Introduction :
Qu’on en commun Thomas Edison, Charles Darwin, Winston Churchill ou encore J.K Rowling ? Ils ont échoué de nombreuses fois avant de réussir et c’est parce qu’ils ont autant échoué qu’ils ont réussi.
Serge Gainsbourg rêvait par dessus tout d’être peintre, un art majeur selon lui. N’arrivant pas à percer il se tourna vers la chanson qu’il voyait comme un art mineur. C’est grâce à ce relâchement et sans toute la pression qu’il s’infligeait en tant que peintre qu’il a pu exprimer son talent d’auteur et d’interprète.
Charles de Gaulle a enduré 30 ans de déconvenues entre le début de la première guerre mondiale et la seconde. C’est à leur contact qu’il s’est aguerri et a affirmé son caractère et sa vision des choses.
Ces deux exemples parmi tant d’autres prouvent qu’il y a de nombreuses vertus aux échecs.
- Il y a ceux qui induisent une insistance de la volonté
- Ceux qui permettent le relâchement
- Les échecs qui nous donnent la force de persévérer dans la même voie
- Ceux qui nous donnent l’élan d’en changer
- Certains nous rendent plus combatifs
- D’autres plus sages
- Ou bien ceux qui nous rendent disponibles pour autre chose
Charles Pépins, philosophe, était surpris de voir qu’il n’existait aucun ouvrage de Philosophie majeur sur cette notion, c’est ce qui l’a motivé à rédiger ce bouquin.
Contrairement aux animaux qui ne peuvent échouer car ils sont guidés par leur instinct nous autres pouvons échouer. Parce que nous sommes des hommes et parce que nous sommes libres de nous tromper, de nous corriger, de progresser.
1- L’échec pour apprendre plus vite – Le problème Français –
En 1999 un jeune tennisman Espagnol de 13 ans nommé Rafael Nadal vient de perdre la demi-finale du tournoi de tennis des Petits As, le championnat du monde officieux des 12/14 ans. Le Français qui l’a battu n’est autre que Richard Gasquet « Le petit Mozart du tennis Français ». Les spécialistes affirment qu’aucun joueur n’avait atteint un tel niveau de maîtrise du jeu à cet âge.
Pourtant 25 ans plus tard, Gasquet compte 16 titres en carrière et aucun Grand Chelem contre 92 titres en carrière et 22 Grands chelems pour Nadal. Gasquet a atteint au mieux la 7ème place mondiale quand Nadal a été N°1 mondial durant 209 semaines.
Comment expliquer cela ?
Jeune, Rafael Nadal perdait régulièrement contrairement à Gasquet. Il avait une incapacité à maîtriser le coup droit classique ce qui l’a contrait à développer ce fameux coup du lasso peu orthodoxe mais qui est devenu sa signature. Depuis ce jour ils se sont affrontés 18 fois sur le circuit professionnel, Nadal a remporté toutes les rencontres.
Rafael Nadal a certainement plus appris en une seule défaite ce que dix victoires n’auraient pu lui apprendre. Il remporta d’ailleurs ce fameux tournoi l’année d’après. Gasquet a lui été habitué aux victoires faciles jusqu’à ses 16 ans en échouant pas assez il a manqué de cette expérience du réel. Les succès sont agréables mais ils sont souvent moins riches d’enseignement que les échecs
Certains théoriciens de la Silicon Valley vantent le « Fail fast » et même le « Fail fast, learn fast« . – Échouer vite, apprendre vite – pour souligner les avantages des échecs rencontrés tôt dans une vie.
D’ailleurs, il est avéré que les entrepreneurs ayant échoué tôt réussissent mieux et plus vite si tant est qu’ils ont réussi à tirer des enseignements de leurs échecs. Professeur en philosophie depuis 20 ans au moment de sa parution, Charles Pépins explique qu’il est préférable d’échouer lamentablement à son premier cours de Philo et se questionner plutôt que de s’en tirer avec une note correcte mais ne se rendre compte de rien.
Il insiste aussi sur la vieille mentalité Française qui met en avant les diplômes et le « Fast track » (Réussir à vite se placer sur les rails du succès) antagoniste à la philosophie du « Fast fail » plus ancrée dans la culture Américaine, Britannique, Finlandaise ou Norvégienne. Cette idéologie par cette obsession des diplômes masque une peur de la vie. On cherche à se mettre à l’abri du risque et s’installer sur les rails d’une carrière toute tracée.
Les effets néfastes du « Fast Track » touchent même les professeurs. S’ils ont réussi l’agrégation ils enseignent 14 heures en étant mieux payés contre 18 heures en étant moins bien payés pour ceux qui l’ont raté avec un écart qui s’accroît tout au long de leur carrière. En clair, ceux qui ont échoué à 20, 22 ans vont en faire les frais tout au long de leur carrière. On donne ainsi la primauté aux diplômes plutôt qu’à l’expérience.
