Je ne peux pas m’arrêter de laver, vérifier, compter – Mieux vivre avec un TOC

Pourquoi ce livre ? comment s’en servir ?

Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) touche environ 2% des adultes et de nombreux enfants et adolescents. Ce livre sert de guide pratique pour gérer soi-même son trouble, tout en offrant des conseils pour soutenir la famille et l’entourage des personnes souffrant de TOC.

Un guide pour aider tous ceux qui souffrent de TOC et leur famille

Bien compendre sa maladie
Bien comprendre sa maladie, c’est la première règle pour la combattre.

Prendre en charge sa maladie sans « tout » attendre du médecin
Ce livre aide à s’orienter et à se repérer dans les prises en charge qui sont offertes à ceux qui souffrent d’obsessions-compulsions.

Avoir des réponses rapides à des problèmes urgents
Consulter un livre peut parfois être plus simple et rapide que d’attendre un rendez-vous médical. Là où les paroles d’un professionnel s’oublient, un bon ouvrage sur le trouble obsessionnel-compulsif reste accessible à tout moment. Il permet de mieux comprendre son trouble, de préparer ses consultations et d’en tirer plus de bénéfices, pour progresser plus efficacement vers la guérison.

Finalement ce manuel veut faciliter les relation entre :
– L’individu et sa maladie – c’est là son but essentiel
– L’individu et ses interlocuteurs principaux (famille, entourage, médecins).

Les six itinéraires possibles

  • 1-) La lecture complète : si vous avez le temps c’est ce qu’il y a de mieux
  • 2-) La table des matières : très détaillée. Elle indique les grands axes du livre
  • 3-) Les tableaux : la plupart des chapitres contiennent des tableaux résumant les principales infos
  • 4-) Les questions-réponses : ce sont les questions les plus posées par les gens ayant des TOC
  • 5-) L’index : il contient les principaux mots-clés du trouble et conduit à la page concernée
  • 6-) Les histoires : ce sont les différentes histoires d’hommes et de femmes atteints de TOC

Première partie : Le trouble-obsessionnel compulsif – comprendre pour mieux agir

Chapitre 1 : Vous voulez mieux comprendre les obsessions-compulsions

Les symptômes du trouble obsessionnel-compulsif

Les médecins l’appellent aussi :
– la névrose obsessionnelle : le terme le plus ancien
– le trouble-obsessionnel compulsif. C’est l’appellation retenue actuellement par les classifications internationales des maladies mentales.
– les obsessions-compulsions

Les obsessions

Comment se définissent les obsessions ?

L’obsession est une pensée intrusive et répétitive qui évoque un danger potentiel. C’est une inquiétude intense liée à un événement perçu comme menaçant, qu’on craint de provoquer par négligence. L’obsession porte sur un risque qu’on croit pouvoir éviter uniquement en restant constamment vigilant. Elles s’imposent contre la volonté.

Une obsession typique de saleté
Elizabeth se lave les mains plus de vingt fois par jour, par peur de la saleté. Elle évite de serrer la main de certains collègues et se change dès qu’elle rentre chez elle. Elle a même aménagé un endroit réservé à ses « affaires sales », qui prend de plus en plus de place. Bien qu’elle soit consciente de l’excès de son comportement, elle ne peut contrôler sa crainte obsessionnelle de l’hygiène.

Une obsession d’erreur typique
Jean Paul est promu chef de bureau dans un service de saisie automatique de la mairie, grâce à son travail sérieux. Mais rapidement, il doute de la qualité du travail de ses collaborateurs et commence à vérifier leurs tâches. Craignant de commettre des erreurs lui-même, il prolonge ses journées jusqu’à 20h30 pour tout contrôler. Il arrive de plus en plus tôt et une fois chez lui, il note sur un papier ce qu’il lui faut vérifier le lendemain matin. Il finit par être complètement débordé, incapable de déléguer et pris dans un cercle vicieux de surmenage.

Il existe deux autres thèmes fréquents d’obsessions : les obsessions de malheur et les obsessions d’agressivité.

Comment se caractérisent les obsessions ?

L’obsession est une pensée consciente qui s’impose à l’esprit
L’obsession n’est pas une pensée volontaire. C’est une pensée qui s’impose à la conscience. En ce sens, c’est une pensée qui vient automatiquement à l’esprit. Toutes les pensées automatiques ne sont pas des obsessions, mais toutes les obsessions sont des pensées automatiques.

