Mon auto-thérapie en essayant de vaincre le mal par le mal

Il y a de ça plusieurs années, j’initiais mon auto-thérapie en mettant en mouvement des actions ayant pour but de vaincre mon anxiété sociale.

Ainsi, j’avais mis en place ma stratégie en m’essayant à différentes activités, dont en voici quelques-unes :

🔴Les Toastmasters : Il s’agit d’une association internationale à but non lucratif. Leur objectif est d’aider ses membres à améliorer leurs compétences en matière de communication et de leadership par la prise de parole en public. La mission des Toastmasters est de nourrir la confiance en soi de ses membres et d’encourager leur progression.

La peur de parler en public (la glossophobie) est considérée comme l’une des plus répandues puisqu’elle touche une large partie de la population. Je m’étais donc mis en tête qu’en mettant l’accent principalement sur cet aspect et le contact régulier avec autrui, je parviendrais à soigner ma maladie. C’est de cette façon que je me suis inscrit aux Toastmasters.

Le procédé diffère d’une ville à l’autre. Mais globalement, il était le suivant : un membre faisait un discours sur une thématique bien précise (soit par le biais d’un tirage au sort, soit c’était déterminé au préalable). Et les autres participants devaient ensuite donner leur avis sur sa prestation. Cela se faisait de manière bienveillante et sans jugement, le but étant que chacun gagne en leadership. Les plus aguerris pouvaient, quant à eux, préparer durant plusieurs semaines une rhétorique de 10 ou 15 minutes sur un sujet établi, dans le but de convaincre l’auditoire.

C’est ludique, récréatif, l’abonnement à l’année était de seulement 80 euros à l’époque, mais malgré tout, je n’ai pas progressé.

🟣Le site : On va sortir (OVS) : bon nombre d’entre vous connaissent sans doute très bien ce site de rencontres à visée principalement amicale. À l’époque, il était gratuit et prisé. C’était l’occasion de se retrouver au travers de sorties organisées par les membres eux-mêmes. Il y avait un panel de choix très large : sorties culturelles. Activités sportives. Jeux. Séjours. Karaoké. Billard, etc… destiné à un public de tous âges.

J’ai dû en faire entre 25 et 35 en l’espace de 1 an et demi. Avec ce même objectif qui était d’améliorer mon aisance sociale et si possible de me faire des amis.

Si le principe en lui-même est plaisant, notamment pour celles et ceux qui viennent d’arriver dans une nouvelle région, il n’est cependant pas un remède contre l’anxiété sociale. Je me faisais souvent violence, et parfois trop. Certaines sorties me rappelaient à quel point j’avais un mal fou à exister et à m’intégrer dans un groupe. Ce dur retour à la réalité m’amenait à avoir des idées noires. Mais, j’ai aussi réussi à apprécier certaines sorties de groupes plus restreintes et avec des activités dans lesquelles je me sentais plus à mon aise.

Le théâtre, une solution inefficace et contre-productive pour traiter la phobie sociale sévère

🟢Le théâtre : les bienfaits du théâtre ne sont plus à démontrer. Gain de confiance en soi, maîtrise de l’art oratoire, ode au lâcher-prise, présence scénique… De plus, c’est un art qui m’a toujours plu et impressionné en tant que spectateur. La tentation de m’y essayer était donc tangible.

Afin de commencer en douceur, j’ai privilégié le théâtre traditionnel, issu d’un univers textuel et préparé, à celui d’improvisation qui est plus spontané et donc, a priori, plus effrayant pour une personne anxieuse sociale.

L’accueil était agréable et les cours se passaient dans une bonne ambiance. Il n’y avait ni critiques, ni messes basses, ni sourires sardoniques face à la prestation moins convaincante des membres les plus perfectibles. Quant à moi, je prenais un réel plaisir à faire certains exercices. Et encore plus lorsqu’il s’agissait de regarder jouer les autres.

C’est au moment de monter seul sur scène que les choses ont radicalement changé. Et à vrai dire, même avant, puisque l’anxiété d’anticipation nous empêche de profiter pleinement du moment présent. Des tonnes de questions nous traversent l’esprit. On retarde un maximum l’échéance, et dès que tout le monde passe et qu’il ne reste plus nous, c’est le drame. C’est comme si on passait un oral d’examen devant un jury impitoyable, en étant totalement nu sur scène. Impossible d’opter pour la stratégie d’évitement, parce qu’il n’y a pas d’échappatoire, tous les projecteurs sont braqués sur nous.

Et, puisque l’anxieux social est très dur avec lui-même, il suffit que sa prestation ne lui ait pas convaincu pour qu’il rumine à foison et se mette dans un état lamentable. C’est un peu ce qui m’est arrivé. Dès lors, chaque cours de théâtre, qui étaient censés être des moments de partage et d’amusement, devenaient une lutte incessante contre moi-même. Mais le pire, c’était le flot de pensées qui fusaient dans mon cerveau plusieurs jours avant. C’est pour ces raisons, et d’après mon vécu et celui d’autres personnes que j’ai côtoyées, que je ne conseille pas le théâtre pour une personne souffrant d’anxiété sociale sévère.

La répétition des actions est infructueuse

Le timide qui manque de confiance en lui voit son anxiété décroître à force de répétition. Il finit par prendre ses marques, trouver ses repères et s’affirmer davantage. L’anxieux social, contrairement au timide, ne se détend pas avec la répétition. Pire même, il peut voir ses peurs s’intensifier, rendant la situation suffocante. Il sort de là déprimé, se trouvant lamentable et honteux, alors qu’il a fait preuve d’un courage exemplaire.

C’est ce qui fait qu’on ne peut pas considérer la timidité comme une maladie, contrairement à l’anxiété sociale.

Mais… il existe du théâtre adapté, idéal pour les anxieux sociaux

Même si leur nombre est encore malheureusement famélique, plusieurs organismes ici et là donnent accès à des cours de théâtre pour les personnes ayant ce trouble. J’ai pu m’y tester une fois via Médiagora, une association pour ceux qui souffrent de phobies, d’anxiété sociale, de panique, d’agoraphobie ou d’autres troubles anxieux. Elle se trouve dans quelques départements français.

Quelques groupes de théâtre offrent également cette perspective, notamment en région parisienne. Mais c’est le cas aussi d’autres structures comme les groupes de soutien. Cela peut être une solution très efficace. Puisque tout le monde ici est logé à la même enseigne et vient pour la même raison. La pression est donc beaucoup moins importante et les actions se font plus en douceur.

Voir l’article précédent : (L’homme qui voulait être heureux)