleine de rancœur, d’amertume, de misanthropie … Par peur d’aller vers les autres, de bousculer son petit ordre rassurant. On finit par se dire que les autres sont décevants

Leur fréquence est assez mal connue, on l’évalue à environ 1% de la population. Dans près d’un cas sur deux, la personnalité évitante est associée à une phobie sociale.

Êtes vous phobique sociale ou souffrez-vous aussi d’une personnalité évitante ? Diagnostique

Personnalité évitantePhobie sociale
Évitements rationalisés : « J’évite car je n’en ai pas envie, ça ne vaut pas la peine, je suis trop fatigué » EtcÉvitements culpabilisés : « J’évite et je ne devrais pas, mais je ne me sens pas capable, je ne suis pas assez fort, j’ai honte … »
Attribution de responsabilité externe : « C’est la faute des autres, ils ne sont pas assez accueillants, ouverts, indulgents etc »Attribution de responsabilité internet : « C’est ma faute, je ne fais pas assez d’efforts, je suis trop émotif, je m’écoute trop etc »
Peu demandeur d’aide pour son anxiété socialeS’il est informé, demandeur d’aide pour on anxiété sociale
Conscience floue de son anxiété socialeConscience claire de la souffrance due à son anxiété sociale
Anxiété sociale ego-syntonique : « Je suis comme ça »Anxiété sociale ego-dystonique « j’aimerais ne pas être comme ça »
Très peu d’amis et de sorties non imposéesQuelques amis et capable de sorties non imposées

Sandrine :
« De quoi ai-je peur, je ne le sais pas bien moi-même … Du regard des autres, ça oui, dans presque toutes les circonstances, ou du moins, chaque fois que je suis à découvert, que je dois me montrer et sortir de l’anonymat. Même pour des choses anodines : signer un chèque, demander un renseignement, dire à mon coiffeur que je souhaite comme coiffure … Je développe des ruses incroyables pour composer avec mon angoisse. Je fais des détours, j’invente des excuses, je suis devenue une reine de l’esquive … Mais je m’épuise, j’ai de plus en plus de mal à affronter la vie »

Une autre étude suggérait que la phobie sociale, dans ses formes complètes et moins complètes quoique invalidantes, toucherait à un moment ou l’autre de leur vie, plus de 10% de la population Américaine. Cette maladie représenterait donc la troisième pathologie mentale, après la dépression et l’alcoolisme. Pour la phobie social, la moindre course, la moindre course démarche représentent une épreuve. Quant à la prise de parole en public qui est la forme spécifique la plus répandue de phobie sociale, ses conséquences peuvent s’avérer très importantes. La personne refusera catégoriquement une belle promotion si celle-ci implique de parler devant des groupes. Elle ne pourra être témoin au mariage religieux de ses amis car il lui faudrait pour cela lire des textes à l’église Etc …

Toute situation sociale peut s’avérer, à leurs yeux, comme une occasion d’être jugé et négativement évalué par autrui. Et comme ce jugement ne leur est jamais indifférent, il ne leur reste plus guère d’instants de tranquillité !

Masques et malentendus
Nombre de phobiques sociaux donnent l’impression d’être froids et distants. Cela s’exprime par la tension anxieuse qu’ils ressentent dans les situations d’échange et par le désir qu’ils ont de tenir autrui à distance, afin de ne pas révéler leur vulnérabilité. Ainsi, un certain nombre d’entre eux arrivent à donner le change, préférant passer pour des snobs antipathiques que pour des timides maladifs, selon la devise « plutôt désagréable que minable »

Beaucoup de comportements agressifs sont également explicables par ce mécanisme. Mieux vaut passer pour un « râleur » ou même pour une « brute » que pour une victime.

Pour le phobique social, aucun échange n’est anodin. Chaque phrase, chaque pas, chaque regard, chaque poignée de main est comme un oral d’examen devant un jury impitoyable. Des croyances angoisses du type « les gens jugent sévèrement les autres » « Ils ne manqueront pas de faire preuve d’agressivité, de mépris ou d’ironie s’ils découvrent mes faiblesses » . On peut rencontrer des phobiques sociaux si interprétatifs du moindre détails qu’ils en arrivent à passer pour de véritables paranoïaques.