Jusqu’en 2013 les entrepreneurs Français ayant fait faillite étaient enregistrés à la banque de France via le fichier 040. Y être inscrit c’était la quasi assurance de ne trouver aucun financement pour un nouveau projet. Si une loi y a heureusement mis, la réticence des banques ou investisseurs demeure elle bel et bien. Aux États-Unis c’est l’inverse, on voit cet échec comme de l’expérience acquise, une preuve de maturité et des erreurs qui ne seront probablement plus commises. Ainsi, on peut davantage accorder un crédit aux entrepreneurs.
Avoir échoué en France c’est être coupable. Aux États-Unis, c’est être audacieux.
Enfants de Platon et de Descartes, nous sommes trop rationalistes et pas assez empiristes. Comme le disait l’américain Emerson « La vie est une expérience, plus on fait d’expériences mieux c’est »
2 – L’erreur comme seul moyen de comprendre – Une lecture épistémologique –
Thomas Edison le fondateur de General Electric a déposé dans sa vie plus de 1000 brevets. Durant l’année 1978 il passa des nuits entières à essayer d’inventer l’ampoule électrique jusqu’à en dormir 4 heures par nuit. Il avait appris à aimer l’échec car il savait qu’il fallait par là pour réussir. Il savait que la seule manière de s’approcher de la vérité était d’échouer d’abord à la comprendre. C’est le lot de tous les savants et chercheurs.
C’est le cas également de Marcel Proust dont le roman « A l’ombre des jeunes filles en fleurs » qui est conservé à la Bibliothèque nationale de France contient une quantité astronomique de ratures, retouches et modifications. Il a fallu qu’il rate de nombreuses fois pour que ce chef d’œuvre puisse poindre. Le tennisman Stanislas Wawrinka, vainqueur de 3 Grands Chelems semble l’avoir bien compris puisqu’il s’est fait tatouer sur le bras une citation de Samuel Beckett issue de « Cap au pire ». Traduit en Français cela donne « Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux »
Au fond, ce qui transforme une erreur « normale » en échec douloureux, c’est le fait de mal le vivre : le sentiment de l’échec. La culture de l’erreur protège du sentiment de l’échec.
3- La crise comme fenêtre qui s’ouvre – une question pour notre temps –
On a tendance à voir l’échec comme une porte qui se ferme. Et si c’était également une fenêtre qui s’ouvre ? Car l’échec est très souvent le point de départ d’une réflexion, d’une compréhension. Il amène à nous questionner.
Quelqu’un qui tombe en panne en rase campagne et ouvre son capot se questionnera forcément sur la façon dont fonctionne un moteur. De la même façon, chaque crash d’un avion est suivi d’une enquête indépendante dont les conclusions sont diffusées à l’ensemble des acteurs du trafic aérien, chacun de ces drames apportant des connaissances utiles pour la sécurité des vols. Notamment grâce à l’analyse des boîtes noires.
Saviez-vous que le débarquement salvateur de Juin 1944 l’a été en partie grâce à l’échec de l’opération « Jubilee » en 1942 ? Cette opération qui consistait à faire débarquer des Canadiens et Britanniques à Dieppe a viré au fiasco à cause d’une stratégie bancale.
Nos crises existentielles ouvrent elles aussi une fenêtre vers le réel. Une crise de couple est l’occasion de faire une introspection sur soi-même tout en essayant de chercher à savoir ce que l’autre souhaite et désire. Une dépression n’arrive jamais par hasard, il y a un message à voir et à saisir derrière tout ça. Mais attention, ce n’est pas parce que la fenêtre s’ouvre que nous sommes assurés de comprendre ce qu’elle nous montre. Il faut rester attentif aux signaux.
Notre crise collective
Selon l’auteur, les crises collectives comme celles nous subissons actuellement avec la méfiance des Français à l’égard de nos représentants. Le manque d’unité nationale qui ne durent que quelques jours à peine après une grosse attaque terroriste. ou le constat d’un pays de plus en plus divisé sont tant de fenêtres qui s’ouvrent.
Nous ne devons pas oublier qu’une crise n’est pas davantage une fin qu’un commencement. Vivre dans la nostalgie du passé ne fera pas avancer le schmilblick d’autant plus qu’elle peut-être une fenêtre vers un futur
4- L’échec pour affirmer son caractère – Une lecture dialectique –
« La difficulté attire l’homme de caractère, car c’est en l’étreignant qu’il se réaliser lui-même » (Charles De Gaulle)
Charles Pépins admirateur de la chanteuse Barbara prend en exemple son histoire. Monique Serf de son vrai prénom quitte Paris en 1950 pour rejoindre Bruxelles afin d’entamer une carrière de « pianiste chantante ». Malheureusement ses débuts dans les cabarets sont houleux, en tentant de reprendre le répertoire de Piaf ou Juliette Gréco le public la conspue. Elle retourne sur Paris l’année suivante pour une nouvelle série d’auditions. Elle rejoint finalement un cabaret ou s’est produit par le passé Boris Vian. Mais … avec un poste en cuisine.
