La genèse du projet
Le directeur créatif du jeu vidéo « Spiritfarer » (qu’on peut traduire par « Voyageur spirituel » ou « Esprit voyageur »), Nicolas Guérin, mentionne que les histoires sont basées sur les deuils qu’il a lui-même vécus. Il voulait créer un soft qui aborde la mort d’une manière plus personnelle et intime. En faisant référence à la perte de la famille et des êtres chers.
Il a déclaré avoir visionné de nombreux documentaires sur le sujet. Mais également avoir fait des recherches dans des établissements de soins de fin de vie pendant un mois. Il a demandé au personnel de lui raconter des histoires sur des êtres chers pour aider à étoffer les personnages qui étaient déjà en préparation. Les autres membres de Thunder lotus Games (Le studio de développement canadien à l’origine du jeu) ont eux aussi contribué à l’histoire en se basant sur leur propre expérience avec la mort. Les personnages sont un mélange des différents membres de l’équipe et de leurs proches.
Bien que « Spiritfarer » aborde des sujets tels que la mort, le deuil ou encore la séparation, il le fait toujours de manière très apaisante. Ces aspects-là sont d’ailleurs relégués au second. C’est la sollicitude et l’entraide qui sont l’essence même de cette épopée émouvante.
L’histoire du jeu
Le joueur incarne Stella, une ancienne infirmière en soins palliatifs chargée d’améliorer la qualité de vie des patients atteints d’une maladie grave. Elle accompagnait ceux qui n’avaient plus beaucoup de temps à vivre et soulageait leur douleur en étant présente pour eux. Jusqu’à ce qu’elle-même apprenne qu’elle est atteinte d’un cancer et qu’elle n’en a plus pour longtemps.
L’aventure débute lorsque l’héroïne se réveille sur une barque accompagnée de son chat Daffodil. Elle y rencontre Charon, un passeur d’âme qui doit naviguer sur la mer pour trouver des esprits et exaucer leurs derniers vœux. Son but est de les emmener à l’Everdoor, une porte d’entrée vers l’au-delà. Vers le repos éternel. Bien décidé à prendre sa retraite, il décide de passer le flambeau à Stella.
C’est ainsi que la protagoniste se procure son propre bateau et commence à parcourir le monde. Elle part à la recherche d’esprits pour les aider à accomplir leurs dernières volontés, afin qu’ils puissent quitter ce monde en paix. Ils ont l’apparence d’animaux anthropomorphiques. Et tout laisse à penser (bien que cela soit évoqué de manière implicite) qu’ils sont la représentation des patients que Stella a accompagnés lors des soins palliatifs. Elle-même serait dans le coma, ou en train de rêver, avant que sonne le glas de sa vie.
Le joueur doit alors accueillir les âmes errantes sur son navire. Plus il avancera dans le jeu, plus elles seront nombreuses. Et plus il devra accomplir de tâches sur mer ou sur terre. Pour répondre à leurs besoins et veiller à leur bien-être, il devra équiper le bateau en circonstance. Il devra donc construire tout un tas de bâtiments répondant à des besoins personnels. (Maison d’hôtes, un atelier pour Atul, une ferme pour Beverly, un chalet pour Alice. Etc…) et collectifs (Jardin, métier à tisser, cuisine, scierie, verger, champ, broyeur. Etc …)
Avec les ressources cumulées tout au long de l’histoire, le joueur aura la possibilité d’améliorer les capacités du navire en le rendant notamment plus grand, dans le but de pouvoir accueillir tout ce beau monde. Les différentes bâtisses s’empilent les unes sur les autres tel un Tétris. Il est possible de les agencer selon nos envies en priorisant l’aspect esthétique ou pratique.
« Spiritfarer » est à la fois un jeu de gestion et un jeu bac à sable. Il fait appel à la curiosité et à la créativité du joueur. Pour arriver à accomplir toutes les tâches, il faudra donc faire preuve d’organisation.
Mon avis :
Cette fable poétique réussit avec virtuosité son plus grand défi, celui d’apporter une vraie réflexion douces-amères derrière des thématiques aussi violentes. Le tout de manière intelligente.
Pour cela, les développeurs ont choisi de faire évoluer les personnages dans un univers 2,5D coloré. Son style cartoonesque et ses musiques douces font qu’il est très agréable de se perdre des heures à suivre les pérégrinations de Stella et de ces esprits errants.
Le travail d’écriture a lui été réalisé avec soin, si bien qu’on finit par s’attacher aux passagers et à leurs histoires touchantes.
En plus d’être plaisant à jouer manette en main, « Spiritfarer » réveille en nous tout un tas d’émotions. Il parvient à toucher la corde sensible des joueurs avec une justesse de chaque instant. Bravo
Voir l’article précédent (5 courts-métrages sur l’anxiété sociale)