La phobie sociale se complique en dépression dans 50 à 70% des cas. Il est du au repli sur soi, le doute permanent sur ses capacités, l’usure nerveuse que suscite la peur de certaines situations ordinaires sont autant d’explications 

Si l’anxieux social éprouve de la gêne ou de l’inconfort lorsque quelqu’un par exemple, le regarde dans les yeux, c’est que son esprit est aussitôt envahi par des pensées comme « il va voir que je rougis » ou « il va voir que je déglutis » Si un événement te chagrine, ce n’est pas lui, c’est le jugement que tu portes sur lui qui te troubles

Notre cerveau récolte un nombre impressionnant d’informations par le biais de nos organes sensoriels. Mais ce sont plusieurs facteurs qui déterminent ce sur quoi nous concentrons notre attention. Cela peut dépendre de notre personnalité, de nos valeurs, de nos expériences passées ou bien des préoccupations immédiates et de notre état émotionnel à l’instant T. Après avoir mis l’accent sur certaines informations arbitrairement sélectionnées, notre cerveau va leur donner un sens qui déprendra de nos pensées automatiques autrement appelées cognition comme on l’a vu précédemment.

Si un collègue regarde sa montre lors d’une discussion autour du distributeur de café et que l’anxieux social le remarque, il pourrait être amené à avoir des cognitions de ce style « J’ennuie tout le monde ». Alors que d’autres personnes pourraient simplement penser « Il doit avoir du travail à terminer ». Cela démontre qu’entre la perception réelle des choses (Quelqu’un regarde sa montre) et l’émergence à notre esprit d’une cognition (« J’ennuie tout le monde ») notre cerveau a décidé de focaliser son attention sur l’aspect négatif et anxiogène. C’est le lot quotidien des gens atteints de phobie sociale oui qui manquent cruellement d’estime d’eux-même.

Ils ont aussi tendance à se créer des scénarios catastrophes en tirant des conclusions hâtives sans preuves tangibles. Voici un exemple que j’ai très souvent vécu par le passé. J’observais une personne proche de moi grommeler des mots dans sa barbe pour X raisons, rendant ainsi ses propos inaudibles. A partir de là, je m’auto-persuadé qu’elle faisait des messes basses pour me dénigrer jusqu’à réussir à lui inventer des propos qui n’étaient que le fruit de mon imagination. Mais c’est pas tout, j’étais devenu un véritable explorateur à la recherche d’indices. Il y a une forme de compulsion malsaine là dedans.

Les erreurs de logique

La maximalisation du négatif et la minimisation du positif sont des erreurs fréquemment mises en évidence chez l’anxieux social. La généralisation également. Comme le dit Jean-Yves « j’ennuie tout le monde »

Certains anxieux sociaux perçoivent la vie sous une forme de dualité : Le bien d’un côté – Le mal de l’autre. Si chaque individus peut être l’objet de telles erreurs cognitives de manières beaucoup plus occasionnelles, chez lui cela deviendra un raisonnement quasi systématique qui lui fait perdre la notion de la réalité. Les situations incertaines deviennent alors négatives « On me sourit, c’est sans doute de l’ironie ». Et les situations négatives prennent des proportions catastrophiques « On me critique, c’est la fin du monde ».

Des Diktats silencieux
Les psychologues cognitifs se sont aperçus que ces pensées automatiques n’étaient que la partie visible de l’iceberg. Plus en profondeur il y a les soubassements qui ont façonné notre personnalité et qui sont les conséquences de nos croyances et nos valeurs depuis tout ce temps. Les plus fréquentes sont « Je ne dois pas déranger ou contrarier sinon je serai rejeté » , « Je dois être aimé et apprécié de tous » ou encore « Il faut réussir tout ce que l’on entreprend pour être crédible aux yeux des autres » etc. Cela devient alors des messages impératifs comme « Il faut que … » ou « Je dois … » Ces schémas se sont construits à partir des expériences et de l’histoire personnelle.

Les anxieux sociaux deviennent d’une totale subjectivité en ce qui les concerne ! De nombreux travaux ont ainsi montré qu’ils ont une irrépressible tendance à avoir une mémoire très sélective, ne se souvenant à propos des situations sociales que des détails les plus négatifs 

Image de soi et anxiété sociale :
L’anxiété sociale survient particulièrement lorsqu’un individu désire produire une impression favorable chez autrui mais craint de ne pas pouvoir y parvenir. Autrement dit les difficultés surgissent si la situation présente un enjeu, s’il existe une « mission à accomplir », comme le disait l’un de nos patients