Finalement, elle finit par connaître la gloire une dizaine d’année après avoir accepté ce Job de plongeuse. Ses échecs lui ont permis d’affirmer son caractère, de transcender sa motivation et de conforter plus que jamais sa vocation. Nos échecs sont une boussole, ils peuvent nous permettre de comprendre que nous avons par exemple échoué parce que nous ne tenions pas vraiment à ce que l’on poursuivait. A l’inverse, comme pour Barbara, ils peuvent galvaniser ce désir immuable et nous permettre de nous rendre compte qu’il est parfois plus fort que l’adversité.
Finalement Barbara rencontrera la gloire une dizaine d’années plus tard. Par le biais de ses textes, de sa présence scénique et de son interprétation on peut deviner qu’elle s’est forgée dans les épreuves.
Charles de Gaulle à également eu un parcours jalonné d’échecs. De mars 1916 jusqu’à la fin de la première guerre mondiale il était en captivité, il a bien tenté de s’évader à 5 reprises, mais en vain. Ce qui sera pour lui un regret éternel. Durant l’entre deux guerres il est resté dans l’ombre et même son fameux appel du 18 Juin alors que la France de Pétain a capitulé est passé inaperçu. C’est l’histoire qui, rétroactivement, en fera l’acte de naissance de la Résistance.
Son appel fait un flop monumental et lorsque les alliés débarquent en Afrique du Nord le 8 Novembre 1942 on fait appel à Henri Giraud pour prendre le pouvoir et non Charles de Gaulle. Lors du débarquement de Juin 1944 il est une nouvelle fois tenu à l’écart. Finalement c’est seulement le 26 Août 1944 que deux millions de Français sont venus l’acclamer sur les Champs-Élysées. Les alliés n’avaient d’autre choix que de reconnaître le Gouvernement provisoire de la République Française que le Général avait formé au début du mois de Juin.
Ses échecs ont façonné l’homme de caractère qu’il était. Il était prêt à en endurer d’autres sans faillir puisque son désir de servir la France était plus fort que tout. Cette résilience et cette résistance face à l’adversité sont devenus la clé de son succès.
L’échec est le contraire de la réussite, mais c’est un contraire dont la réussite a besoin
5- L’échec comme leçon d’humilité – Une lecture chrétienne ? –
Le mot humilité vient du latin « Humus » qui veut dire terre. Échouer c’est redescendre sur terre, arrêter de se prendre pour Dieu et se confronter au réel.
Les sportifs de haut niveau enchaînant les succès et qui sont persuadés d’être imbattables prennent souvent un retour de karma salvateur lorsqu’il réapprennent le goût de la défaite. Ce fût le cas par exemple du boxeur poids lourd Français Tony Yoka que les médias ont propulsé trop tôt vers un titre potentiel de champion du monde qu’il ne pouvait atteindre. Persuadé de pouvoir battre les meilleurs pugilistes de la planète, il subit pourtant trois revers consécutifs face à des boxeurs d’un cran inférieur qui lui ont donné l’occasion de mesurer ses propres limites. Nul doute qu’il ne sous estimera plus jamais ses adversaires et que cette leçon d’humilité lui servira à l’avenir.
L’auteur prend ensuite l’exemple de Steve Jobs co-fondateur de Apple, inventaire et visionnaire Américain. Il créé la société en 1976 dans son garage. En 1980 la firme atteint le milliard de Chiffre d’affaires et son introduction en bourse rapporte 240 millions de Dollars à Steve Jobs, 25 ans. Le jeune entrepreneur devient alors arrogant, n’écoutant que lui-même et ne doutant jamais de lui. Le lancement du premier Macintosh est un désastre, mais refusant toutes critiques et usant d’humiliation envers ses collaborateurs, il se fait virer de sa propre boîte en 1985 par le nouveau président nommé par les actionnaires.
Il dira plus tard lors d’une conférence à Stanford en 2005 « Cela m’a libéré, et permis d’entrer dans une des périodes les plus créatives de ma vie … Ce fut un médicament affreux mais je pense que le patient en avait besoin ». Cette humiliation et ce contact avec le réel lui a permis de retrouver l’humilité qu’il avait perdu et a fait ressortir en lui tout son potentiel créatif. D’ailleurs entre temps il aura fondé Next et racheté le studio d’animation Pixar. Pour couronner le tout, Apple finira par le réengager 12 ans plus tard car ils avaient besoin de ses logiciels haut de gamme.
