
L’introversion est un trait de personnalité inné, tandis que la timidité naît d’une peur
On confond souvent timidité et introversion, alors que ce sont deux choses très différentes. L’introversion, c’est un trait de personnalité. Une manière d’être qui ne pose pas problème en soi. Une personne introvertie se ressource en étant seule. Elle a besoin de calme pour retrouver son équilibre, et préfère généralement les échanges profonds et limités à quelques personnes plutôt que les grands groupes ou les ambiances bruyantes.
C’est une préférence naturelle, pas un blocage. Elle peut très bien apprécier les relations humaines et être très sociable, mais elle a besoin d’espace pour souffler entre deux interactions.
À l’inverse, la timidité n’est pas une préférence, mais une peur sociale. C’est un sentiment d’anxiété ou de gène qui peut être causée par la peur d’être rejeté ou jugé. Elle vient habituellement d’un manque de confiance en soi, voire d’une mauvaise image de soi.
L’introverti limite ses interactions pour son bien-être, tandis que le timide est freiné malgré lui par ses blocages. Il voudrait aller vers les autres, parler plus facilement et se sentir à l’aise… mais quelque chose à l’intérieur l’en empêche.

Ce n’est pas parce qu’on est réservé qu’on a peur des autres
L’erreur fréquente, c’est de croire que toutes les personnes calmes, discrètes ou observatrices sont timides. Ce n’est pas le cas. Beaucoup d’introvertis sont très à l’aise socialement, simplement, ils n’aiment pas forcément parler pour ne rien dire. On peut dire qu’ils préfèrent les conversations sincères plutôt que de parler pour parler. Leur silence, ce n’est pas par timidité, c’est juste leur façon d’être. Mais, il est important de rappeler qu’un nombre notable de personnes cumulent timidité et introversion.
Chez les timides, en revanche, la réserve s’accompagne souvent d’un vrai malaise intérieur.
Ce n’est pas qu’ils veulent rester à l’écart, c’est qu’ils ont peur d’être mal perçus. Parfois même, plus ils veulent bien faire, plus ils se bloquent. C’est ce qui rend la timidité si frustrante : le désir de contact est là, mais il est freiné par une peur constante de mal faire, de ne pas être à la hauteur, de déranger. Et cela crée un cercle vicieux, car plus on évite les situations sociales, plus elles deviennent inconfortables.
On peut être extraverti… et pourtant timide
Ça peut surprendre, mais oui, on peut tout à fait être extraverti et timide à la fois. Ce n’est pas contradictoire. Un extraverti timide est généralement quelqu’un de très tourné vers les autres, qui aime parler, échanger, se connecter… mais qui est freiné par une peur du jugement ou un manque de confiance. Ce sont des personnes qui ont souvent un vrai besoin de contact avec les autres, mais qui ressentent en même temps un tiraillement entre leur envie d’aller vers les gens et leurs propres peurs.
Ils vivent, pour beaucoup d’entre eux, une forme de frustration intérieure. D’un côté, ils veulent se montrer tels qu’ils sont, exprimer leurs idées et partager ce qu’ils ressentent. De l’autre, ils se sentent maladroits, pas légitimes, ou trop sensibles à ce que les autres vont penser d’eux. Ils peuvent alors alterner entre des phases d’ouverture vers les autres et des phases de retrait.

La timidité peut se dépasser, l’introversion non… et ce n’est pas un problème
C’est sans doute là que se joue la différence la plus importante. La timidité est une peur qu’on peut travailler, surmonter, voire dépasser complètement. Elle peut venir de l’enfance, d’un manque de soutien, de moqueries, ou d’un environnement familial un peu trop restrictif. Mais ça ne veut pas dire que c’est une fatalité. Avec un peu de patience, du travail sur soi, de la confiance, et parfois un peu d’aide, cette peur finit par s’effacer, jusqu’à devenir un vieux souvenir. Beaucoup de timides finissent par s’affirmer et arrivent même à être à l’aise en public.
L’introversion, en revanche, n’a pas besoin d’être corrigée. C’est un tempérament naturel. Un introverti n’a pas besoin de devenir bavard ou ultra-sociable pour aller bien. Ce qui compte, c’est qu’il se connaisse, qu’il respecte son besoin de solitude, tout en maintenant les liens qui lui sont chers. Dans une société qui valorise souvent l’extraversion, il est important de comprendre que l’introversion n’est pas une faiblesse, mais une force. Le vrai problème, c’est quand on mélange tout ça, ou quand on cherche à devenir quelqu’un que l’on n’est pas.
À titre personnel, je pense que nous avons tous une base profondément ancrée en nous, qui penche plutôt vers l’introversion ou son contraire. Quelque chose qu’on ne choisit pas et qu’on ne peut changer. Pour autant, cela n’empêche pas d’avoir plusieurs facettes, ou même plusieurs “personnalités” qui s’expriment selon les contextes. Même une personne introvertie de nature, peut, par moment, se montrer extravertie.
Voir l’article précédent : (Les origines de l’anxiété sociale)