La crainte de pouvoir obtenir ou même simplement mériter l’estime d’autrui est à la base de l’anxiété sociale. Elle témoigne le plus souvent d’une vision très (trop) élevée des critères à atteindre pour pouvoir s’estimer performant. Dans la plupart des cas, les anxieux sociaux placent la barre trop haute. C’est la raison pour laquelle dans les situations ou avec les personnes qui comptent, ils risquent particulièrement de perdre leurs moyens

Un trouble et plusieurs causes
A l’instar de presque tous les troubles psychologiques, les origines sont plurifactorielles. Elles dépendent à la fois de la biologie ; de l’histoire personnelle et du milieu culturel et époque dans laquelle on grandit

Un éminent chercheur de Havard a affirmé que 15 à 20% des enfants de race blanche étaient prédisposé à la timidité. Tout cela à cause d’une amygdale cérébrale dysfonctionnelle réactive à certaines situations stressantes et située dans la zone limbique du cerveau. Celle-ci entrainerait une hypersensibilité aux évènements stressants. Une autre étude d’envergure a démontré que 30 à 40% des jumelles ont cette même part génétique dans l’installation de la phobie sociale. Enfin, un sujet atteint de phobie sociale a plus de trois fois plus de chances de voir ses parents atteints par ce trouble anxieux.

Les conseils aux parents d’enfants timides :

1) Soyez vous-même sociable . 2) Facilitez ses contacts directs avec les autres adultes 3) Favorisez sa vie sociale avec d’autres enfants. 4) Vivez en grand groupe à certains moments 5) Aidez-la à aller vers les autres enfants 6) Ne le brusquez pas

Un trouble universel mais inégalement répandu

Une étude interculturelle a démontré que le Japon était plus disposé à avoir de timides tandis que Etats-Unis ou Israël, c’était son exact opposé. Le responsable de cette étude déclare « Au Japon, si c’est un gosse réussit ce sont les parents qui en bénéficient. S’il échoue, c’est lui qu’on blâme. En Israël, si un enfant devient champion, il est choyé. S’il rate c’est que l’entraîneur était mauvais et que tout le monde est contre les juifs ».

Au Japon, il existe d’ailleurs une forme de phobie sociale que l’on appelle Taijin Kyofusho. A la seule différence que c’est la crainte de gêner autrui qui occupe le premier plan pour cette dernière. Alors que pour les Occidentaux c’est la peur d’être ridicule et de se sentir embarrassé qui l’emporte sur celle de mettre les autres mal à l’aise.

Le rôle du confucianisme, prônant la soumission de l’individu aux exigences du groupe familial et social, permet peut-être d’expliquer la fréquence du Taijin Kyofusho dans d’autres pays d’Asie, comme la Chine et la Corée

A l’inverse, une société comme la notre qui prône la performance individuelle, l’apparence et la maîtrise de son image favorise l’anxiété sociale. Elle nous rappelle également que la réussite passe par le fait de savoir communiquer.

Thérapie comportementale et cognitive

Du bon usage des psychotropes
Dans l’anxiété sociale, les psychotropes permettent de débloquer une situation et peuvent également servir de béquille. La meilleure façon de se servir des psychotropes c’est de les accompagner d’une psychothérapie adapté

Les bêtabloquants
On les appelle ainsi car ils agissent sur des petites zones situés sur divers organes : « Les récepteurs bêta ». C’est là que les catécholamines ou hormones du stress, comme la noradrénaline et surtout l’adrénaline, agissent, accélérant le rythme cardiaque, provoquant une transpiration cutanée et une sécheresse de la bouche etc … Les bêtabloquants empêchent ces hormones de développer leurs effets. Ils sont indiqués lorsque l’anxiété sociale est une anxiété de performance, c’est à dire déclenchée par une situation bien précise, limitée dans le temps et l’espace, et dont les symptômes physiques sont importants et gênants. L’effet ne dure que quelques heures. Ils sont toutefois peu efficaces dans les cas de phobies sociales généralisées, de personnalité évitante, d’appréhensions sans trac.