6- L’échec comme expérience du réel – Une lecture stoïcienne –
« Ce qui dépend de toi, c’est d’accepter ou non ce qui ne dépend pas de toi« Epictète
« Mon Dieu, donne-moi la force d’accepter ce que je ne peux pas changer, la volonté de changer ce que je peux changer, et la sagesse de savoir distinguer les deux« . Marc Aurèle par cette prière résume la sagesse d’action Stoïcienne. C’est de toute façon une perte d’énergie considérable que de vouloir changer ce qui ne peut être.
L’échec nous confronte avec le réel. On échoue parce qu’il y a aussi des choses qui ne dépendent pas de nous. L’adage « Quand on veut on peut » met le principe de volonté au dessus de tout. Or, même la plus grande détermination ne peut pas tout.
Charles Pépins dit ensuite avoir rencontré de nombreux dirigeants qui ont intégré l’axiome de Marc-Aurèle et qu’elle était d’une redoutable efficacité dans les négociations commerciales.
Être stoïcien c’est avoir la sagesse, malgré les échecs, de concevoir cela comme une rencontre privilégiée avec le réel, que celui-ci renvoie aux forces du cosmos et aux lois de la nature. Les Stoïciens diraient que le destin n’est ni juste ni injuste car il est plus qu’humain. Le juste et l’injuste ne sont que des interprétations humaines. Se plaindre du réel, c’est le fuir, se réfugier dans un jugement subjectif qui n’apporte rien.
Les thérapeutes affirment d’ailleurs que leurs patients commencent à aller mieux le jour ou ils acceptent leur vie telle qu’elle est, le tout en essayant de bâtir dessus plutôt que de se lamenter sur leur sort. Ray Charles en est le parfait exemple. Aveugle à 7 ans, il perd sa mère à 15 et voit son jeune frère mourir par noyade entre temps. Sa réaction : « J’avais le choix. M’installer au coin d’une rue avec la canne blanche et une sébile ou tout faire pour devenir musicien » . Affirmation purement Stoïcienne qui fait résonner ce mot d’Epictète : « Ce qui dépend de toi, c’est d’accepter ou non ce qui ne dépend pas de toi ».
7 – L’échec comme chance de se réinventer – une lecture existentialiste –
Sartre affirme que « l’existence précède l’essence » cela signifie que nous sommes libres d’exister. Nous pouvons sans cesse nous réinventer, nous rectifier le temps de notre existence. Nietzsche met également en avant l’autodétermination lorsqu’il cite Pindare « Deviens ce que tu es« . On apprend à ce connaître au fur et à mesure des épreuves et expériences vécues, à force de sortir de sa zone de confort. L’auteur appelle cela les philosophes du devenir, une pensée qu’il partage.
J.K Rowling s’est elle aussi réinventé. Avant d’écrire le premier volet de Harry Potter elle s’est faite quitter par son mari et a perdu son poste chez Amnesty International. Sa sœur l’a hébergé avec sa fille en bas âge, sinon elle se serait retrouvé à la rue. Et pourtant, comme elle l’avouera d’elle-même c’est parce qu’elle a touché le fond qu’elle a su construire de nouvelles fondations. Elle écrivit alors son livre dans les pubs d’Édimbourg et quelques temps plus tard, après une douzaine de refus, un éditeur l’a publia. Le reste appartient à l’histoire …
Il existe depuis 2009 des Failcon, comprenez par là des conférences (con) sur l’échec (fail) devenus incontournables dans la Silicon Valley et qui cartonnent sur internet. Importées en France mais sans y rencontrer le même succès elles ont permis à plusieurs entrepreneurs de raconter leur parcours. C’est le cas de Jean-Baptiste Rudelle qui évoque le succès tonitruant de sa société Critéo.
Son idéé de départ était de créer un système de recommandation de films et d’articles de blogs, mais ce fût un échec. Il s’est servit de cela pour vendre de la publicité ciblée sur internet. Son entreprise est passé d’une arrière-boutique dans le XIIIème arrondissement de Paris à son introduction sur le Nasdaq de Wall Street. Jean-Baptiste Rudelle à su trouver une nouvelle impulsion ou il a pu remodeler sa vision afin de se projeter différemment dans l’avenir.
Être existentialiste, c’est penser qu’une vie ne suffira de toute façon pas à épuiser tous les possibles. Reste à ne pas trop passer à côté d’eux. C’est aussi redouter que le succès dans une voie ne nous y enferme, et nous conduise jusqu’au terme de notre vie sans savoir qui nous sommes. Contre la vision habituelle, c’est valoriser l’échec comme ouverture du champ des possibles : échouer plus, finalement, c’est exister davantage.