L’obsession a un thème qui lui donne un sens
La pensée obsédante a un sens particulier qui n’est jamais complétement faux. Par exemple, il est assez banal d’avoir peur de se salir en manipulant une poubelle, ou peur de commettre une erreur en faisant son travail. On appelle ce sens particulier le thème de l’obsession. L’homme ou la femme atteint de TOC souffre en général de plusieurs thèmes d’obsessions. La pensée obsédante est une pensée constante. Les thèmes, une fois fixée par la maladie, restent les mêmes pendant des mois ou des années. Ce n’est pas une pensée liée à un événement particulier de la vie. C’est une pensée qui « flotte » sans disparaître.

L’obsession n’est pas une idée fixe
Contrairement à une idée fixe qui a une fin (exemple : Avoir peur de rater un examen, mais une fois terminée on n’y pense plus), l’obsession demeure. Elle concerne uniquement les dangers que l’on peut susciter soi-même.

Toute pensée de danger n’est pas une obsession
Si vous avez peur de mourir d’un infarctus et que vous y pensez toute la journée, ce n’est pas pour autant une obsession au sens du TOC. Pour une raison simple, il ne s’agit pas d’un danger que l’on pourrait soi-même provoquer ou dont on peut se protéger par un acte simple.

Les principaux thèmes des obsessions

On peut les regrouper en quatre grandes catégories

  • 1-) Les obsessions de saleté
  • 2-) Les obsessions d’erreur
  • 3-) Les obsessions de malheur
  • 4-) Les obsessions d’agressivité
  • 5-) Les autres obsessions

L’anxiété

C’est une anxiété de fond = lancinante, pénible, mais rarement paralysante.

C’est une anxiété qui retentit sur l’humeur = provoque une baisse de moral, du désespoir

Cette anxiété est le plus souvent calmé par le rituel = si le sujet est empêché de ritualiser ou incapable d’éviter, alors l’anxiété apparaît, immense, paralysante, insupportable. Mais l’anxiété n’est qu’un moyen médiocre de baisser l’anxiété, car ce n’est que transitoire. De plus, les rituels ont tendance à s’étendre à des activités de la vie quotidienne de plus en plus nombreuses.

Les rituels et les compulsions

Comment se définissent les compulsions
C’est l’autre principal aspect de la maladie. Cela vient du mot latin compulsare qui veut dire contraindre. On parle également de rituel. La compulsion souligne que le sujet se sent « forcé », tandis que le rituel souligne que l’acte accompli se présente toujours sous la même forme. Mais rituel ou compulsion décrivent le même phénomène. La compulsion (ou le rituel) est un acte qui est destiné à chasser l’obsession et à apaiser l’anxiété qu’elle provoque.

C’est un acte que l’on est obligé d’accomplir
Le sujet se sent « obligé » d’accomplir une action précise. C’est une véritable pulsion qui devient peu à peu un acte pratiquement automatique. S’il ne ritualise pas alors un malaise anxieux intense l’envahit, et cette sensation ne s’apaisera pas tant qu’elle n’aura pas accompli le rituel. Il existe une force intérieure qui la pousse à accomplir cette compulsion. Intérieurement, elle se dit en même temps : « c’est absurde » et « fais-le ». Ceux qui souffrent de TOC vivent avec honte et culpabilité l’absurdité de leur « gestes », et se reprochent cette « faiblesse ». Du coup, ils dissimulent au maximum leurs rituels.

C’est un acte qui apaise momentanément
Il existe aussi un lien entre l’obsession et le rituel : l’obsession précède le rituel, et le rituel apaise l’obsession. On dit parfois que le rituel « chasse » l’obsession. Même si le sujet admet qu’ils sont absurdes, il se sent obligé de faire ces rituels pour calmer l’obsession. La compulsion entraîne un fréquent sentiment de culpabilité.

C’est un acte stéréotypé
Le rituel sera toujours le même, c’est le sens du mot « stéréotypé »

Exemple : Avant d’aller au travail, Lion vérifie systématiquement si la cafetière est bien éteinte, puis touche la prise. Vient le tour du fer à repasse, en touchant la prise du fer, puis il fait le tour de salle et de la salle de bain. Tours les jours, de la même façon et dans ce même ordre.

C’est un acte répétitif
Le plus souvent le rituel n’est pas seulement stéréotypé, il est répété. Le sujet atteint de TOC répète plusieurs fois le même geste. Ainsi, il peut être conduit à se lever six ou sept fois les mains, voire bien plus. Il s’agit d’un nombre choisi sans logique. La seule logique, c’est que le sujet se sent légèrement apaisé au bout de cette répétition.