Les tranquillisants
Ils permettent de freiner l’anxiété mais ne change en rien les stratégies d’évitements. Ils peuvent même la renforcer notamment lors de l’arrêt du traitement. C’est ce qu’on appelle « L’effet rebond ». De plus, il y a un risque d’accoutumance et les effets diminuent au fil du temps. Il est déconseillé d’en prendre si on souffre d’anxiété sociale sauf, éventuellement, pour une durée limitée

Les antidépresseurs
De nombreux travaux ont démontré leur efficacité contre la phobie sociale et la personnalité évitante. En particulier certains IMAO (inhibiteurs de la monoamine-oxydase). Il s’agit d’une enzyme cérébrale impliquée dans la régulation de l’humeur et donc de la dépression). Ce sont cependant les IRTS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la Sérotonine) qui sont les plus prometteurs. Ces molécules se sont avérées très efficaces contre l’anxiété, les troubles de panique et les TOCS. Toutefois, comme pour les bêtabloquants, l’usage des antidépresseurs doit se faire dans le temps et non de manière ponctuelle. Il y a des effets secondaires non négligeables et il peut y avoir des rechutes. Ce type de traitement ne peut donc dispenser d’une aide psychologique.

Les thérapies cognitivo-comportementales
Réputées pour leur efficacité, leur objectif est d’intervenir de manière directe sur les modes de pensée et les comportements des patients. Elles partent du principe, vérifié, que nombre de difficultés psychologiques sont en grande partie dues à l’apprentissage et au maintien de comportements et de modes de pensée dysfonctionnels. Les thérapies cognitivo-comportementales peuvent être couplées avec les médicaments. Elles répondent à trois problèmes : Comment ne pas fuir ; Comment mieux communiquer ; Comment penser autrement

Les anxieux sociaux ont tendance à prendre la tangente et se réfugier dans leur microcosme, c’est une constante. Leur petit monde solitaire leur permet de réduire leur anxiété et ça devient vite une habitude qu’ils aiment prendre. Or, ils doivent se confronter au monde de manière progressives et régulières pour s’en sortir.

Il y a alors ce qu’on appelle le principe d’exposition dont le principe est « Tant que l’on évite quelque chose, on ne peut que continuer d’en avoir peur »

Les principales étapes des techniques d’exposition

Percevoir les difficultés en termes de situations-problèmes« Dans quelles situations m’arrive-t-il de ressentir de l’anxiété sociale ? »
Etablir une liste de ces situations« Quelles sont ces situations ? »
Hiérarchiser les situations, de la plus facile à la plus difficile« Quelles sont, pour commencer, les moins angoissantes ? Quelles sont ensuite celles que j’ai le plus tendance à éviter ? »
Préparer la confrontation avec les situations« Que dois-je accepter pour affronter ces situations ? »
Planifier l’affrontement« Dans quel ordre et à quels moments vais-je les affronter ? »
Exposition« Je me jette à l’eau »
Évaluation des résultats« Qu’est ce qui a marché, qu’est ce qui est à revoir ? »
GénéralisationAprès plusieurs succès, j’aborde des situations auxquelles je ne me suis pas préparé ? »

Il y a d’abord une aide qui consiste à permettre aux patients d’y voir plus clair dans les différentes composantes de leurs difficultés. Il faut ensuite établir une sorte de « Hit-parade » de l’anxiété sociale de manière graduelle. Puis planifier l’affrontement et enfin s’exposer de manière assez longue. Cela permet après la montée d’angoisse initiale, de la stabiliser et de la voir se réduire avec le temps. Plus il y a de séances répétées d’exposition plus le niveau d’anxiété baisse.

L’évaluation de cette exposition doit se faire de la manière la plus précise possible. Avec le temps on observe une généralisation. C’est à dire une extension des expositions spontanées à d’autres situations que celles abordées en thérapie.

On ne guérit pas d’une anxiété sociale pathologique sans accepter de s’exposer

Les anxieux sociaux ont souvent un déficit en compétences sociales. Que ce soit dans le domaine verbe ou non verbale. Un des modèles les plus utilisés en matière de développement de compétences sociales est celui de l’affirmation de soi.

Lanxiété sociale est une anxiété d’évaluation qui repose sur une double peur. Peur des autres (Que vont-ils penser ?) et peur de soi (Tendance à focaliser l’attention sur soi et ses manifestations d’anxiété)

Comment procède le thérapeute pour aider son patient

Ces cognitions portent le plus souvent sur trois familles de craintes :

  • Surévaluation de la visibilité des symptômes (rougir, trembler, déglutir …) ou des défauts présumés (manque de culture, d’intérêt personnel …)
  • Surévaluation de la négativité du jugement d’autrui « ils vont penser que … »
  • Surévaluation des conséquences négatives de ces jugements sociaux « ils vont me dire … » « Ils vont me faire … »

Le thérapeute aide ensuite son patient à discuter ses contenus de pensée. Comme par exemple le jugement émotionnel, qui consiste à confondre sa perception et la réalité observée.