8 – L’échec comme acte manqué ou heureux accident – une lecture psychanalytique –
Saviez-vous que le créateur de la célèbre marque Honda a été très médiocre lors de son entretien d’embauche à un poste d’ingénieur chez Toyota ? C’est pour cette raison qu’il pris la décision de fabriquer des scooters… Et la marque Honda est née.
Cet exemple illustre bien que cet échec au premier regard doit finalement être considéré comme un «heureux accident». Il n’avait nulle conscience de cette envie en lui qui était de fonder sa propre entreprise. « Un acte qui est raté est en même temps réussi. Raté du point de vue de l’intention consciente mais réussi du point de vue du désir inconscient». Selon Freud : «l’acte manqué, c’est l’inconscient qui réussit à s’exprimer».
Les lapsus sont des ratés langagiers qui nous permettent de réussir à formuler ce que nous échouons à exprimer. Pas de surprise donc à ce que nous nous surprenions à vivre des répétitions qui ne nous conviennent pas car elles révèlent l’expression réussie de notre inconscient.
Michel Tournier a échoué plusieurs fois à l’agrégation de philosophie mais est ensuite devenu l’un des plus grands romanciers du XXe siècle. Il semble que le couple échec / réussite se produise à nouveau. Que sans échec préalable, point de réussite.
Les psychologues proposent aussi de ne pas considérer les échecs comme des accidents mais comme des manifestations de désirs cachés. De même, doit-on considérer un problème comme tel ou comme une opportunité ? Il faut cependant changer son regard sur l’acte vécu et y poser un regard neuf, l’accepter comme une opportunité, une manifestation de changement. Le propre de l’inconscient est que nous ne voulons pas voir, pas savoir.
9 – Rater, ce n’est pas être un raté – pourquoi l’échec fait-il si mal ? –
Lao Tseu « L’échec est le fondement de la réussite »
Ce chapitre nous montre bien à quel point la culture dans laquelle on baigne à toute son importance. Selon l’auteur, en Europe, « la culture de l’erreur est trop peu développée, nous confondons l’échec de notre projet pour celui de notre personne ».
D’après Freud, l’enfant doit être confronté à plusieurs figures d’identification pour oser l’audace. Il doit se confronter à différents exemples. C’est de cette manière qu’il finira par affirmer sa singularité et à dire « je ».
L’échec nous fait mal parce qu’il vient fissurer notre carapace identitaire, notre image sociale. L’idée que nous nous faisons de nous même. Pour mieux le vivre, nous pouvons déjà le redéfinir en prenant du recul sur la situation. L’échec n’est pas celui de notre personne, mais celui d’une rencontre entre un de nos projets et un environnement. Alors que c’est cette même image sociale qui nous réduit et nous rend comme accroché à une image paralysante. Elle nous fige dans un monde, un milieu, un système de pensée et de comportement.
Chapitre 10 – Oser, c’est oser l’échec
René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur et vas vers ton risque »
Chaque réussite démarre par une prise de risque et donc une possibilité d’échec. Elon Musk a fait le pari audacieux des voitures électriques. Il ne s’agit pas d’un choix, selon l’auteur, mais d’une décision. L’auteur distingue entre décision et choix. Pour lui, la décision est l’audace de la prise de risque ; alors qu’un choix est raisonné, expliqué, voire aseptisé et ne comporte aucune audace, donc pas de risque.
La souffrance exprimée par les hauts cadres en entreprise qui suivent des « process », en sont un exemple direct. Les « process » sont pratiques pour l’entreprise, car chaque salarié est ainsi remplaçable. Mais la créativité n’a en aucun cas sa place dans le « process ».
Le problème est que ces hauts cadres ne formulent jamais de créativité, ni d’audace. Ils se retrouvent en dépression car ils se sentent inutiles. Toutes leurs aspirations sont étouffées et refoulées.
Chaque audacieux qui réussit, et dont on connaît souvent uniquement les réussites, ont vécu énormément d’échecs. Richard Bronson, homme d’affaires britannique, en connaît un rayon avec certes des réussites phénoménales mais également des échecs cuisants. Sa carrière relatée dans sa biographie démarre par un échec retentissant. Il semble présenter lui-même ses échecs comme des moments presque « drôles », ou en tout cas, pleins de vie.
Richard Bronson : « les audacieux ne vivent pas longtemps, mais les autres ne vivent pas du tout ».
Selon l’auteur, le « véritable échec serait de n’en avoir vécu aucun ». En effet, ne pas connaître l’échec c’est finalement l’assurance d’être resté dans sa zone balisée, de ne jamais avoir rien tenté.
Dès que l’on prend le risque de tester, c’est qu’on commence à innover, à avoir de l’audace et qu’on se sent vivant et alerte. C’est de ces périodes qu’on ressort le plus de plaisir.