Ce n’est pas un trait de la personnalité
S’il s’agit d’un trait de la personnalité, l’individu concerné répondra « Oui c’est vrai, je suis un peu maniaque ». Tandis qu’un individu souffrant de TOC répondra « Je sais que mon rituel es absurde, je sais qu’il en appellera un autre, et que c’est sans fin ».

les différents types de rituels

On en distingue trois principaux :

Les rituels de lavage
Globalement ces rituels de propreté vont créer des « degrés de propreté » différents selon les lieux. En général, plus il s’agira de lieux intimes, plus il faudra que ce soit propre. Plus les lieux seront anonymes (la rue, la gare), plus ils seront considérés comme sales. Du coup, ces lieux seront souvent évités

Les rituels de vérification et de perfection
Ils s’observent le plus souvent dans les obsessions d’erreur

Les rituels mentaux
Ce sont des phrases ou des chiffres « magiques ». Je mets mon doigt sur l’interrupteur, je compte jusqu’à trois et après, j’appuie sur l’interrupteur pour l’allumer ou l’éteindre. Cela m’apaise. Si je ne le fais pas, j’ai l’impression d’avoir « mal » éteint ou allumé la lumière et que cela va porter malheur. Les rituels mentaux concernent surtout les obsessions de malheur, qu’elles soient de simples superstitions, des croyances religieuses ou des obsessions d’agressivité.

Les évitements

Dans certaines situations, la souffrance est parfois telle que le sujet atteint de TOC préfère « éviter » la situation qui déclenche les obsessions. Les évitements sont assez efficaces, mais perturbent considérablement la vie. Ils sont très importants dans les obsessions de saleté, d’agressivité ou de malheur. Ils sont plus rares dans les obsessions d’erreur.

Il y a les évitements massifs, les évitements subtils et discrets et les évitements inconscients.

Le TOC chez les enfants

Le trouble prend la même forme chez l’enfant que chez l’adulte

Les obsessions les plus fréquentes par ordre décroissant
– Les germes et la contamination
– Le fait de provoquer des catastrophes ou de faire du mal aux autres
– Des préoccupations sur ce qui est juste et faux
– Le fait d’avoir une « petite musique » dans la tête

Les principales compulsions par ordre décroissant
– Les rituels de lavage
– Les rituels de répétition (entrer et sortir, s’asseoir et se lever, les répétitions de phrase, etc.)
– Les vérifications
– Compter, ranger, toucher et accumuler

Les signes qui alertent
Les symptômes de l’enfant sont très proches de ceux de l’adulte. Les thèmes d’obsessions vont également changer au cours des années comme chez l’adulte. Par exemple, des rituels de lavage vont laisser la place au cours de plusieurs années d’évolution, à des rituels de vérification. Comme les adultes, la majorité des enfants ont des rituels mixtes.

Les répercussions du TOC

Il faut au moins une heure par jour d’obsessions ou de rituels pour dire que quelqu’un souffre de TOC.

A qui parler de ce trouble ?
– D’abord à votre médecin traitant. Il vous soignera lui-même ou vous enverra voir un spécialiste.
– A un spécialiste. La plupart des psychiatres soignent ce trouble par des médicaments. D’autres par les TCC. On peut aussi faire appel à un psychologue
– A l’AFTOC : l’association Française des personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs

Au fil du temps : les fluctuations du TOC

Selon les heures et les jours
La maladie fluctue naturellement au fil du temps avec des périodes d’aggravation et d’amélioration

Les pics d’anxiété
Comme dans toute maladies anxieuses, le TOC peut entraîner des crises d’angoisses. Dans la majorité des cas, il faut attendre que l’anxiété passe.

Chapitre 2 : Vous voulez savoir ce qui est normal et ce qui ne l’est pas

Certaines pensées vous obsèdent

Qu’est-ce qu’une obsession normale ?
Des études faites dans trois pays sur trois continents différents ont démontré que 80 à 99% des gens avaient éprouvé des obsessions dans le mois précédent le questionnaire. Les obsessions définies comme des pensées pénibles qui s’imposent au sujet, sont donc un phénomène banal touchant la quasi-totalité de la population.