Exemple :

  • Soumission à autrui > « je ne dois pas déranger, me mettre en avant …  sinon je serai rejeté»
  • Performance sociale > « Quand je me trouve avec d’autres personnes je ne dois pas commettre d’erreur, ni subir de défaillance, sinon cela se retournera contre moi »
  • Hypervigilance vis-à-vis d’autrui > «Je dois être très attentif aux attitudes des autres sinon des choses vont m’échapper »
  • Hypercontrôle de soi > « Je ne dois pas laisser transparaître ma gène ou mes émotions »
  • Visibilité des faiblesses personnelles ou des manifestations émotionnelles « Les manifestations d’émotivité que je ressens sont aisément décelables » « Mon manque de culture et d’intelligence sont faciles à détecter »
  • Vigilance et menace de la part d’autrui « Les gens jugent négativement les faibles en les rejetant ou en les agressant »

Christophe André et Patrick Légeron nous proposent ensuite d’évaluer notre peur des autres à travers 14 situations. Pour ma part, je vous mets en lien un questionnaire très semblable et rapide à faire qui vous donnera des premiers éléments de réponse

Critères diagnostiques de la phobie sociale
A) Peur de situations dans lesquelles le sujet est exposé à des personnes qu’il ne connait pas ou à l’observation attentive d’autrui
B) La confrontation à la situation redoutée provoque systématiquement l’anxiété, qui peut prendre la forme d’une attaque de panique
C) Le sujet reconnait que sa peur est excessive et irrationnelle
D) Les situations sociales ou de performance redoutées sont évitées ou vécues avec détresse ou anxiété intense
E) L’évitement, l’anticipation anxieuse ou la détresse interfèrent avec le fonctionnement de la vie de tous les jours.
F) Chez les sujets de moins de 18 ans, la durée est d’au moins 6 mois
G) La peur ou l’évitement ne sont pas dus aux substances (Drogue, médicaments) ou à un autre trouble mental (TOCS, agoraphobie etc)
H) S’il existe une maladie médicale ou un autre trouble mental, la peur du critère A n’est pas liée à celle-ci ou celui-ci. Par exemple le sujet ne craint pas de bégayer (s’il est atteint de bégaiement), de trembler (s’il a une maladie de Parkinson)

Critères diagnostiques de la personnalité évitante
A) Évite les activités professionnelles qui entraînent des contacts importants avec autrui, par peur d’être critiqué, désapprouvé ou rejeté
B) Est réticent à s’impliquer avec autrui, à moins d’être certain d’être aimé
C) Restreint ses relations d’intimité par peur de se sentir honteux ou ridicule
D) Craint d’être critiqué ou rejeté en situations sociales
E) Reste réservé lors de nouvelles situations interpersonnelles, car ne se sent pas à la hauteur
F) Se perçoit comme socialement incompétent, pas attirant ou inférieur aux autres
G) Est, de façon inhabituelle, réticent à prendre des risques personnels ou à s’engager dans des activités nouvelles. Car susceptibles de le mettre dans l’embarras

Comprendre la phobie sociale ce que vous devez savoir :

Anxiété sociale normaleAnxiété sociale pathologique : Phobie sociale
Votre anxiété ne vous oblige pas a fuir les relations socialesVous êtes obligé d’éviter un grand nombre de situations sociales
Au bout d’un certain nombre de rencontres avec les personnes ou les situations, votre anxiété est moins forteIl arrive que vous n’êtes jamais rassuré, même auprès de personnes ou de situations que vous rencontrez très souvent
Vous ressentez surtout de la gêne et de l’embarrasVous éprouvez souvent une véritable panique et une grande honte
Vous avez des amis et des relations, même s’il vous faut du temps pour vous lierVous avez peu d’amis et de relations

Qu’est ce que la phobie sociale ?

Trois sortes de manifestations :

  • Des émotions pénibles : Crises d’angoisses avant et pendant les situations sociales, sentiment de honte après celles-ci. Angoisse difficile à contrôler, honte liée à l’impression que l’on a été ridicule ou inintéressant. Elle pousse la personne à se replier sur elle-même au lieu de rechercher du réconfort auprès de proches
  • Des modes de pensées négatifs : Peur permanente d’être jugée par les autres avec l’impression que les gens vont remarquer ses faiblesses. Mauvaise estime de soi. On juge négativement ce que l’on fait
  • Des comportement d’évitements : Évitement des situation sociales ou la personne se sent trop vulnérable. Elle refuse certaines invitations, ne se rend pas aux réunions … Si elle ne peut éviter elle adopte des comportements de protection, destinés à ne pas attirer l’attention sur elle. Ne pas parler, ou très brièvement, ne pas regarder dans les yeux, ne pas donner son avis etc …

Ces évitements représentent un véritable piège : plus elle évite, plus elle a honte d’elle et continue d’avoir peur, ce qui augmente encore ses idées négatives sur elle-même, ce qui la pousse à éviter encore plus … C’est pourquoi la phobie sociale ne disparaît pas d’elle-même et peut durer toute une vie.