C’est en se confrontant à la réalité, qu’on va avoir le recul nécessaire et donc la possibilité de peaufiner et d’améliorer pour atteindre le mieux. Il ne faut pas laisser tomber mais y retourner et ajuster à chaque fois pour arriver au final à quelque chose qu’on n’aurait jamais pensé pouvoir créer, si on n’avait pas osé être audacieux, y croire et oser rater, oser l’échec.
Chapitre 11 – Comment apprendre à oser ? –
Mark Twain : « Détournez-vous de ceux qui découragent vos ambitions » !
Comment et Pourquoi oser ?
On ne naît pas audacieux mais on le devient au fur et à mesure des essais, des échecs et des réussites. Il faut toujours aller plus loin dans ses essais. Il s’agit d’une « conquête », comme le précise l’auteur.
3 conditions pour l’audace : « avoir de l’expérience, accroître sa compétence, maîtriser sa zone de confort pour en sortir. » En effet, celui qui n’a que peu d’expérience ne peut pas se référer à grand-chose et a tendance à y revenir en permanence. Il ne possède pas d’autres points de comparaison.
Celui qui a un grand vécu ne peut pas non plus tout balayer et est donc plus à même de se laisser « porter par son intuition ». Xavier Niel parle de son expérience et explique son passé scolaire difficile. Pour lui, ce qui a été le déclencheur c’est son premier ordinateur qu’on lui a offert à l’âge de 15 ans pour Noël. Il s’est découvert une compétence qui lui a permis de se sentir audacieux par la suite.
L’auteur nous montre aussi que de nombreux artistes prennent exemple sur des pairs qui ont réussi. Ainsi, Picasso se serait inspiré de Velasquez ou Cézanne, non pas dans leur style mais dans leur manière d’agir, dans leur aplomb. Brassens quant à lui s’est inspiré de Charles Trénet, Barbara et Edith Piaf.
Se rendre compte que des choses ont été possibles par d’autres, rend audacieux. Lorsqu’on manque d’audace, on peut aussi s’inspirer des grands, de ceux qui ont osé et réussis car ils nous font comprendre que c’est aussi possible et réalisable pour nous-même. Des proches qui croient sincèrement en nous représentent un puissant moteur qui va nous permettre d’avoir encore plus d’audace.
L’auteur fustige l’époque actuelle qui met à l’honneur des personnes sans talent, au travers des magazines people, cette espèce d’ode à la médiocrité qui risque, selon lui, d’étouffer notre propre audace et créativité car nous n’avons plus personne à admirer. Attention également à ne pas se laisser bloquer par trop de perfectionnisme, véritable frein à l’audace !
Ainsi, la société Google n’arrête pas de proposer des innovations qui ne trouvent pas toujours leur public. La politique de Google est d’essayer beaucoup, d’échouer beaucoup, pour réussir. Les exemples de produits ou de services foisonnent et ne sont pas forcément connus de tout le monde : les « Google glaces » (interrompues en 2015), « Google Wave », « Google Answer », etc. Ces échecs permettent aussi à Google de récupérer de nombreuses informations sur leur marché, leur audience, etc. Ainsi, la société avance par meilleure connaissance de son public.
« Plus on rate, plus on a de chance que ça marche ».
Les 4 axes, selon l’auteur, pour oser sont :
- Accroître sa compétence ;
- Admirer l’audace des autres ;
- Ne pas être trop perfectionniste ;
- Se souvenir, que l’échec, sans audace, fait particulièrement mal.
Ajoutons que les lectures, les aventures réelles des personnes inspirantes sont puissantes. Il faut ensuite se lancer et accepter l’échec.
Chapitre 12 – L’échec de l’école
Montaigne « Enseigner, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu »
L’auteur présente dans ce chapitre sa pensée sur l’école française. Elle n’enseigne pas le côté vertueux de l’échec et manque ainsi son rôle. L’élève est maintenu dans le manque de créativité, dans le sentiment de ne pas être « assez » (assez bien, assez beau, assez intelligent, etc.). Les élèves, continue le philosophe dans sa critique, ne sont pas encouragés, ni félicités dans leurs échecs, dans la manière de s’être « trompés ».
Est-ce que noter un « Peut mieux faire » sur un bulletin de note peut amener véritablement un élève à avoir envie de se surpasser, de s’améliorer ? Montrer à un élève que son échec est original et peut augurer des succès futurs aurait un tout autre impact sur lui et sur son désir de recommencer et d’apprendre différemment, de découvrir des terrains de tentatives, des envies de tests et de découvertes, qui eux, sont des tremplins vers la réussite.
La confiance s’installe et l’élève apprend très vite et bien mieux. Savoir qu’on a des compétences change complètement la donne et motive les élèves. En France, on ne s’arrête pas sur l’échec, qui semble tabou et sans valeur au lieu de l’encourager et féliciter cet échec. Dans nos écoles, l’élève reçoit sa note devant tous les autres, chose non possible aux États-Unis.