Quels sont les thèmes des obsessions normales ?
Ces études ont montré que les thèmes des obsessions « normales » ne sont pas différents de ceux des obsessions des sujets souffrant de troubles obsessionnels-compulsifs. Une étude a recensé cinquante-deux thèmes différents sur trois cents sujets. Parmi les thèmes des pensées obsédantes les plus mentionnés chez les sujets normaux : brûler ou ébouillanter par accident – se représenter des étrangers nus – laisser la porte de la maison ouverte

Ces études démontrent que nous souffrons tous, à certains moments, d’obsessions qui sont normales. Ainsi, nous sommes tous un peu anxieux.

Comment faire la différence ?
Les sujets souffrant de TOC ont des obsessions incomparablement plus longues, plus fréquentes et plus intenses que les sujets normaux. Elles conduisent très souvent à des rituels, alors que pour les obsessions « normales » les rituels sont rares. Les thèmes sont pourtant globalement les mêmes (préoccupation de saleté, d’erreur, d’événements malheureux, d’idées agressives)

Il vous arrive d’avoir des rituels

Les rituels amoureux
Apporter des fleurs, mettre ses plus beaux vêtements, offrir un cadeau coûteux afin de montrer sa richesse et sa détermination, etc.

Les rituels religieux et sociaux
La circoncision du sexe dans les religions juives et musulmanes diminue les risques de maladies infectieuses vénériennes. Depuis ces rituels sont devenus désuets car l’hygiène et la santé ont évolué. Pourtant, ils sont maintenus par tradition religieuse.

L’expression « je croise les doigts », ne pas passer sous une échelle, éviter les chats noirs, ne pas renverser le sel à table etc. Tous sont des rituels superstitieux « normaux », et communément répandu

Les rituels du coucher
Le verre d’eau sur la table de nuit. Une brève lecture au lit. Ranger ses vêtements d’une certaine façon en se couchant.

Les rituels des enfants
Les enfants ont fréquemment des rituels qui auront tendance à diminuer, puis à disparaître. La disposition des peluches sur le lit, ou les comptines des parents avant de se coucher en fond partie. Ils sont normaux et sans rapport avec le trouble obsessionnel compulsif.

Les rituels normaux liés aux obsessions normales

Stratégie de maîtrise des obsessions normales
– Se concentrer sur la pensée obsédante : 69%
– Essayer de remplacer cette pensée par une autre : 55%
– Tenter de se rassurer : 51%
– Rechercher de la réassurance auprès des autres : 50%
– Ne rien faire : 49%
– Dire stop : 48%
– Chercher à se distraire : 41%

etc…

Notons que seulement 49% des gens n’ont aucune stratégie et ne font rien de spécial. Les autres ont des stratégies qui consistent finalement à faire un autre acte stéréotypé pour chasser l’obsession.

Comment faire la différence ?

Chez un sujet normal, les rituels amènent à une anxiété occasionnelle, brève, avec peu de résistance et pas trop pénible. Les rituels sont banals, rares, sans retentissement émotionnel et sans véritable conséquence sur la vie quotidienne. Il en va de même pour les évitements

Pour les gens souffrant de TOC c’est tout l’inverse.

Ou est la limite ?
Dans la population normale, les obsessions et les compulsions sont donc bien présentes. Mais elles amènent à peu de conséquences en termes de handicap, peu d’émotions pénibles et peu de temps perdu.

Chapitre 3 : Vous voulez en savoir plus sur les thèmes des obsessions-compulsions

Les obsessions

Les obsessions de souillures
C’est le thème le plus fréquent des obsessions. Il touche plus souvent les femmes que les hommes. Le sujet craint de souiller ses vêtements, sa peau, ses objets personnels. Leur maison est souvent « la citadelle de la propreté ».

1-) Les obsessions liées aux déchets et aux sécrétions : C’est l’obsession de saleté la plus banale. C’est une exagération de l’hygiène normale avec une alerte anormale face aux agents extérieurs salissants comme la poussière, la transpiration, l’urine, les selles, la salive.

2-) Les obsessions liées aux microbes ou aux germes : C’est le deuxième grand thème obsédant lié à la saleté et aux rituels de lavage. Beaucoup plus complexe que le thème de la saleté, il repose sur le doute qu’un élément invisible dangereux (virus, bactérie) puisse contaminer la personne. Le déclencheur des obsessions de contamination sont très proches de ceux observés pour la saleté : tout ce qui est extérieur de la maison, tout ce qui touche au sang, aux liquides de l’organisme (urine, sperm, sueur…) les animaux familiers (chien, chat, cobaye…).

3-) Les obsessions liés au cancer : Les situations qui déclenchent des obsessions sont les mêmes que pour la saleté

























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