Les conséquences de la phobie sociale sont : la solitude, difficulté professionnelle, dépression, tendance à boire de l’alcool … Elles ne sont pas perçues comme timides par leur entourage mais plutôt distantes, froides, peu sympathiques. Cette impression erronée vient de leur tendance à se protéger et à se mettre de la distance entre elles et les autres.

Il y a différentes formes de phobies sociales :
1. Peur de l’apparition d’un signe physique d’anxiété (trembler, transpirer, rougir, déglutir ..)
2. Parfois c’est une situation précise : Exemple : Écrire devant les autres, prendre la parole devant plus de 3,4 personnes
3. Peur de toute forme de contact avec autrui : Même le simple fait d’être regardé entraîne l’angoisse

Tableau des situations quotidiennes difficiles dans la phobie sociale 

Famille de situationsExemples concretsGêne dans la vie quotidienne
Réussir à être performantFaire un exposé, lire un texte face à un groupe, examen oral, entretien d’embauche …On ne peut prendre la parole dans les réunions professionnelles …
Bavarder ou échanger quelques motsParler de la pluie et du beau temps avec les voisins, commerçants, collègues …On évite de croiser ses voisins ou d’aller chez des commerçants, on ne participe pas à la pause café au travail
Se révéler, rentrer dans les discussions approfondiesNouer une relation durable avec quelqu’un, parler de soi, questions personnelles …On évite les invitations, on fuit les relations amicales ou sentimentales
Situations ou il faut s’affirmerDonner son avis, dire que l’on est pas d’accord, répondre à des critiques ou remarques ..On ne fait pas entendre son point de vue. On ne sait pas réclamer à un vendeur …
Situations ou l’on va être observéManger, boire, écrire, si on nous regarde : rentrer dans un endroit ou il y a déjà du mondeNe plus aller au resto, aux « pots », ne plus pouvoir rédiger un chèque, un formulaire, devoir arriver en premier dans les salles de réunion …

D’où vient la phobie sociale ?
Dans certains on pense qu’il existe dès la naissance des tendances anxieuses face à tout ce qui est nouveau ou inconnu. Mais on sait que le fait d’avoir été élevé dans une famille ou on parlait peu aux autres personnes, on on recevait peu d’invités, peut aggraver des tendances à la timidité. De même, certains événements traumatisants survenus à l’adolescence peuvent jouer un rôle dans l’apparition de la phobie sociale

Peut on s’en sortir ?
Il existe aujourd’hui des solution efficaces. Dont certains médicaments, à savoir des antidépresseurs dits « sérotoninergiques ». Parce qu’ils agissent sur la sérotonine, neurotransmetteur impliqué dans les états anxieux et dépressifs. Ce traitement peut diminuer l’intensité de votre phobie sociale.

Il existe aussi des psychothérapies efficaces sur la phobie sociale : Les thérapies comportementales et cognitives. Ces psychothérapies apprennent à mieux se confronter aux situations qui font peur et à domestiquer l’angoisse.

Pour conclure : La phobie sociale est une maladie anxieuse fréquente. Elle entraîne forte souffrance et handicap social important. Les phobiques sociaux interprètent généralement les événements de façon erronés ou disproportionnés.

Voir l’article précédent (Jeu Vidéo N°1 : Céleste)

Ma note : 7/10

Les +Les –
– Nous aide à pourquoi on est atteint d’anxiété sociale en donnant également des conseils précieux
– Amène à faire une réflexion sur nous-même
– Des descriptions détaillées
– Des exemples concrets
– Utile également pour les parents ou proches d’anxieux sociaux afin de les aider à assimiler ces troubles
– Très théorique ….
– Un livre qui date de 1995, il y a forcément eu depuis de nouvelles avancées et connaissances sur ces sujets
– Il manque peut être la dimension spirituelle et la méditation
– … mais avec peu de pratique

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