La Finlande semble être le champion de la motivation. Dans leur pays ils ont jusqu’à l’âge de 9 ans pour apprendre à lire, les premières notes apparaissent à 11 ans. A 13 ans ils peuvent choisir jusqu’à six matières optionnelles et à 16 ans ils composent entièrement leur programme.
Les enseignants Finlandais ont une grande liberté de trouver leur propre méthode d’enseignement. En France encore, au cours des conseils de classe, les professeurs soulignent les faiblesses des élèves dans leur matière au lieu de souligner les excellents résultats dans les autres. Encore une fois, on va souligner ce qui ne va pas au lieu de regarder et féliciter ce qui va.
Dans le monde professionnel, il en est de même. Nos supérieurs hiérarchiques nous rappellent souvent ce qui ne va pas et ne regardent pas ce qui va, même si ce qui va est souvent largement supérieur à ce qui doit être amélioré.
Cette vision des choses nous fait nous questionner aussi sur « que faut-il faire ou avoir pour réussir son existence ? ». Faut-il être moyen partout ou « assumer sa singularité ? » Nietzsche se pose la question suivante, non pas « Que sais-je ? » mais « Que vais-je faire de ce que je sais ? ». Que faire des connaissances que j’ai ? Les accumuler pour me rassurer ou bien de me lancer dans l’action ?
Chapitre 13 – Réussir ses succès
Jusqu’ici, on a parlé des échecs et du fait de ne pas se laisser arrêter par eux. Maintenant il est temps d’évoquer les succès. En effet, il peut y avoir un côté pernicieux dans la réussite, qui peut nous arrêter, nous stopper, devenant ainsi victimes de notre gloire personnelle.
Il peut nous faire rester dans une voie qui est toujours la même. On peut même se définir à travers eux au lieu de continuer à chercher, à avancer, à tâtonner, à continuer nos recherches. Autant il ne s’agit pas de s’identifier à nos échecs, autant il ne faut pas non plus s’identifier à nos succès ! On peut les apprécier mais sans s‘y arrêter définitivement.
Steeve Job : « restez fou, restez affamé, restez insatiable ».
L’auteur souligne l’importance de rester ouvert et de continuer à créer. Certains grands sportifs ou entraîneurs ne s’arrêtent pas aux succès et continuent ainsi de rechercher des stratégies pour continuer à innover, à inventer pour de nouveau être les meilleurs et ne pas copier ce qui a été déjà été fait. Il est important de ne pas s’endormir sur nos lauriers. La création produit le plaisir et elle nous redéfinit.
Pour réussir ses succès, il semble falloir les considérer comme nos échecs. Les savourer certes, mais ne pas s’y attarder plus que ça et ne pas les considérer comme acquis, comme la recette à appliquer sans relâche. Il faut au contraire, continuer de tester et d’inventer.
Chapitre 14 – La joie du combattant
Corneille : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire »
Cette célèbre formule de Corneille (dans Le Cid) nous rappelle que le bonheur ne peut être atteint sans échec. Il faut avoir gouté à la lutte, au combat, à l’échec pour réussir à savourer la réussite.
André Agassi, dans son livre autobiographique « Open », raconte sa période noire de descente aux enfers suivie par une renaissance déclenchée par sa confrontation avec l’accident grave de la fille de son meilleur ami. Face à la douleur de celui-ci, Agassi éprouve une soudaine rage et envie de vivre qui va le pousser à revenir à la vie. Il reconsidère la vie sous un angle complètement différent et sait maintenant pourquoi il décide de reprendre sa vie en main et le tennis : il veut créer une fondation pour les enfants défavorisés et la financer.
Ce retour en « pole position » nécessite souffrance et courage. Mais il ne poursuit dorénavant plus le rêve de son père « mais son propre désir ». De retour au sommet de la gloire, Agassi remercie ses échecs passés qui, sans les avoir vécus, ne lui auraient pas permis de goûter à nouveau à ce bonheur extrême.
John Travolta, suite à de nombreuses critiques importantes, regoûte également aux joies du succès avec le superbe film de Tarantino « Pulp Fiction ». Ces scènes aussi brillamment réussies par Travolta sont uniquement dues à ses échecs et déconvenues passées.
La lutte et l’échec, l’adversité, permettent d’atteindre le bonheur et le plaisir des petites joies quotidiennes. La joie a besoin de l’adversité pour se vivre et se faire ressentir. La joie a besoin d’être menacée pour être appréciée. La prise de risque, qui est contraire à la tiédeur si souvent recherchée, permet ainsi de ressentir le bonheur.
Léonard de Vinci et son œuvre magnifique… cette fureur créatrice qui l’habite a été le fruit de doutes, de souhaits maintes fois ressentis de renoncement et reprise d’essais, puis d’hésitations… pour donner place à ces merveilles artistiques et technologiques reconnues dans le monde entier.
