Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=GrRz4KPmLxo
Histoire du film
Criblé d’une dette conséquente de plus de 200 000 dollars, Kim Seong-geun tente de se suicider en sautant d’un pont en plein coeur de Séoul. Échouant dans sa tentative désespérée, il reprend connaissance sur une petite île déserte située à quelques encablures de là.
Ne sachant pas nager et bloqué par le faible trafic maritime passant à proximité, Kim va peu à peu embrasser sa nouvelle condition et reprendre goût à la vie à travers les actes les plus rudimentaires qui soient. Tel un Robinson Crusoé des temps modernes, il va apprendre à cultiver. A pêcher. A s’habituer à la solitude et à son nouvel environnement en célébrant chacune de ses petites victoires.
En parallèle de la survie du naufragé, on va suivre l’histoire de Kim Jung-yeon. Une jeune femme hikikomori, recluse depuis 3 ans dans sa chambre, au domicile de ses parents. Elle a recours à un rituel immuable, dont l’un de ses passe-temps consiste à photographier la lune tous les soirs. Ainsi que Séoul, deux fois par an, lors des entraînements à une offensive aérienne. Laissant la mégalopole vide de monde. C’est en prenant des clichés de la ville qu’elle va apercevoir l’homme échoué, et suivre son quotidien jour après jour.
Sans se voir, les deux êtres isolés de la société vont établir une connexion à distance. Elle lui enverra des bouteilles vides avec un mot à l’intérieur et il lui répondra avec des mots inscrits sur le sable. Une relation affective particulière va alors se nouer entre eux.
Pourquoi il faut voir ce film ?
Hikikomori est un mot japonais que l’on pourrait traduire par « cloîtrer chez soi » ou « retrait social » en français. C’est un phénomène principalement connu de la société nippone, pourtant ce comportement asocial concerne d’autres pays, et en particulier la Corée du Sud. Les personnes concernées s’excluent eux-mêmes de la société à cause, entre autres, de la pression oppressante du monde extérieur. En Corée du Sud, le temps de travail est actuellement fixé à 52 heures par semaine, en comptant les heures supplémentaires. De plus, le pays affiche le taux de fécondité le plus bas du monde, symptomatique du coût de la vie élevé et de leur culture du travail extrêmement compétitive. Si bien que le gouvernement de Séoul a décidé d’offrir une allocation mensuelle de 450 euros aux dizaines de milliers de jeunes âgés de 9 à 24 ans, pour les inciter à sortir de chez eux.
L’œuvre de Lee Hae-jun se veut être une diatribe poétique et satirique qui dénonce ces affres de la société capitaliste. Elle capte également des moments de magie comme lorsque le héros se voit contraint de dire adieu à son bateau-canard, demeure d’infortune de notre exilé accidentel. (Référence à « Wilson », le ballon de Volley de Tom Hanks dans « Seul au monde »). Ou lorsque le corps de Kim ressent les effets de l’apesanteur dès lors qu’elle photographie la capitale dépeuplée. La musique douce et mélancolique sert l’image et accentue la beauté du film.
J’ai été ému par le souffle nouveau apporté par le naufragé dans la vie de l’héroïne. Au point de la faire sortir de sa langueur dans laquelle elle était engluée depuis tant d’années. La curiosité et cette forme d’amour qu’elle lui portait lui ont permis de sortir de sa zone de confort à un niveau qu’elle n’aurait jamais pu soupçonner. De même, grâce à cette relation « épistolaire », lui aussi a pu donner un nouveau sens à sa vie à travers cette femme qu’il fantasmait. Et ce, sans connaître ni son nom, ni son visage.
Vous l’aurez compris, « Des nouilles aux haricots noirs » est un feel-good movie qui va bien au-delà de la simple survie. Et qui mérite d’être vu, car malgré son petit statut de film culte, il reste assez méconnu du grand public.
Quant à la traduction française de son titre, je vous laisse la surprise de le découvrir par vous-même.
Ma note : 8/10
Voir l’article précédent (Les quatre accords Toltèques)