Chapitre 15 – L’homme, cet animal qui rate
Bergson : « L’homme est le seul animal dont l’action soit mal assurée, qui hésite et tâtonne, qui forme des projets avec l’espoir de réussir et la crainte d’échouer »
L’auteur se demande ici si certains échecs peuvent ne rien nous apprendre ? Existe-t-il des échecs dont on ne se relève pas ?
Le parallèle entre l’animal et l’homme est flagrant : l’animal ne rate jamais alors que l’homme n’a pas l’instinct naturel suffisamment fort. Ce sont donc ses échecs successifs qui vont lui apprendre. Nos programmations humaines ne sont pas les mêmes que celles des animaux. Le jeune enfant aura besoin de 2000 chutes pour apprendre à marcher. Alors que le jeune poulain peut marcher quelques heures après sa naissance.
Selon certaines études scientifiques, le fœtus humain naîtrait trop tôt. Pour progresser, le jeune humain a besoin d’échecs et de tentatives, de l’expérience de ses aïeux. Mais les progressions atteintes seront immenses par rapport aux jeunes animaux.
« Savoir vivre, pour le jeune humain, c’est savoir faire quelque chose de ses ratés ».
Le renard saura détecter quelle baie est nocive pour lui après quelques déboires. Mais les apprentissages des animaux sont minimes au regard de ce qu’ils savent d’instinct détecter. Ils ne peuvent pas non plus transmettre leur expérience aux générations suivantes.
Selon Freud, les liens humains sont créés pour faire face à notre détresse de naissance précoce. Contrairement aux liens animaux qui suivent une toute autre règle. C’est notre échec de la nature en notre espèce humaine qui nous fournit en même temps toute notre grandeur.
C’est notre état « d’animal raté » qui fait de nous des êtres capables de créativité, de sublimation. Nous pouvons certes rater mais sommes capables de rebondir, analyser nos échecs er pouvons progresser. C’est parce que nous savons faire une force de nos échecs, que nous nous distinguons des bêtes.
Chapitre 16 – Notre capacité de rebond est-elle illimitée ?
Quelles sont nos différentes capacités de rebond ?
- 1ère option : choisir son camp entre psychologues et thérapies comportementales
Deux écoles s’opposent : les thérapeutes comportementalistes et les psychologues freudiens ou lacaniens. Les premiers pensent qu’il est vain, pour se remettre d’un échec, de s’allonger des mois ou des années sur le divan d’un cabinet de psychanalystes. Ils proposent d’autres outils. Changer ses représentations, apprendre à voir le verre à moitié plein et se reprogrammer vers le succès.
Les seconds reprochent aux premiers de ne pas considérer l’inconscient. Ou encore de déplacer le symptôme et de condamner le patient à la répétition.
- 2ème option : Séparer les âges de la vie en privilégiant vers 20 ans une forme d’ivresse, puis laisser passer quelques années pour « passer sur le divan » pour commencer à se poser des questions.
- 3ème option, la plus séduisante selon l’auteur : tenter de dépasser les oppositions, se réinventer le plus possible, renaitre de ses échecs, « utiliser les bifurcations et les rebonds » pour se rapprocher le plus possible de qui on est.
L’auteur décortique la célèbre phrase de Nietzsche : « deviens qui tu es ».
- Ne pas se laisser enfermer par nos échecs mais en faire des opportunités
- Rester fidèle à ce qui nous rend singulier, notre côté unique.
La seule chose qu’on pourrait avoir à se reprocher c’est d’avoir cédé sur son désir, de ne pas l’avoir suivi. Certains perdent tellement de temps et d’énergie à cacher ce qu’ils sont véritablement qu’ils n’ont plus assez d’énergie à devenir ce qu’ils doivent devenir.
Notre capacité de rebond, même sans être illimitée, reste énorme. A nous de prendre acte de nos échecs et d’apprendre à les faire fructifier pour réussir notre vie tout entière.
Mon avis : 8/10
Site officiel Charles Pépins : https://www.charlespepin.fr/
Précédent article : https://des-livres-pour-apprendre-a-saimer.com/les-onze-lois-de-la-reussite-anthony-robbins/
Les + | Les – |
---|---|
– Comme il est dit dans l’introduction il s’agit du premier véritable livre consacré exclusivement aux vertus de l’échec … Étonnant – Un modèle Français désuet et inégalitaire passé au crible. – Un essai philosophique qui propose de mieux appréhender et d’avoir un tout autre regard sur l’échec – Une ode au passage à l’action et à l’apprentissage par l’échec | – Peut être un peu trop de citations et de parcours de grandes célébrités ayant réussis mais pas assez de Charles Pépins ou de parcours d’anonymes |